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Bande dessinée -> Humour |
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Le Jour le plus long du futur | | | Lucas Varela Le Jour le plus long du futur Delcourt - Shampooing 2015 / 14.95 € - 97.92 ffr. / 112 pages ISBN : 978-2-7560-6344-7 FORMAT : 16,5x23 cm Imprimer
Après le bouillonnant et bavard Paolo Pinocchio, dont on ne se lasse pas, et après le tout aussi mouvementé Diagnostics, Lucas Varela présente cette bande dessinée muette, récit de science-fiction forcément un peu loufoque.
Ce quon apprécie chez Lucas Varela cest dabord son graphisme impeccable : ce dessin qui semble couler dun trait pur, jolie ligne claire simple et fluide avec ces petits détails qui dynamisent lensemble. Le genre de dessins qui a lair si facile et qui pourtant a traversé beaucoup dembuches avant den arriver là. Ce trait associé à une jolie combinaison des couleurs, et voilà tout un univers impeccablement maîtrisé.
La science-fiction de Varela , cest le Moebius du cycle dEdena qui aurait trempé dans du bain moussant au parfum de fraise. On y trouve des architectures urbaines fantastiques, des robots boîte de conserve costauds, des tentacules envahissants et des héros qui nen sont pas. La lumière rose orangée qui baigne lensemble apporte une sorte de mélancolie du soir à ce monde violent et dérangé. Cest que, refrain connu, le futur nest pas beau à voir. Tout y est uniformisé, aseptisé, régenté, surveillé. Tout le monde ressemble à personne, Big brother is watching you et il nen perd pas une miette. Il vous dit même ce que vous devez manger puisque, dans ce monde si loin si proche, tout semble tourner autour de laffrontement entre deux grandes marques de nourriture : ça nest plus du marketing mais une véritable guerre et cest la ville entière qui en subit les conséquences.
Dans ce monde cauchemardesque, un grain de sable va évidemment semer la pagaille, en loccurrence un être venu don ne sait où, doté dune mallette qui ouvre sur dautres dimensions et peut vous offrir, avec un peu de chance, ce qui vous tient le plus à cur. Car dans ce futur tristounet et agressif, on songe forcément à un idéal
Mais même lorsque celui-ci semble enfin atteignable, réalisable, il est accompagné dune cruelle déception. Il ny a plus déchappatoire et, comme dans Brazil, si lillusion et le rêve restent certes denviables portes de sortie, le cauchemar nest pas loin lorsquon réalise finalement que lon est en train de rêver.
Lucas Varela élabore son récit en passant dun personnage à un autre, les différents fils finiront bien par se rejoindre et former un tout cohérent. Labsence de mots nest pas un problème pour lauteur qui maitrise parfaitement la narration, aidé en cela par les clichés de lunivers SF quil met en place. La monotonie de la bande dessinée muette est ici contrebalancée par un sens du rythme et de laction : des scènes daction dynamiques et rigolotes où les rayons lasers traversent les cases dans un jeu de billard insolite, brisent ainsi le traditionnel gaufrier de la page. Histoire de montrer que, même si le livre nest pas forcément drôle, tout ça nest en définitive quune charmante blague.
Alexis Laballery ( Mis en ligne le 06/05/2015 ) Imprimer
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