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Bande dessinée -> Humour |
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Les blaireaux de sept ans | | | Cuadrado Parker & Badger (n°5) - Mon frère, ce blaireau Dupuis 2007 / 8.50 € - 55.68 ffr. / 48 pages ISBN : 978-2-8001-3875-6 FORMAT : 29,7x21,5 cm Imprimer
Parker & Badger, ou les aventures de deux blaireaux. Le second selon la zoologie reconnue, le premier selon lavis de toutes ses connaissances. Gaffeurs et malchanceux, ils forment un duo de choc ; un choc qui se matérialise souvent par le contact entre le crâne de Parker et toutes sortes de structures métalliques, de sorte que les aventures se terminent régulièrement dans des services médicaux. Puis, quand ils ont réglé les frais dhôpital, ils doivent encore payer le loyer de monsieur Garcia. Dès lors, leurs emploi du temps se résume à deux activités : convaincre le dit monsieur Garcia de leur accorder un délai supplémentaire et gagner quelque argent dans un petit boulot, en général ceux que leur confie la mairie comme agents de surface. Dur. Heureusement, il y a aussi des bonnes choses dans la vie, comme les pizzas, la télé et Clarisse, la jolie fille que Parker arrivera un jour à séduire, cest sûr.
Dans ce volume, peut-être pour se rapprocher de ses lecteurs de Spirou et du Journal de Mickey, Cuadrado commence aussi à nous raconter lenfance de ses héros, aux prises avec les terreurs des cours de récré, les anniversaires des copines et les photos de famille. On découvre les parents de Parker et léducation de Badger. Linitiative a le mérite de renouveler un univers qui commençait à tourner un peu en rond, mais ne suffit pas pour créer une nouvelle dynamique de gags. La série semble se perdre dans la filiation des modèles classiques de lenfance, Peanuts, Titeuf ou Calvin et Hobbes, sans se fixer sur un ensemble cohérent. Lobjet ne se focalise pas encore au sein dune bande de garnements dissemblables, où lon retrouve aussi Norma, lautre héroïne du dessinateur.
Cest dautant plus dommage que lunivers était un des points forts de Parker & Badger. Cuadrado nappuie pas ses gags sur une mécanique imparable, mais plutôt sur des sketches dune planche, définissant sans discontinuer les simples relations entre ses personnages. Il parvient ainsi, dans le meilleur des cas, à des mises en scène absurdes où le comique de situation se mêle au comique de caractère. On souffre alors avec ces pauvres héros victimes de linjustice du monde. Est-ce vraiment de la faute de Parker si monsieur Garcia passe sous leur fenêtre à linstant précis où il lâche la poubelle pour ne pas perdre de temps au milieu du film ? Y est-il pour quelque chose si un taureau lui fonce dessus alors quil cueille des pâquerettes pour Clarisse ? À la fois Guignol et gendarme, il est le héros et celui qui prend les coups.
Ce monde nétait peut-être pas fait pour la gentillesse enfantine. Quand Parker et Badger soccupe dun vieil homme atteint de la maladie dAlzheimer, le cynisme du gag prend un petit air dimpertinence réjouissant. Quand ils se disputent à sept ans entre frères adoptifs, la tendresse nest plus très loin de la niaiserie. Heureusement, Cuadrado se laisse le droit de faire exploser le Père Noël en une « grosse pâtée rouge ». Pour Parker, lalbum se finira forcément devant larmoire à pharmacie.
Clément Lemoine ( Mis en ligne le 10/04/2007 ) Imprimer | | |
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