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Bande dessinée  ->  Humour  
 

Tout va mal
Roger Widenlocher    Brett   Achille Talon (tome 44) - Tout va bien !
Dargaud 2000 /  8.4 € - 55.02 ffr. / 46 pages
ISBN : 2-205-04914-3
FORMAT : 23 X 30
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Alors voilà, Achille Talon est de retour. On croyait Greg mort, et tout semble indiquer qu’on ne se trompe pas. Il est pourtant presque impossible de distinguer le graphisme du nouveau dessinateur (qui a commencé sa carrière en 1972) de celui du papa de Talon. Etonnant hommage que celui qui consiste à prouver que le style du mort est aussi facilement interchangeable. Mais la raison éditoriale a ses raisons que la raison ne connaît pas. Alors voilà, Achille Talon est de retour... et c’est un cauchemar pour le chroniqueur. Que dire d’une série qui n’a pour raison d'être que de parler déjà d’elle-même ? Talon, c’est la tautologie faite homme (enfin, personnage) : il pense qu’il pense, il vit pour être Achille Talon et il impose à son univers une réduction à son moi (enfin à son lui-même) - qui est certes démesuré, mais qui depuis une quarantaine d’albums finit par tourner un peu en rond.

La grande finesse de Greg avait été de créer un personnage ubiquiste, qui était à la fois un héros de BD mais aussi son propre commentateur. Achille Talon, par son regard critique sur la BD, permettait une mise en abyme amusée de son art. A cet égard, Talon pourrait passer pour un héros gidien : comme Gide se grisait de cette mise en abyme qu’il analysait dans les tableaux de Van Eyck, Talon réduisait la BD en un jeu sans fin sur ses codes (cf. par exemple un titre aussi révélateur que l'ABC de la BD). Le problème, avec Gide, outre le fait qu’il fut le plus grand écrivain de son temps, c’est l'incroyable stérilisation qu’il a infligée à la littérature. Avec Talon, le problème s’est renversé: Talon est de plus en plus bavard, et tout laisse craindre qu’avec deux géniteurs il sera de plus en plus prolixe.

Et pourtant, tout semble se passer comme si rien n'avait changé : les mêmes faire-valoir entourent toujours l'homme au gilet jaune, les mêmes débauches d'effets de manche verbaux plombent encore plus, si c'est possible, les tartines de texte dont il ne cesse de se régaler. Mais finalement, ces efforts d’embaumement finissent par paraître sympathiques en regard des tentatives de ravalement de la façade. Y a-t-il plus exaspérant que cette volonté forcenée de vouloir faire jeune ? Ni l'âge des auteurs, ni celui des lecteurs de Talon -j'affirme qu'aucun gamin aujourd'hui n’achète d'albums de Talon- n’excuse cette faute de goût. Le résultat est parfois cocasse (la rencontre d'un téléphone portable et du blair de Talon), souvent exaspérant, à l'image de cette obsession pour les graffitis orduriers. Gageons qu’avant peu nous aurons droit à des scènes de fesses entre Achille et Virgule… Finalement, entre nombrilisme et vulgarité bien élevée, plus qu'à Gide, c'est à Madonna que ce Talon-là fait penser.

Fort méchamment, Yves Chaland disait que Greg était à Tillieux ce que la chicorée était au café. Que reste-t-il à ses héritiers ? Les pissenlits ?


Nicolas Balaresque
( Mis en ligne le 23/10/2000 )
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