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Bande dessinée  ->  Illustrations, graphisme et dessins d’humour  
 

Ghostbuster
Enki Bilal   Les Fantômes du Louvre
Futuropolis Musée du Louvre 2012 /  25 € - 163.75 ffr. / 25 pages
ISBN : 978-2-7548-0819-4
FORMAT : 24x30 cm
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On le sait, les musées, comme les vieilles maisons, sont le refuge des fantômes. Le Louvre en abrite un célèbre, Belphégor, mais Enki Bilal s’est mis en tête d’en dénicher une vingtaine d’autres : esprits errants dans les salles mais surtout attachés à des œuvres du musée.

Ce nouveau livre issu du partenariat entre les éditions Futuropolis et le Musée du Louvre se distingue des autres de la même collection sur deux points: tout d’abord, il ne s’agit pas d’une bande dessinée mais d’une suite de portraits peints par Bilal, et ensuite, l’un va avec l’autre, c’est un catalogue d’exposition. Enki Bilal a en effet investi une salle du musée pour présenter ses 23 toiles. On peut imaginer que le nom de Bilal et le fait que des toiles soient plus propices à une exposition que des planches de bande dessinée, aient ouvert plus facilement l’accès au dessinateur aux salles du prestigieux musée. On appréhendera donc ce livre de manière différente en n’oubliant jamais que les images présentées, imprimées (même parfaitement, on peut faire confiance à Futuropolis) ne vaudront jamais l’expérience en direct. Il faut aller voir cette exposition, originale et singulière.

Présentons le travail de Bilal pour cet événement : l’artiste s’est promené dans les salles du Louvre, prenant des photographies d’œuvres. Il en a sélectionné 23, chefs-d’œuvre incontournables (la Joconde, la Victoire de Samothrace…) ou autres pièces plus confidentielles (une nature morte de Snyders), pour ensuite retravailler dessus (la photo étant tiré sur de la toile) au pastel et à l’acrylique. Son but est de faire sortir autre chose de ces photos, une présence, un fantôme. Quelque chose qui surgirait entre l’œuvre et son spectateur Tel un photographe spirite, Bilal met ainsi à jour les esprits qui se cachent derrière tel tableau ou sculpture.
Les fans de Bilal, nombreux on le sait, ne seront pas dépaysés : on est ici en terrain connu : personnages androgynes, pas l’envie de rigoler, cheveux, bleus, lèvres bleues, peau blanche… le style ne bouge pas. L’une des œuvres choisies est la Jeune orpheline au cimetière de Delacroix, tableau magnifique captant une expression faite à la fois de douleur et de dépit. Les fantômes de Bilal partagent tous plus ou moins cette même émotion, le regard vide et vague, la moue molle et ce triste sentiment d’avoir tout perdu.

Et ces échappées d’ectoplasme restent spectaculaires. C’est que les fantômes de Bilal ont eu une vie terrestre difficile, éprouvante, se finissant constamment en tragédie, d’où leur statut d’esprit errant. C’est la seconde partie du travail de l’artiste, à savoir un texte biographique retraçant le parcours de chacune de ces personnes avant leur trépas. On suit ainsi les vies de Caius Livius Maximus, Aloyisias Alevratos ou encore Lantelme Fouache. Des noms à coucher dehors pour des vies assez mouvementées : empoisonnement, suicide, empalement, viol, infanticide… ce Louvre-là refroidirait bon nombre de touristes.

De la bande dessinée, Bilal a gardé le goût du récit ; en cela ses textes racontent une histoire, un parcours. Mais pourtant, le mariage ne se fait pas totalement et on peut le penser, les portrait se suffisent à eux-mêmes : les textes de Bilal sont le plus souvent pesants et boursouflés et n’apportent rien à l’image. Des pointes d’humour parsèment ces textes mais, on le sait, Bilal et l’humour… Au contraire, les visages peints (à voir en vrai, rappelons-le…) vous explosent à la tête et vous agrippent. Tout en transparence, ils émergent de la photo avec une imposante beauté. Bilal fait de la 3D sans lunettes, de la photographie médiumnique en peinture. C’est une galerie à la fois belle et monstrueuse, d’une qualité technique irréprochable, à la fois onirique et éblouissante. Traquer les fantômes dans un musée revient à faire vivre d’une nouvelle manière ces œuvres ; montrer que l’intérêt porté a des sculptures vieilles de1000 ans provient du fait qu’il y a toujours quelque chose de vivant en elles, un éclat, une émotion, une vibration. En travaillant ainsi sur ce passé, ces histoires perdues, Bilal rend plus intense notre présent.


Alexis Laballery
( Mis en ligne le 19/01/2013 )
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