L'actualité du livre Mardi 16 avril 2024
  
 
     
Le Livre
Bande dessinée  ->  
Comics
Manga
Historique
Réaliste
Fantastique
Science-fiction
Policier - Thriller
Aventure
Humour
Adaptation
Jeunesse
Les grands classiques
Chroniques - Autobiographie
Revues, essais & documents
Entretiens
Illustrations, graphisme et dessins d’humour
Autre

Notre équipe
Littérature
Essais & documents
Philosophie
Histoire & Sciences sociales
Beaux arts / Beaux livres
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Bande dessinée  ->  Illustrations, graphisme et dessins d’humour  
 

Ever pour toujours !
Ever Meulen   Verve
Editions de l'An 2 2006 /  37 € - 242.35 ffr. / 207 pages
ISBN : 2-84856-053-3
FORMAT : 22,5 x 28 cm
Imprimer

Illustrateur internationalement reconnu, travaillant notamment pour The New Yorker et l’hebdomadaire flamand Humo, Eddy Vermeulen, dit Ever Meulen, publie aujourd’hui ce superbe ouvrage, rétrospective de ses dix-sept dernières années de travail, de 1988 à 2005. Les dessins ont été sélectionnés par l’auteur lui-même, qui s’est aussi chargé de soigneusement maquetter le tout. Affiches, couvertures, timbres, pochettes de disque, motifs pour vitraux, esquisses… le génie graphique d’Ever Meulen s’exprime dans tous les formats et ce recueil, rempli à ras bord d’images, montre comment l’illustrateur belge cherche sans cesse à se renouveler - thématiquement et graphiquement – tout en imprimant à chacune de ses œuvres une patte unique et immédiatement reconnaissable. Ces vingt dernières années, le trait de Meulen a clairement évolué, traquant dorénavant la stylisation extrême des formes et une plus grande simplification de la ligne. C’est donc cette période faste qui se dévoile ici, au sein d’un ouvrage en tout point remarquable, du choix des dessins jusqu’à l’impression finale (sur trois papiers différents !).

Chaque dessin de Meulen est une petite fête, un feu d’artifice graphique où beaucoup d’éléments rentrent en jeu, chacun participant d’une manière ou d’une autre à ce divertissement pictural fourmillant d’idées. Il y a toujours quelque chose à voir en plus. Un simple regard ne suffit pas à épuiser ces dessins qui recèlent en eux de nombreux détails, images gigognes qui s’emboîtent et se répondent les unes les autres. Au premier abord pourtant, un dessin de Meulen reste d’une clarté absolue. Usant de la ligne claire avec brio, ses motifs et personnages sont immédiatement appréhendés, et le décor qui les contient est sans hésitation reconnu. Mais si le fantôme de Hergé et de Jacobs planent derrière toute l’œuvre de Meulen, ils ne sont pas les seul à hanter l’artiste qui fait s’évader cette ligne claire vers des contrées moins paisibles et quelque peu plus agitées. Meulen privilégie les diagonales et délaisse les horizontales trop sages, les plans s’inclinent, et dessus glissent les multiples points de fuite. Il y a du cubisme derrière cette stylisation constante des silhouettes. Et cet amour des formes géométriques et des angles pointus compose peu à peu, dans une drôle d’interaction, un nouveau lieu de vie graphique, un endroit foisonnant et mouvementé. Comme une composition de jazz qui serait transposée sur papier : autour d’un thème principal, les improvisations se multiplient et désarçonnent un temps le spectateur avant de le laisser finalement retomber sur ses pieds, et retrouver le fil principal qui mène la partition.

Meulen s’amuse des mondes qui ne peuvent normalement cohabiter, comme chez Magritte, cité directement dans quelques dessins, ou même M.C. Escher. Avec ce dernier, Meulen partage le goût des figures impossibles et des transformations étonnantes : un bras devient branche, une table est le haut d’un escalier, le plafond est aussi le sol… Et surtout, Meulen, comme Escher, réfléchit sur la représentation en trois dimensions sur une surface plane. Pour cela, il fausse les perspectives, les plans se chevauchent et se contredisent, le fond devient le devant, les lignes de fuite se contredisent. Perte des repères qui ne se découvre que lorsque le spectateur commence à scruter l’image de plus près, comme pour mieux le captiver après l’avoir attirer.

Car tout ce travail se fait bel et bien dans un même esprit facétieux. Les images de Meulen ne sont pas des pièges diaboliques qui enfermeraient le spectateur, mais bel et bien des jeux se déroulant dans un univers léger, coloré et toujours joyeux. On y chante et on y danse souvent. Les personnages semblent de perpétuels grands distraits qui évoluent au centre d’un monde absurde et déraisonnable avec une constante tranquillité. Et si l’humour est constamment présent, il n’est jamais méchant ou moqueur, mais rempli de tendresse et d’un gentil amusement. C’est une poésie douce et plaisante qui anime les dessins d’Ever Meulen, et chaque page de cet ouvrage est une parfaite démonstration de l’équilibre parfaitement tenu entre espièglerie et réflexion profonde sur la représentation du monde.

Le livre comprend en outre un avant-propos d’Art Spiegelman (Ever Meulen a participé à Raw ainsi qu’à Little Lit), un texte de Thierry Groensteen qui revient sur quelques thèmes et « trucs » chers à Meulen (la surface, le cadre dans le cadre, et ces fameuses images à tiroirs), et enfin un article très éclairant de Bart De Keyser sur l’esthétique même de Meulen.


Alexis Laballery
( Mis en ligne le 13/02/2006 )
Imprimer
 
SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

 
  Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
Site réalisé en 2001 par Afiny
 
livre dvd