| M. Xabi Olivier Thiébaut L'Invention des oiseaux à plumes - Et autres fables en boîtes Sarbacane 2006 / 17.50 € - 114.63 ffr. / 33 pages ISBN : 2-84865-123-7 FORMAT : 29,0cm x 29,0cm Imprimer
Il ne sagit pas dans cet ouvrage seulement dinventions scientifiques ayant défrayé la chronique dun autre temps, mais dinventions tout court : de celles qui nous viennent à lesprit à propos de tout et de rien. Seize sujets aussi communs que laspirateur, le robinet et la roue, ou encore la baleine, la poule et le loup, sont abordés par les auteurs qui nous expliquent, images à lappui, comment les choses et les animaux qui nous entourent sont devenus ce quils sont un peu à la manière dont un Kipling, dans les Histoires comme ça, nous explique comment le chameau eut sa bosse.
Certaines de ces fables commencent comme il se doit, surtout lorsquil sagit de loups, par «il était une fois», mais la plupart sont introduites par «Avant». Comme celle concernant les oiseaux : «Avant, les oiseaux polluaient beaucoup. Il y avait des oiseaux à moteur, des oiseaux à huile et des oiseaux à hauts-fourneaux. A cause d'eux, le ciel était tout le temps noir et nuageux. Alors, dans une usine à oiseaux, un ingénieur eut l'idée de faire des oiseaux qui ne polluaient pas. Des oiseaux cent pour cent naturels». Exposition limpide pour arriver à «ce quil fallait démontrer» : «Et cest ainsi quil y eut des oiseaux avec des plumes».
Ces fables démonstratives, dont les «CQFD» tiennent lieu dapologues, nous apprennent comment «les poissons ne devinrent pas les êtres les plus inventifs du monde» ou pourquoi «les roues carrées furent oubliées dans un grand placard à mauvaises idées, avec les chapeaux de verre et les savons qui dansent».
Xabi M. (François-Xavier Molia), qui est plus connu pour ses romans (Fourbi, Supplément aux mondes inhabités, Le Contraire du lieu) que pour ses albums «jeunesse», nous avait pourtant déjà emmenés lan dernier dans un beau voyage imaginaire au royaume de Léon Flibuste, roi dune «très petite île», où les gens ont peu de mots. On se souvient alors de logre Saturnin, qui se nourrissait de «grands mots» et de «beaucoup de mensonges»
Faut-il donc douter que cette fois encore lauteur ne nous dise pas la vérité ? Est-ce bien vrai qu«avant les poules avaient tout le temps froid» ? Qu«avant les zèbres étaient rouges et très libres» ? Qu«avant [encore et toujours] les dictionnaires racontaient nimporte quoi» ? Quimporte tout cela puisqu«on se mit à faire des romans». Cest bien dimaginaire quil sagit, et limaginaire ne ment jamais, il invente.
Xabi M. nauraient pu trouver meilleur comparse quOliver Thiébaut pour montrer au regard ces histoires de mots. Car tous deux sont piqués de surréalisme ! Le surréalisme des débuts, celui des bric-à-brac, des boîtes à fatras et des collages loufoques. Et justement, Olivier Thiébaut a «20 ans de boîtes» à fatras derrière lui : il trouve, collectionne, additionne, superpose les objets les plus insolites et les plus communs, dans des boîtes qui servent de scènes à une théâtralisation du quotidien. Voilà un album qui plaira à tous ceux qui aiment la poésie des mots et des images, mais encore lhumour, car cet album en est plein. Nous saluons aussi lexcellent travail des photographe et maquettiste de cet ouvrage, qui participe à la réputation des éditions Sarbacane.
Rachel Lauthelier-Mourier ( Mis en ligne le 24/10/2006 ) Imprimer | | |