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Une vie de princesse
Lois Lowry   Le Bal d'anniversaire
Ecole des loisirs - Neuf 2011 /  11 € - 72.05 ffr. / 223 pages
ISBN : 978-2-211-20337-1
FORMAT : 12,5cm x 19cm

Agnès Desarthe (Traducteur)
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Lois Lowry (http://www.loislowry.com), américaine née en 1937, est un des grands auteurs jeunesse de sa génération. Elle a commencé à écrire pour la jeunesse en 1977. Toutes les petites américaines ont lu (et adoré !) la série des Anastasia (publiés par l’Ecole des loisirs dans la collection ''Neuf'') ou encore les aventures de son infernal petit frère : Toute la vérité sur Sam. N’oublions pas les Willoughby, histoire «vieux jeu» selon Lois Lowry, dans laquelle elle s’amuse à reprendre codes et personnages de la littérature enfantine du XIXe siècle : orphelins, adultes méchants, etc. Le tout donne un roman extrêmement réjouissant sur fond d’affrontement sans merci entre parents indignes et enfants inventifs. Son roman jeunesse le plus connu est Le Passeur (1993, The Giver), roman d’anticipation sur une société dont les membres ne ressentent aucune émotion et dans laquelle toute liberté a disparu. Lois Lowry a reçu de nombreux prix et en particulier la prestigieuse Newbery Medal qui récompense aux États-Unis des ouvrages jeunesse. Elle fait partie des auteurs étrangers que l’Ecole des loisirs a fait connaître en France.

La maison d'édition avait invité Lois Lowry et sa traductrice Agnès Desarthe (elle aussi romancière et auteur jeunesse) à dialoguer dans le cadre d’une journée d’étude : ''Les Adolescents à la bibliothèque''. A l’occasion de la publication en français de son dernier ouvrage jeunesse, Le Bal d’anniversaire, Agnès Desarthe a écrit la biographie de Lois Lowry, dans la série ''Mon écrivain préféré'' que l’on peut se procurer gratuitement sur le site de l'éditeur (voir notre lien ci-dessous). Un ouvrage délicieux à lire, avec de nombreuses photos de Lois Lowry qui garde aujourd’hui encore le regard malicieux et joyeux de la petite fille qu’elle n’a jamais cessé d’être. Agnès Desarthe ouvre des fenêtres sur Lois Lowry, parcourant des moments de sa vie, ses choix, ses convictions, sans ordre chronologique, pour terminer par une présentation de l’auteur faite par ses différents personnages.

S’il ne fallait trouver qu’un thème dans une œuvre abondante, ce serait celui du profond sentiment qui anime Lois Lowry d’être reliée à l’humanité ; elle n’a d’ailleurs écrit que deux ouvrages dont les héros ne sont pas des humains (pour l’un des chiens, pour l’autre des souris). Ce qui la dépeint le mieux est sans aucun doute l’anecdote par laquelle commence cette petite biographie jubilatoire : elle assistait à une cérémonie dans un collège du Maine en 1978, et le proviseur vantait dans son discours à des élèves de troisième leur chance : le plus bel âge de la vie, une vie qu’il comparait à un match de foot… Lois Lowry lorsqu’elle fut invitée à monter sur l’estrade et à s’exprimer - premier discours officiel de sa vie ! - exprima avec force son désaccord avec le discours convenu du chef d’établissement : dans ses souvenirs, les années de troisième sont d’un beige terne et en aucun cas dorées ! La vie n’est pas un match de foot au contraire : pas d’arbitre, «il n’y a pas non plus de supporters, et, la plupart du temps, pas d’équipe. Dans la vie, on est seul», «la seule chose dont je me souvienne, c’est de la jalousie folle que j’éprouvais pour une fille de ma classe Bonnie Forsythe, parce qu’elle avait d’énormes seins et pas moi». Discours accueilli avec intérêt par les élèves et une hostilité glaciale par les adultes ! Mais Lois Lowry se résume bien dans cette anecdote : elle considère les jeunes comme un public à part entière, qui mérite d’être respecté et à qui l’auteur doit la sincérité. Aussi aborde-t-elle des thèmes difficiles : la liberté dans Le Passeur, la guerre et la déportation dans Compte les étoiles.

Le Bal d’anniversaire lui a été inspiré par sa petite fille si heureuse d’avoir reçu en cadeau une vraie tenue de princesse, et qui en endossant la tenue se comportait en princesse ! C’est tout le drame de Patricia Priscilla, fille unique d’un roi amateur de papillons et d’une reine sans aucun doute bienveillante (la plupart des mères des héros de Lois Lowry le sont, à l’exception des horrible parents Willoughby…), mais sourde, ce qui entraîne une distance inévitable et des dialogues fondés sur le malentendu. Or Patricia, choyée mais solitaire, avec ses parents si peu présents, s’ennuie dans son château alors que s’approche à grand pas la date fatidique de son anniversaire : ce jour-là, elle aura 16 ans et devra accomplir son métier de princesse, épouser un prétendant.

Les prétendants sont conviés selon les rites, tous plus repoussants les uns que les autres : le duc Desmond de Dyspepsie, laid à pleurer, le prince Percival de Pustule qui n’a qu’un objet d’admiration dans la vie, lui, les comtes Colin et Cuthbert, frères siamois qui se détestent et sont cependant contraints à une cohabitation haineuse. Lequel emportera la jolie Patricia ? Pour reculer légèrement l’échéance fatale, Patricia revêt la robe d’une de ses femmes de chambre et se fait passer pour une jeune manante à l’école du village, l’occasion de découvrir la «vraie vie». Dans cette école le maître, Rafe, est bien séduisant. Le bal aura lieu mais…

Lois Lowry se joue avec malice des codes des contes, la fin est heureuse pour chacun des personnages et le plaisir du récit vient des deux niveaux de lecture : la narration que l’on pourrait dire «classique» de la vie de Patricia et sa rencontre avec son prince charmant, et le décalage constant du récit : tous les passages obligés sont présents mais aucun n’est abordé de façon traditionnelle. Chacun joue avec conviction son rôle, sans en être, au fond, si dupe.

Vers 9 ans.


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 19/10/2011 )
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