| Dounia Bouzar Ma meilleure amie s’est fait embrigader La Martinière - Jeunesse 2016 / 14.50 € - 94.98 ffr. / 235 pages ISBN : 978-2-7324-7512-7 FORMAT : 14,0 cm × 20,5 cm Imprimer
Un roman à deux voix pour évoquer une grave question actuelle : la radicalisation dadolescents de culture musulmane ou non, qui mettent leurs espoirs dans un Islam radical, et tentent de se mettre au service de Daech. En exergue, un poème de Meïli, 15 ans, qui a essayé de partir en Syrie : «Je suis une enfant perdue, je me sens exclue de votre monde. Laissez moi rêver le mien
».
Le livre est écrit à deux mains sous la forme de témoignages ; en haut de chaque page, en gros, le nom de la narratrice. Sarah ouvre le récit avec un prologue : «Camille était ma meilleure amie. On faisait tout ensemble».
Les deux amies sont en terminale S, Sarah est dorigine marocaine, avec des parents cadres supérieurs et tolérants. Les choses sont moins simples lorsquelle retourne au pays et affronte sa grand-mère et ses tantes
Cest une adolescente un peu ronde qui adore le Nutella, vit ses premiers flirts. Camille, elle, est toute mince, fille unique aussi, de parents dorigine catholique ; ses premières phrases : «Jaurais voulu aller en lycée privé mais mes parents étaient contre, surtout ma mère. Elle bosse dans la pub, et mon père dans la finance, mais moi, je dois rester «mélangée». Très bien
». Dans son lycée «mélangé», Camille sennuie, les autres fument du shit, les garçons draguent les filles : «on dirait un troupeau de moutons». Sa seule amie, cest Sarah.
Mais un jour, à loccasion de recherches sur internet pour un exposé sur «Le système productif alimentaire», Camille, de site en site, entre de plain pied dans les théories du complot et rencontre un certain Abucobra Al-Fransi qui lendoctrine. Elle se joint à un groupe «damis» sur la toile, partage ses impressions avec des filles porteuses de hidjab, et elle-même se voile dès quelle est hors de vue de ses parents ou de Sarah. Car Abucobra Al-Fransi la prévenue : désormais tous sont ses ennemis, ils voudront sopposer à ce quelle vive sa vraie foi, refuseront sa conversion à lislam, interdiront son projet de départ vers la Syrie.
Prise dans cet engrenage, Camille suit aveuglément les consignes données sur internet, refuse les remarques de Sarah dont elle considère quelle est une mauvaise musulmane, et davantage encore celles de ses parents, vus comme des mécréants. Sortira-t-elle de cet enfermement ?...
Le propos de Dounia Bouzar (anthropologue de formation, qui a beaucoup occupé la scène des médias en intervenant dans la lutte contre la radicalisation) est dutiliser le roman pour sensibiliser une clientèle jeune à la radicalisation, davertir sur les signes discrets chez les jeunes séduits.
Vers 14/15 ans et jeunes adultes.
Marie-Paule Caire ( Mis en ligne le 25/05/2016 ) Imprimer | | |