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Les ''bonnes feuilles'' du Général
Jean-Luc Barré   Devenir de Gaulle. 1939-1943
Perrin - Tempus 2009 /  11 € - 72.05 ffr. / 601 pages
ISBN : 978-2-262-03074-2
FORMAT : 11cm x 18cm

L'auteur du compte rendu : Archiviste-paléographe, docteur de l'université de Paris I-Sorbonne, conservateur en chef du patrimoine, Thierry Sarmant a publié Les Demeures du Soleil, Louis XIV, Louvois et la surintendance des Bâtiments du roi (2003), Vauban : l'intelligence du territoire (2006, en collaboration), Les Ministres de la Guerre, 1570-1792 : histoire et dictionnaire biographique (2007, dir.).
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Depuis le magistral De Gaulle de Jean Lacouture, on sait à quel point les années de la France libre et de la France combattante ont été pour leur chef une lutte de tous les instants, non seulement contre l’occupant et le régime de Vichy, mais aussi et peut-être surtout contre les alliés anglais et américains et contre les tendances adverses ou dissidentes parmi les Français demeurés ou rentrés dans la guerre.

Par rapport au premier volume de la trilogie de Jean Lacouture, Jean-Luc Barré apporte sur ces sujets des développements appréciables. Il utilise en effet des ouvrages et des souvenirs encore inédits au commencement des années 1980. Il exploite aussi des pièces auxquelles ses devanciers n’ont pu avoir accès. La plus importante est sans conteste le manuscrit des Mémoires de guerre du général, corrigé et annoté de sa main, dont nous sont livrés bon nombre de «coupes» et de «repentirs». Le grand œuvre littéraire de Charles de Gaulle apparaît ainsi pour ce qu’il est : une entreprise de réécriture de l’histoire, qui tantôt gomme et tantôt surligne, sans souci excessif de l’exactitude des faits. Bref, un matériau à utiliser avec une extrême prudence, à l’image des Mémoires de Saint-Simon ou du Mémorial de Sainte-Hélène. Les «pépites» n’en sont pas moins nombreuses dans le premier ou le second jet. À propos de Pétain : «moi qui l’ai bien connu et si souvent servi». À Paul Reynaud, à la veille de son investiture, le 22 mars 1940 : «Qu’on vous donne donc la confiance entière. Sinon, qu’un autre réponde à ce qui va arriver». En 1941, dénonciation des «jalousies et ambitions britanniques» ; en 1943, le général Giraud réduit au statut d’«honorable accessoire», etc.

À côté du manuscrit des Mémoires de guerre, Devenir de Gaulle doit nombre de ses «bonnes feuilles» aux documents extraits des archives du chef de la France libre. Cette fois, ce n’est plus le général qui parle ou écrit, mais ses collaborateurs immédiats, dont le style est souvent plus violent. Dès juin 1940, le prestigieux général Noguès, résident général au Maroc, est défini comme un «homme sans caractère et sans conviction», «qui n’a qu’un but – conserver sa place». En 1941, un mémorandum décrit l’amiral Darlan comme un «politicien et intriguant plutôt que marin», le garde des sceaux Alibert comme un «juriste qui souffrait depuis plusieurs années d’une ‘constitution rentrée’». En 1942, René Capitant dépeint Giraud, «médiocre cervelle (…) conseiller d’offensive présomptueux, stupide (…) maintenant revanchard hâbleur et factieux dangereux».

Ce qui ressort, c’est à la fois la fragilité de la position de l’homme du 18 juin et sa parfaite intransigeance. Dépendant des Britanniques, il leur livre une guerre d’usure jusqu’à dresser contre lui Winston Churchill. Antipathique à Roosevelt et au département d’État, il refuse les transactions qui lui sont demandées avec les Français qui n’ont pas rejoint son camp de prime abord. En 1942 et 1943, certains responsables anglo-saxons en viennent à projeter de le «débarquer» pour le remplacer par une personnalité plus malléable. L’intransigeance n’est pas moindre vis-à-vis des Français ralliés ou non à sa cause. Jean-Luc Barré apporte ainsi de nouveaux éléments sur la scission entre De Gaulle et l’amiral Muselier en 1941 et 1942, sur ses rapports parfois tendus avec le général Catroux, qui s’est pourtant dévoué à lui, sur la lutte pour le pouvoir qui oppose De Gaulle à Giraud en 1943.

Défenseur autoritaire des principes démocratiques, le Connétable indispose autant qu’il fascine. Pierre Brossolette le met en garde : «Il y a des sujets sur lesquels vous ne tolérez aucune contradiction, aucun débat même. Dans ce cas, votre ton fait comprendre aux interlocuteurs qu’à vos yeux leur dissentiment ne peut venir que d’une sorte d’infirmité de la pensée ou du patriotisme». C’est dans les années de guerre que se nouent contre lui nombre d’hostilités définitives qui le poursuivront jusqu’au terme de sa vie, comme celle d’un François Mitterrand.

Disons un mot pour finir des sources exploitées par Jean-Luc Barré : «les archives privées et inédites du général de Gaulle», auxquelles il a accédé avec l’autorisation de l’amiral Philippe de Gaulle. «Inédites», elles le sont sans aucun doute ; «privées», en aucun cas. Seuls peuvent être considérés comme ayant un caractère privé le manuscrit des Mémoires de guerre et la correspondance du général avec sa famille ou ses intimes. Pour le reste, ce n’est que par un abus contraire à tout droit que ces documents sont traités comme des papiers privés. Les pièces citées attestent qu’il s’agit pour les neuf dixièmes de documents intrinsèquement publics, produits ou reçus par le général dans ses activités de chef de la France libre puis de la France combattante.


Thierry Sarmant
( Mis en ligne le 12/01/2010 )
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