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Quand le Bien pourchasse le Mal
Thomas Harding   Hanns et Rudolf
Flammarion - Champs 2016 /  9 € - 58.95 ffr. / 420 pages
ISBN : 978-2081347434
FORMAT : 10,8 cm × 17,8 cm

Isabelle Taudière et Clémentine Peckre (Traducteur)
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L’un fut chasseur de nazis après les avoir d’abord fuis puis combattus durant la guerre. L’autre fut l’un des persécuteurs des juifs avant d’avoir été poursuivi par ces derniers. Destins croisés de deux allemands symptomatiques de l’entre-deux-guerres : Hanns Alexander, soldat juif sous le drapeau britannique puis organisateur de la traque des dirigeants SS ; et Rudolf Höss, tristement célèbre pour avoir dirigé le camp d’extermination d’Auschwitz de 1940 à 1944.

Thomas Harding (né en 1968), journaliste britannique, est le petit-neveu de Hanns Alexander (1917-2006) ; c’est à sa mort qu’il découvre le passé de soldat puis de traqueur de nazis de son oncle. Il apprend notamment qu’il fut à l’origine de l’arrestation en 1946 de Rudolf Höss (1900-1947), officier SS et haut dignitaire nazi. Harding s’intéresse donc à ces deux trajectoires à la fois parallèles et antinomiques. Alexander est l’un des fils d’un riche et puissant médecin berlinois qui doit fuir en Angleterre devant la politique anti-juive d’Hitler dans les années 30. Höss, lui, est un paysan qui épouse assez rapidement l’idéologie nazie après avoir été soldat durant la Grande guerre et fait partie du corps-franc Rossbach en lutte contre le bolchévisme. Il assassinera d’ailleurs un communiste et sera condamné à dix ans de prison. Sorti pour bonne conduite au bout de quatre, son destin prit sa forme définitive en rencontrant Himmler qui l’enrôla dans le parti nazi avant de lui proposer la direction de plusieurs camps (il officiera à Auschwitz et Bergen-Belsen).

Les deux hommes se croiseront en 1946 lors de la traque (Hanns arrêta Rudolf alors caché depuis un an) et eurent un destin singulier directement en prise avec les événements tragiques de la guerre en général et du génocide juif en particulier. Harding a beaucoup enquêté et dresse le portrait d’une époque en même temps que ceux des deux protagonistes : l’un positif, l’autre mortifère. Les rôles finissent par s’inverser dans un destin qui se resserre avec le conflit : Höss, puissant et indestructible, commandant durant cette période de guerre, organisant minutieusement l’exécution de millions de prisonniers, devient à son tour traqué et démuni puis finit pendu à l’endroit même où il a organisé ses massacres (Auschwitz). Hanns doit fuir l’Allemagne, se battre pour être accepté dans les rangs britanniques pour finalement triompher lors du débarquement, revenir en Allemagne pour retrouver les criminels de guerre qui ont également contribué à la perte des siens. Le destin sait être juste et ironique (malgré l’horreur du massacre perpétré par les nazis), semble nous dire Harding dans cette passionnante enquête où descriptions minutieuses des faits historiques et présence de photographies saisissantes (notamment celles où la famille Höss joue dans le beau jardin fleuri de la maison d’Auschwitz) dressent un panorama complet de cette période tragique de l’histoire européenne.

Mettre sur le même plan deux prénoms si opposés est une équation difficile. Mais Harding a su équilibrer les deux trajectoires pour rendre à chacun des protagonistes ce qui leur appartenait. Bien sûr, la question reste de se demander comment Höss a pu contribuer à l’anéantissement d’une communauté sans véritablement le regretter (sauf pour des raisons familiales). Le Mal est fascinant ; Höss reste ce grand malade mental mystérieux.

Harding a réalisé une bien belle exploration des crimes nazis et des actes de résistance durant ce récit où la chronologie est respectée. A lire absolument.


Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 05/10/2016 )
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