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Histoire & Sciences sociales -> Poches |
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Mythes et légendes enseignantes | | | Béatrice Compagnon Anne Thévenin Histoire des instituteurs et des professeurs - de 1880 à nos jours Perrin - Tempus 2010 / 10,50 € - 68.78 ffr. / 444 pages ISBN : 978-2-262-03204-3 FORMAT : 11cmx18cm
Première publication en août 2001 (Perrin) Imprimer
Jules Ferry disait : «LÉducation vaudra ce que vaudra léducateur». Tout nest-il pas dit et fallait-il vraiment faire un livre pour sen convaincre et répéter les travaux de celles et de ceux (ne parlons que des ouvrages de Françoise Mayeur ou de Jacques et Mona Ozouf) qui lont déjà si bien montré ? La somme proposée subit le préjudice dune forme peu soignée, qui nest pas compensée pour autant par de réels apports historiographiques. De fait, «lemballage» ne satisfait guère, lorsque la bibliographie ne présente, tel un inventaire à la Prévert, que des sources essentielles : plus de 20000 dossiers se trouvent évacuées en une ligne. Ces sources en viennent à cohabiter avec de la littérature grise qui, au détour dun chemin - et ce nest pourtant pas rien - croise les manuels pédagogiques signés notamment Ferdinand Buisson. Que dire encore de références tronquées et tautologiques ? Quid enfin des témoignages oraux, soit une petite dizaine dentretiens, apparemment - et bien à raison dailleurs - jugés nécessaires, mais dont le recours ne figure quau fil de notes abruptes qui de facto les inscrivent dans lempirisme le plus trivial au détriment dune réelle scientificité ?
Certes, lessentiel nest pas là, mais la lecture en est gênée, plus encore si une intense impression de déjà vu se ressent dès les premières lignes du chapitre un (à noter que lon cherche en vain une introduction dont lintérêt na, semble-t-il, pas été retenu). Assurément, la contextualisation des faits en amont est constitutive même du métier dhistorien et loublier est fâcheux. Mais des solutions sont alors à imaginer. La vision périphérique ou la synthèse cavalière sont en droit dêtre sollicitées pour passer sur lacquis et sétendre, avec précision cette fois-là, sur le neuf. Cette façon de faire na pas été adoptée et on peut le déplorer car les nouveautés - et il y en a quelques-unes, on va le voir - se trouvent noyées dans des pages qui nous rappellent, à tous, les enseignements suivis au gré des apprentissages dun cursus honorum classique. Elles étaient effectivement passionnantes quand elles exaltaient les missions - au sens propre - de ces «Hussards noirs» au service dune République vénérée et dun discours, pour beaucoup, pro-dreyfusard.
La plus-value est donc à découvrir dans lanalyse portant sur la période «contemporaine». Une dernière partie, rassemblée sous le vocable un peu facile de «la démocratie enseignante», se lit cependant sans déplaisir. 120 pages défilent, proposant, outre une radioscopie des origines sociales du corps professionnel, certaines indications factuelles sur le «renouveau de la formation». Plus intéressant est le regard critique porté sur la place des enseignants dans la cité et davantage encore sur la représentation qu'ils en ont et que la société leur renvoie. Profilés comme des «citoyens actifs», ils sont consommateurs de culture et sengagent dans des actions militantes protéiformes qui croisent politique et syndicalisme. Les constats conclusifs, qui mêlent histoire immédiate et actualité, auraient peut-être mérité douvrir un essai - nourri par létude dun passé documenté et ouvert sous les mots dun argumentaire détaillé - posant les glissements pervers rencontrés aujourdhui par une profession entraînée dans des mutations quelle subit plus quelle ne contrôle.
Marie Mérite ( Mis en ligne le 21/09/2010 ) Imprimer | | |
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