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| Michel de Jaeghere Le Menteur magnifique - Chateaubriand en Grèce Les Belles Lettres 2006 / 19 € - 124.45 ffr. / 330 pages ISBN : 2-251-44301-0 FORMAT : 13,5cm x 21,0cm Imprimer
Ce que le lecteur sait moins ou feint de savoir sur l'incontournable écrivain, c'est que Chateaubriand est en réalité un magnifique affabulateur. Il enjolive avec beaucoup de talent, il faut le reconnaître, certains de ses écrits, en particulier lorsquil évoque son voyage en Grèce, esquissant une contrée largement pittoresque et idéalisée. Michel De Jaeghere, journaliste au Figaro, retrace ici tout litinéraire de Chateaubriand entre Paris et Jérusalem, afin de montrer son exceptionnel talent de fabulation.
Avec trois éditions en un peu plus d'un an (1811-1812), LItinéraire fut ensuite rapidement traduit en Flamand, en Anglais, en Italien et en Allemand. Excellent écrivain, poète, conteur, Chateaubriand est arrivé à faire croire à une Grèce idéale, quil a visitée certes, mais où la plupart des expériences décrites puisent en fait dans un immense corpus littéraire :
Pour les décrire, Chateaubriand retourne dans ses livres. Le voyage de Chandler lui tient lieu de guide. Il sen écarte à peine, à ceci prés que langlais fait le trajet en sens inverse, dAthènes à Euleusis, et que Chateaubriand a réécrit son récit en mettant cul par-dessus tête
. Les mensonges finement écrits de Chateaubriand dans son fameux ouvrage ont d'ailleurs très vite été montrés du doigt par différentes personnalités quil a rencontrées lors de son voyage, comme par exemple le docteur Jean-Denis Avramiotti qui publia un petit livre en 1816 en Italie pour dénoncer ces impostures. Ou encore, différentes lettres de Jean-Louis Fauvel, envoyées auprès de Talleyrand et du comte de Choiseul-Gouffier pour rendre compte du séjour que le poète vient de passer chez lui.
De nombreux passages du livre sont ainsi plus ou moins véridiques ; parfois Chateaubriand a tout simplement embelli ses écrits en peignant à sa façon un paysage et des personnages au lieu de retranscrire une vérité sans doute insuffisante. Sa version d'un séjour à Kératia est particulièrement incohérente comme le démontre Michel De Jaeghere. En vérité, son voyage en Grèce la déçu car il na rencontré que des monuments détruits dont il ne reste que de rares vestiges, des campagnes pelées, un peuple asservi
La Grèce ne ressemble en aucune manière à lidée que Chateaubriand sen était faite d'après ses différentes lectures. Mais de cette déception sublimée en fantasme, l'écrivain a su tirer un ouvrage qui mettra de nombreux lecteurs sur les routes de l'Orient Hellénistique. On naurait pas mis tant de soin à démonter pièce par pièce les fictions de son récit si lon navait pas été dabord saisi dadmiration par la supériorité qui sy manifeste; on naurait pas pris tant de plaisir si lon navait été heureux de saisir loccasion de refaire ce voyage avec lui, remarque Michel De Jaeghere.
Néanmoins, la lecture de cet essai captivant ne vous dissuadera pas de celle de L'Itinéraire de Paris à Jérusalem et de Jérusalem à Paris, bien au contraire !
Jacqueline Armand ( Mis en ligne le 23/05/2006 ) Imprimer | | |
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