|
Histoire & Sciences sociales -> Antiquité & préhistoire |
 | |
Les services secrets de Rome | | | Rose Mary Sheldon Renseignement et espionnage dans la Rome antique Les Belles Lettres - Histoire 2009 / 35 € - 229.25 ffr. / 519 pages ISBN : 978-2-251-38102-2 FORMAT : 15cm x 21,5cm
Traduction d'Alexandre Hasnaoui
Lauteur du compte rendu : Yannick Durbec, professeur agrégé de Lettres Classiques, Docteur ès Lettres, enseigne en Classes Préparatoires aux Grandes Écoles. Imprimer
Lauteur est professeur au Virginia Military Institute et a publié de nombreux articles et ouvrages consacrés aux activités de renseignements dans lAntiquité. Ce livre, dans lequel Rose Mary Sheldon (RMS ci-après) retrace lhistoire du renseignement militaire romain, des débuts de la République jusquen 284 après J.-C., intéressera les historiens, mais aussi les lecteurs férus dhistoire militaire.
Lample matière brassée est étudiée diachroniquement en deux parties principales recouvrant la division classique de lhistoire romaine entre République (partie I) et Empire (partie II). Des subdivisions chronologiques permettent daffiner cette approche. Les deux premiers chapitres dévolus aux premiers temps de la République romaine jusquà la seconde guerre punique sattachent à montrer comment les Romains en vinrent à organiser rationnellement la collecte et le traitement des informations utilisables dans les multiples conflits qui caractérisèrent la croissance de la Ville. Létat lacunaire des sources subsistantes pour les débuts de la République conduisent lauteur à reconstituer une «histoire plausible» des activités de renseignement des Romains, depuis la collecte des informations par des éclaireurs, des espions ou encore auprès de prisonniers, de traîtres et dexilés, jusquà leur utilisation sous forme de subterfuges et autres ruses de guerre ou encore en recourant à la désinformation.
La deuxième guerre punique offre des exemples plus nombreux des avantages que les belligérants purent retirer de leur utilisation des renseignements. RMS sintéresse tout particulièrement à limportance des renseignements dans la pratique de la guerre carthaginoise. La période dexpansion qui suivit la victoire romaine vit apparaître dautres sources de renseignement pour les Romains : les diplomates et les commerçants, qui sillonnaient alors lOrient. Toutes ces activités de renseignements demeuraient pourtant non coordonnées. Il nexistait à Rome aucune centrale du renseignement. Le désastre de Carrhes, où périt Crassus, serait ainsi révélateur dune faillite des services de renseignement romains. Lexamen du déroulement des campagnes de César en Bretagne amène ensuite RMS à conclure que le manque de renseignements adéquats, ou leur mauvaise exploitation, permet dexpliquer léchec relatif de ces opérations militaires, même si César avait apporté des améliorations aux stratégies républicaines.
La deuxième partie du livre est consacrée à lEmpire. RMS montre comment une structure de renseignement se développa graduellement à mesure que lEmpire sagrandissait. Le massacre des légions de Varus est expliqué comme celui de Crassus par un échec des systèmes de renseignement romains. Trois chapitres sont consacrés aux techniques de ce quil faut appeler les services secrets romains et à la transmission des informations recueillis.
Cette histoire de la «guerre de lombre» enrichit donc la compréhension de lexpansion romaine.
Yannick Durbec ( Mis en ligne le 16/02/2010 ) Imprimer | | |
|
|
|
|