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Histoire & Sciences sociales -> Antiquité & préhistoire |
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Dieux des poètes, des philosophes et des cités | | | Sophie Malick-Prunier Stéphanie Wyler Collectif Dieux & hommes de l'antiquité - (VIIIe siècle avant J.-C. - Ve siècle siècle après J.-C.) Les Belles Lettres 2011 / 19 € - 124.45 ffr. / 294 pages ISBN : 978-2-251-44411-6 FORMAT : 13,5cm x 21cm
L'auteur du compte rendu : Sébastien Dalmon, diplômé de lI.E.P. de Toulouse, est titulaire dune maîtrise en histoire ancienne et dun DEA de Sciences des Religions (EPHE). Ancien élève de lInstitut Régional dAdministration de Bastia et ancien professeur dhistoire-géographie, il est actuellement conservateur à la Bibliothèque Interuniversitaire Cujas à Paris. Il est engagé dans un travail de thèse en histoire sur les cultes et représentations des Nymphes en Grèce ancienne. Imprimer
Sophie Malick-Prunier et Loïc Bertrand, professeurs de lettres classiques en classes préparatoires littéraires, se sont associés aux universitaires Stéphanie Wyler (Université de Provence) et Jean-Pierre de Giorgio (Clermont-Ferrand II) pour proposer aux éditions des Belles Lettres une réflexion conjointe sur les religions grecque et romaine, à partir dune quarantaine de traductions de textes anciens, présentés et amplement commentés beaucoup plus que dans la collection ''Signets'' du même éditeur. Ce projet sinscrit dans le cadre du programme du concours 2012 dentrée aux Écoles normales supérieures.
Les religions grecque et romaine, avec leur ritualisme et leur absence de dogmes, sont bien éloignées de ce que lon entend par «religion» dans nos sociétés contemporaines occidentales, encore très marquées par le monothéisme et ses religions révélées. Or, les religions polythéistes de lAntiquité sont autant des religions du geste que de la parole, se caractérisant surtout par lorthopraxie, cest-à-dire lobservation scrupuleuse des rites. Mais lAntiquité est aussi la période qui voit naître, se développer et triompher le christianisme, religion nouvelle qui sait sinscrire dans les cadres de lEmpire romain pour sinstitutionnaliser sur la longue durée.
Ce livre est bien sûr une réflexion sur les religions de la Grèce et de Rome, mais il se veut aussi une banque de données des textes fondamentaux connus ou moins connus sur le sujet, issus dauteurs, de périodes et de genres variés poésie, histoire, philosophie
Les traductions des textes anciens sont présentées de manière thématique, avec une étude préliminaire pour chaque sous-chapitre. Chaque texte est suivi dun commentaire étoffé. Le plan adopté sattache à tenir compte des catégories de pensée des Anciens, plutôt que de nos propres représentations contemporaines, afin déviter au maximum les risques dethnocentrisme ou dinterprétation anachronique. Le plan suit ainsi la «théologie tripartite» de Varron, qui écrivit à la fin de la République romaine, et qui fut responsable de lorganisation de la première bibliothèque publique de Rome voulue par César. Selon lauteur des Antiquités divines, il existe en effet trois sortes de discours sur les dieux : les récits mythologiques, la philosophie et la religion civique. Létude systématique des sources archéologiques et iconographiques a été ici abandonnée, même si celles-ci sont de premier ordre pour comprendre le polythéisme antique.
Le premier chapitre, «Les dieux des poètes», sintéresse aux poèmes cosmogoniques et théogoniques, avec une place de choix pour luvre dHésiode, même si lon ne doit pas négliger dautres théogonies, notamment dans les milieux orphiques. Dautres textes sintéressent à lorganisation du panthéon, la répartition des compétences entre les différentes puissances divines ; en en trouve des exemples dans les Hymnes homériques. Puis viennent les textes concernant la représentation des dieux, et ceux sur leurs rapports avec les hommes. Le deuxième chapitre traite des «dieux des philosophes». Une place particulière est accordée en effet aux spéculations de ces derniers sur la nature des dieux et les dangers de lanthropomorphisme. Les philosophes mettent aussi en avant les interprétations allégoriques, les étymologies et les épiclèses, de même que les versions évhéméristes et rationalisantes qui les éloignent des poètes. Certains en viennent même à créer leurs propres mythes (Platon, Épicure).
Le troisième et dernier chapitre a pour objet «Les dieux des cités». En effet, les religions ritualistes des Anciens Grecs et Romains sont également des religions civiques, impliquant lensemble de la communauté, et inscrites dans un territoire donné. Lanalyse porte ici sur les rituels, notamment le sacrifice, lorganisation des cultes et les communautés cultuelles, sans négliger les cultes privés et dautres pratiques aux marges de la religion civique, comme les cultes à mystères (mais ceux dEleusis sont complètement intégrés dans la religion civique athénienne), lastrologie ou des sectes qui font parfois lobjet de répressions (les adeptes de Bacchus à Rome en 186 av. J.-C., les Chrétiens refusant le culte impérial).
On peut regretter labsence des textes grecs ou latins en regard des traductions, qui permettent néanmoins de rendre ces extraits accessibles au plus grand nombre. Mais les commentaires peuvent sintéresser au vocabulaire grec (en transcription) et latin. Une bibliographie sélective recense les études les plus récentes sur les religions antiques en général ou sur des points plus précis. Nul doute que cet ouvrage rendra service aux étudiants préparant les concours des Écoles normales supérieures, en leur donnant un accès direct à ces textes parfois très connus, mais parfois beaucoup moins.
Sébastien Dalmon ( Mis en ligne le 13/09/2011 ) Imprimer
A lire également sur parutions.com:Quand les dieux parlaient aux hommes de Catherine Salles Sectes religieuses en Grèce et à Rome dans l'Antiquité païenne de Gérard Freyburger , Marie-Laure Freyburger-Galland , Jean-Christian Tautil Religions de l'Antiquité de Yves Lehmann | | |
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