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Histoire & Sciences sociales -> Antiquité & préhistoire |
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Un orateur sous les Antonins | | | Fronton Fronton - Correspondance Les Belles Lettres - Fragments 2003 / 25 € - 163.75 ffr. / 426 pages ISBN : 2-251-74202-6 FORMAT : 14x21 cm
Edition bilingue.
Textes traduits et commentés par Pascale Fleury, avec la collaboration de Ségolène Demougin
Lauteur du compte rendu : Agnès Bérenger-Badel, maître de conférences d'histoire romaine à l'Université de Paris Sorbonne (Paris IV), est une spécialiste de lhistoire politique et administrative de la Rome impériale. Elle a rédigé plusieurs ouvrages liés au programme de l'agrégation et du CAPES, dont L'Empire romain au IIIe siècle après J.-C., Textes et documents (SEDES, 1998), et Rome, ville et capitale, de César à la fin des Antonins (Hachette, 2002). Imprimer
Ce volume présente une édition du texte de la Correspondance de lorateur latin Marcus Cornelius Fronto, accompagnée de sa traduction en français et de notes plus ou moins développées. Il sagit de la prolongation dune thèse de doctorat soutenue en 2002 par Pascale Fleury, à laquelle sajoutent des notes prosopographiques et une bibliographie historique rédigées par Ségolène Demougin.
Il faut dabord saluer la parution de la première traduction française de cette uvre importante depuis celle dArmand Cassan, en 1830. Cette anomalie apparente sexplique en réalité par les problèmes pratiquement insurmontables posés par létablissement du texte. En effet, la Correspondance de Fronton nest connue que par trois manuscrits, qui se présentent sous la forme de palimpsestes (le texte latin primitif a été lavé et gratté, et le parchemin réutilisé). Or les deux manuscrits les plus complets ont été gravement endommagés par lutilisation de réactifs chimiques violents, employés à la fin du XIXe siècle dans le but de rendre leur lecture plus aisée. Il est dailleurs dommage que lauteur ne consacre quune page à ces importantes questions dans son introduction (p.36-37). Cette dernière (p.11-37) présente lauteur, puis sintéresse assez longuement à sa pensée rhétorique et plus rapidement à sa production littéraire. Fronton fut le professeur de rhétorique latine de Marc-Aurèle et de Lucius Verus et échangea avec ces impériaux correspondants, mais aussi avec nombre de ses contemporains, dont lhistorien Appien et des membres de grandes familles sénatoriales, des lettres en latin et en grec, jusquà sa mort dans les années 160 ap. J.-C. Pascale Fleury souligne avec pertinence loriginalité de Fronton dans son approche de la rhétorique : il ne voit pas en elle une technique, mais une entité comparable au Logos stoïcien, et estime que tout découle d'elle, même la philosophie.
Lessentiel du volume se résume donc à la correspondance elle-même, présentée selon des choix parfois surprenants. Ainsi, Pascale Fleury a délibérément exclu les lettres de Marc Aurèle, en justifiant cette décision par la «nécessité de mettre de côté la personnalité écrasante de Marc Aurèle (
) pour mettre en lumière la personnalité riche de Fronton». Le problème est quil est délicat de navoir sous les yeux que lun des interlocuteurs dun échange épistolaire. Certes, lauteur propose, en note, le résumé des lettres de lempereur, mais cela ne paraît pas toujours suffisant, et surtout cela oblige le lecteur à recourir parallèlement à une édition complète de la Correspondance, comme celle de C.R. Haines, parue dans la collection Loeb, à Cambridge, en 1919-1920.
Cette édition est complétée par des notes de bas de page, qui présentent des compléments bibliographiques et des éclaircissements sur des points précis, en particulier sur des problèmes prosopographiques (identification des correspondants de Fronton et des contemporains mentionnés dans les lettres), des allusions mythologiques, ainsi que sur le vocabulaire employé par Fronton.
Il est regrettable quun texte aussi riche dun point de vue historique ne donne lieu quà des notes brèves et qui laissent de côté des aspects fort importants. Ainsi, la lettre 8 à Antonin le Pieux est précieuse pour les informations quelle prodigue sur la façon dont un futur proconsul constitue son équipe de collaborateurs, mais cela ne semble guère avoir attiré lattention de la rédactrice des notes «historiques». Au terme de ce parcours, le lecteur reste quelque peu sur sa faim et en retire limpression quil reste à écrire un commentaire historique de Fronton. Quant à la bibliographie, fort succincte elle aussi, elle présente certaines lacunes.
Agnès Bérenger-Badel ( Mis en ligne le 30/01/2004 ) Imprimer | | |
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