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Histoire & Sciences sociales -> Antiquité & préhistoire |
| Odile Mortier-Waldschmidt Collectif Musique et Antiquité - Actes du colloque d'Amiens, 25-26 octobre 2004 Les Belles Lettres 2006 / 30 € - 196.5 ffr. / 314 pages ISBN : 2-251-44303-7 FORMAT : 13,5cm x 21,0cm
L'auteur du compte rendu : Sébastien Dalmon, diplômé de lI.E.P. de Toulouse, est titulaire dune maîtrise en histoire ancienne et dun DEA de Sciences des Religions (EPHE). Ancien élève de lInstitut Régional dAdministration de Bastia et ancien professeur dhistoire-géographie, il est actuellement élève conservateur à lEcole Nationale Supérieure des Sciences de lInformation et des Bibliothèques. Il est engagé dans un travail de thèse en histoire sur les cultes et représentations des Nymphes en Grèce ancienne. Imprimer
La musique occupait une place très importante dans léducation et la culture de la Grèce et de la Rome antiques. Les aèdes comme Homère ou Hésiode chantaient leurs épopées en saccompagnant à la lyre. La mythologie connaît des musiciens fameux, tel Orphée qui réussit à charmer les Sirènes et même à amadouer les inflexibles souverains des Enfers, afin quils lui rendent son épouse défunte, la belle Nymphe Eurydice. Athéna inventa la flûte (aulos) et Pan la syrinx (qui porte le nom dune Nymphe quil tenta en vain de séduire). Les exemples pourraient être multipliés à lenvie, mais même le recueil darticles publié sous la direction dOdile Mortier-Waldschmidt ne saurait épuiser ce vaste sujet. Il nous offre donc quelques regards particuliers sur le thème, à travers plusieurs contributions qui sattachent à mettre en lumière la présence et la fonction de la musique chez les Anciens.
Louvrage constitue les Actes du colloque organisé par la CNARELA (Coordination Nationale des Associations Régionales des Enseignants de Langues Anciennes) qui sest tenu à Amiens les 25 et 26 octobre 2004, en présence de Jean-Pierre Vernant et avec la participation de lensemble Kérylos, spécialisé dans la musique vocale et instrumentale de lAntiquité. Le livre souvre sur une contribution de Jacques Lacarrière, récemment disparu (louvrage lui est dailleurs dédié). Il nous livre un bref témoignage intitulé «La musique grecque dhier à aujourdhui», qui offre un aperçu non seulement de la musique grecque ancienne et byzantine, mais également de la musique grecque contemporaine dont il était un amateur éclairé.
La première partie sintéresse à la littérature, et plus particulièrement à la poésie. Danièle Aubriot et Sylvie Perceau nous livrent quelques lumières sur les fonctions religieuses de la musique et le plaisir musical dans les épopées homériques. Claude Calame étudie les jeux de genre et la performance musicale dans le chur de la tragédie classique, dessinant un espace tout autant cultuel et civique que dramatique. Odile Mortier-Waldschmidt aborde la poésie hellénistique, et plus particulièrement lunivers sonore des Bucoliques de Théocrite, entre les mille bruits de la nature et le chant des poètes pastoraux saccompagnant de la flûte droite (aulos) et surtout, typique des bergers, de la flûte de Pan (syrinx). Monique Crampon, quant à elle, sintéresse aux liens entre la séduction et la musique dans le théâtre latin, notamment à travers les personnages de courtisanes chez Plaute.
La deuxième partie traite des rapports entre musique et philosophie. Car la philosophie grecque avait intégré la musique dans son explication de lhomme et du monde, à travers le concept dharmonie (des sphères, du corps et de lâme
). Joël Figari montre que pour les présocratiques musique et médecine ont partie liée, constituant chacune autant un art quune science. Anne Gabrièle Wersinger et Thomas Morvan sintéressent à Platon (un élément musical inaperçu dans le mythe dEr, des réflexions sur la portée et lenjeu dun sens musical dans le Timée) tandis que Marie-Hélène Gauthier-Muzellec évoque les liens entre musique et plaisir, non seulement chez le fondateur de lAcadémie, mais aussi chez celui du Lycée, Aristote. Enfin, Agnès et Alessandro Arbo étudient la réflexion des philosophes antiques sur la question de savoir si les animaux sont également musiciens.
La troisième partie, plus courte, sintéresse à des portraits de musiciens, à travers deux articles de Sylvie David-Guignard et Annie Bélis. Dabord un musicien mythologique, Amphion, l'un des fondateurs mythiques de Thèbes. Il construisit magiquement la muraille de la ville en déplaçant des blocs de pierre simplement en jouant de la lyre. Puis un aulète qui aurait confié son cauchemar à Artémidore, ce dernier en faisant part dans son traité sur linterprétation des rêves (Onirokritikon). La dernière partie nous offre des échos modernes pour compléter cette symphonie. Jérôme Dewasch présente une expérience pédagogique transdisciplinaire menée conjointement dans les cours de latin et de musique, au sein dune classe de troisième dun collège picard. Enfin, Pierre Brunel sintéresse à la présence du mythe dans lopéra moderne, depuis lOrfeo de Monteverdi jusquà lUlisse de Luigi Dallapiccola.
Ces études ouvriront probablement la voie à dautres recherches sur le sujet, tant la question de la musique dans lAntiquité reste encore à explorer, même si les recherches dAnnie Bélis et dautres ont grandement contribué à défricher ce nouveau domaine des études classiques. On regrette au reste quune introduction et une conclusion ne fassent pas le point sur la recherche concernant ce sujet, tout en synthétisant les apports très riches des nombreuses contributions offertes ici.
Sébastien Dalmon ( Mis en ligne le 11/09/2006 ) Imprimer | | |
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