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Médiocrité confuse ?
Denis Woronoff   La République bourgeoise - de Thermidor à Brumaire (1794-1799)
Seuil - Points histoire 2004 /  7 € - 45.85 ffr. / 250 pages
ISBN : 2-02-067633-8
FORMAT : 11x18 cm

Nouvelle histoire de la France contemporaine. Tome 3.

L'auteur du compte rendu : Cécile Obligi est l'auteur d'un mémoire de maîtrise d'histoire intitulé Images de Jean-Sylvain Bailly, premier maire de Paris, 1789-1791.

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A l’occasion de la nouvelle question d’agrégation d'histoire, le Seuil réédite les manuels consacrés à la Révolution française. C’est le troisième, couvrant la période allant de la fin de la Terreur (le 9 Thermidor an II ou 27 juillet 1794) au coup d’Etat du 18 Brumaire an VIII (9 novembre 1799) de Bonaparte, qui nous préoccupe ici. Ce volume a été écrit en 1972 et est réédité tel quel, avec une bibliographie mise à jour cependant. Il traite d’une période à la fois mal aimée et mal connue. Cette postérité est rappelé par D. Woronoff lui-même : «interrègne sans éclat» (entre Robespierre et Napoléon), «impression de médiocrité confuse». La dernière phase de la Convention (dite thermidorienne) et le Directoire apparaissent en effet comme une période confuse, dominée par de multiples scandales. Elle n’en demeure pas moins importante puisque ce fut l’occasion, après plusieurs années de troubles, d’appliquer des mesures votées mais non appliquées étant donné les circonstances politiques.

Le manuel débute après la chute de Robespierre (fin juillet 1794). Les premières mesures visent à modifier le fonctionnement du Comité de salut public en organisant une obligatoire rotation de ces membres. C’est se prémunir contre la dictature, mais pas contre l’instabilité. La confusion provoquée par cette situation oblige les notables locaux à prendre les rênes du pouvoir: c’est ce que l’on a pu appeler la «communalisation du pouvoir». La fin de la Terreur a provoqué des réactions géographiquement très diverses, en relation avec les modalités d’exercice de la Terreur. Il faut toutefois souligner la vague de réactions hostiles aux jacobins (la Terreur blanche) qui sévit dans le sud-ouest à la fin de l’année 1794. Cette poussée de droite (symbolisée par une jeunesse agitée et vindicative, les muscadins) est concomitante d’une percée néo-hébertiste.

La constitution de 1793 ayant été suspendue, il devient urgent de prendre une décision. Ceux que l’on a appelé les «Thermidoriens» manifestent leur intention de rédiger une nouvelle constitution, à mi-chemin «entre la royauté et la démagogie». La constitution (votée en août 1795), précédée d’une «Déclaration des droits et des devoirs», crée donc de nouvelles institutions (deux assemblées : Conseil des 500 et Conseil des Anciens) et donne le pouvoir exécutif à cinq directeurs (d’où le nom de Directoire). Des représentants, nommés commissaires, sont placés au niveau du département et du canton, jetant ainsi les bases de la bureaucratie moderne.

La période est connue pour son instabilité politique : tiraillée entre la poussée royaliste et la percée de la gauche, la classe politique essaie de contenir les deux extrêmes. C’est ainsi qu’elle casse les élections de 1797, jugées trop favorables aux royalistes (coup du 18 Fructidor an V, soit 4 septembre 1797). A l’inverse, elle désarme définitivement les Parisiens à l’issue des émeutes de germinal et de prairial an III (avril et mai 1795), mettant fin au rôle politique des foules. Elle fait également fermer le club du Panthéon pour enrayer la montée du jacobinisme, condamne les organisateurs de la conjuration des Egaux en partie fomentée par Gracchus Babeuf (mai 1797), et casse les élections du 22 floréal an VI (11 mai 1798), marquées par une poussée jacobine.

Le Directoire tente de conquérir les esprits en instaurant un culte décadaire, qui recueille peu de succès. Il s’agit surtout de lutter contre le renouveau catholique, favorisé par une vague de retour des prêtres et des émigrés. Les combats continuent par ailleurs en Vendée (notamment après le débarquement de Quiberon en juin 1795), où Hoche a été envoyé pour tenter de mettre fin au soulèvement.
Est mis en place un système scolaire stable après plusieurs années de troubles (loi Daunou) et quelques-unes des grandes écoles françaises (l’Ecole normale par exemple) sont créées. Le Directoire est aussi une période de normalisation, symbolisée par la politique d’assainissement des finances (passant par le remplacement des assignats puis des mandats territoriaux par le numéraire) et la réorganisation des impôts. Ce retour à la normale, s’il voit la constitution de quelques grandes manufactures, ne s’accompagne pas d’une hausse du niveau de vie.

La politique extérieure belliqueuse (qui a conduit au vote de la loi Jourdan, établissant la conscription en 1798) est l’une des caractéristiques du Directoire. Ces guerres permanentes (en Belgique, en Allemagne, en Italie et en Egypte), enrichissant considérablement les fournisseurs aux armées, ont contribué à la réputation sulfureuse du régime. Ces guerres se terminent par l’annexion de la Belgique et d’une partie de l’Italie, ainsi que par la constitution des «républiques sœurs», c’est-à-dire de territoires sous influence française, dotés d’une législation calquée sur celle de la France. La campagne d’Italie est marquée par l’ascension du général Bonaparte qui accumule les victoires (savamment orchestrées) et peut rapidement se permettre de négocier les traités sans tenir compte des instructions du Directoire (Tolentino, préliminaires de Leoben, Campo-Formio). C’est à la suite de cette campagne que Bonaparte, après avoir renoncé à une invasion de l’Angleterre projetée par le Directoire, s’embarque pour l’Egypte (dans le but de nuire aux intérêts anglais). La campagne d’Egypte, qui est en réalité un échec sur les plans politique et militaire, est cependant particulièrement bien exploitée par Bonaparte. Ce dernier, après s’être enfui d’Egypte en laissant le commandement à Kléber, est acclamé comme un sauveur à son retour en France. Il profite alors du coup d’Etat monté par Siéyès pour s’emparer du pouvoir, le 18 Brumaire.

Ces cinq années, souvent discrédités et délaissées, moins étudiées pour elles-mêmes qu’en tant que transition entre deux périodes exaltantes, apparaissent donc bien comme confuses, mais elles comportent cependant quelques innovations appelées à durer dans les domaines institutionnel, administratif, militaire et économique.


Cécile Obligi
( Mis en ligne le 15/09/2004 )
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