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Histoire & Sciences sociales -> Période Moderne |
| David Hennebelle De Lully à Mozart - Aristocratie, musique et musiciens à Paris (XVIIe-XVIIIe siècles) Champ Vallon - Epoques 2009 / 28 € - 183.4 ffr. / 441 pages ISBN : 978-2-87673-499-9 FORMAT : 15,5cm x 24cm
Lauteur du compte rendu : Matthieu Lahaye, professeur agrégé dhistoire, rédige une thèse consacrée au fils de Louis XIV à lUniversité Paris-VIII. Imprimer
Les historiens ont pris lhabitude de travailler surtout à partir des textes. Aussi ont-ils longtemps abandonné liconographie aux historiens de lart tandis que leur intérêt pour la musique, chasse gardée des musicologues, est jusquà ce jour quasi nul. Pour ce seul fait, le livre de David Hennebelle consacré à la vie musicale au XVIIIe siècle à Paris ne doit pas passer inaperçu.
La thèse de ce jeune chercheur est limpide. Il veut montrer, en dépit de sources dispersées, limportance prise par le mécénat aristocratique dans la vie musicale parisienne à lépoque des Lumières. Lidée est séduisante car lon sait par ailleurs la place importante que la musique occupait dans la sociabilité aristocratique depuis le règne de Louis XIV (1643-1715). Pas un bal, pas une bataille, pas une apparition du roi à Versailles, pas une grande cérémonie officielle ne se déroulaient sans musique. Elle servait autant à dire lautorité quà combler loreille experte dun souverain mélomane. Dailleurs, à la fin du Grand Siècle, la famille royale ne resta pas à lécart de ce patronage musical à limage du Grand Dauphin, qui prit la direction officieuse de lAcadémie royale de musique à la mort de Lully (1687).
La mort du Roi Soleil et les débuts de la Régence parisienne mirent un terme temporaire à linfluence de la cour sur la musique. Les grandes familles aristocratiques prirent le relais, soit par goût, soit par ostentation. Ce fut le cas du Louis François de Bourbon-Conti, (1717-1776), ambitieux et fier, qui structura autour de ses concerts du lundi donnés dans lenclos du Temple un mouvement dopposition à Louis XV (1715-1774). Chez dautres, le plaisir des sens paraissait plus désintéressé comme chez le fermier général Alexandre Le Riche de La Pouplinière (1693-1762), qui assembla lun des plus fameux orchestres de Paris.
Tout au long de son ouvrage, David Hennebelle, dans la lignée des travaux dAntoine Lilti, spécialiste des salons au XVIIIe siècle, tente dévaluer linfluence quexerçaient ces salons sur la vie musicale du pays. Même si les lacunes archivistiques empêchent de reconstituer exhaustivement leur programmation, ces cercles musicaux, entre sphère publique et sphère privée, apparaissent comme les bancs dessai pour des uvres destinées à être diffusées auprès dun plus large public dans la capitale, voire même devant le roi à Versailles. Lauteur insiste en effet sur la persistance de lattrait de la cour dans les stratégies sociales des musiciens en dépit du peu de goût de Louis XV et de Louis XVI pour la musique.
Cependant, la troisième partie de louvrage consacrée aux musiciens eux-mêmes semble séloigner de la problématique initiale, transformant le livre en une histoire sociale des musiciens - fort intéressante au demeurant, mais qui appelait des dépouillements au minutier central des Archives nationales certainement plus vastes que les quarante-six cartons consultés par lauteur.
Au final, ce livre prend date historiographiquement, mais ne répond pas à toutes les questions. Nous sommes sûr que les travaux à venir de David Hennebelle viendront combler les lacunes de ce livre écrit par un jeune historien qui gagnerait à relire louvrage dAntoine Schnapper, Le Métier de peintre au Grand Siècle (2004) - un modèle pour lhistoire sociale des artistes.
Matthieu Lahaye ( Mis en ligne le 07/04/2009 ) Imprimer
A lire également sur parutions.com:Le Monde des salons de Antoine Lilti Le Métier de peintre au Grand Siècle de Antoine Schnapper La Musique à Versailles de Olivier Baumont | | |
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