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Histoire & Sciences sociales -> Période Moderne |
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La guerre se retire-t-elle jamais aisément ? | | | Françoise Hildesheimer Stéphane Blond Collectif ''Quand la guerre se retire...'' - Actes du colloque organisé le 19 novembre 2012 Presses universitaires de l'ICES Publisud 2012 / 39 € - 255.45 ffr. / 285 pages ISBN : 978-2-918018-15-5
Françoise Hildesheimer collabore à Parutions.com
L'auteur du compte rendu : Grégory Prémon est agrégé d'histoire-géographie. Imprimer
La journée détude qui sest tenue le 19 novembre dernier a poursuivi un objectif ambitieux : porter son attention sur cette période, ni en paix, ni en guerre au cours de laquelle les armes se taisent et peu à peu les hostilités cessent.
Qui fait la paix ? Qui la décide ? Qui la jure ou la signe ? Le roi. A lépoque moderne, alors que les États se construisent, la réponse nest ni évidente ni aisée. Monique Morgat-Bonnet montre quau XVe siècle, le Parlement, «animé par ce rêve de paix, (
) tente de canaliser la guerre civile, de la limiter si faire se peut». Trois cent ans plus tard, la situation nest plus exactement la même : le parlement nest plus celui qui dit la paix mais celui qui sinquiète de lentière souveraineté du roi dans ce domaine, sétonnant que le monarque abandonne ses pouvoirs de déclarer la guerre, de décréter une trêve ou de faire la paix aux grandes compagnies commerciales qui sont alors créées.
Que deviennent les hommes de guerre ? Fadi El Hage sinterroge sur le «destin des officiers face au temps de paix à lépoque moderne». La paix, «linutilité soudaine et la ruine» ? «Moment doisiveté» ? «Pause ou la fin de la carrière» ? Des champs de bataille à la Cour, ces officiers peinent à paraître : «pendant toute cette paix (
) je jouais un rôle fort médiocre à la Cour ; mon esprit nétait pas monté au ton des agréments du monde alors dans les sociétés», témoigne Rochambeau peu après la paix dAix-la-Chapelle. Ce temps de paix devient pour quelques-uns, un temps de réflexion, celui du «militaire philosophe», quand dautres ne songent quà entretenir leurs troupes et à préparer de futures batailles.
Faire la paix, cest aussi mettre fin à cette économie de guerre qui devait nourrir les bouches insatiables des canons. Citant Margaret et Richard Bonney, Christophe Blanquie rappelle que «les dépenses militaires passèrent de 44, puis 48 % du total, respectivement dans les premières et deuxième décennies du dix-septième siècle, à 60 % dans la troisième décennie ; par la suite, elles dépassèrent en général 70 % du total, sauf pendant la décennie de paix des années 1660, pendant laquelle elles sélevèrent à 57 % du total». Orest Ranum sinterroge sur lultime projet du cardinal de Richelieu, «le redressement des finances de lEtat après la guerre», tandis que Christophe Blanquie et Olivier Poncet analysent les manipulations doffices que la guerre et sa fin imposent.
Restent les sacrifiés, ceux que la guerre marque, tue ou détruit. Le Baron de Görtz est lun deux. Yves-Marie Bercé décrit la vie et les dernières heures de celui qui fut la victime expiatoire des errements de la politique désastreuse du roi de Suède, Charles XII : «comme en leur temps, Olivares en retraite silencieuse, ou Strafford sur léchafaud, il savait quil devait lassumer jusquau bout et faire bonne figure dans la sinistre partie qui lui était imposée». Les hommes ne sont pas les seules victimes de ces guerres qui sachèvent. A travers deux gravures de Claude Chastillon, Cécile Souchon se penche sur les traces que les conflits laissent sur le paysage du Laonnois.
Il nétait pas aisé de saisir ce temps court entre guerre et paix, quand les hostilités cessent. Cest tout le mérite de cet ouvrage davoir su relever ce défi. Tous les pans de lhistoire, de lhistoire militaire à lhistoire économique, sont découverts pour nous permettre de comprendre ce moment «quand la guerre se retire».
Grégory Prémon ( Mis en ligne le 14/05/2013 ) Imprimer
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