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| Histoire & Sciences sociales -> Période Moderne |
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To Be or not to Be a Jesuit | | | Patricia M. Ranum Beginning To Be A Jesuit - Instructions for the Paris Novitiate circa 1685
The Institute of Jesuit Sources (Saint Louis) 2014 / / 240 pages
ISBN : 978-1-880810-75-0
36.95 $
L'ouvrage peut être commandé à  :
The Institute of Jesuit Sources
3601 Lindell Boulevard
St Louis, MO 63108
USA
(ijs@jesuitssources.com)
L'auteur du compte rendu : Françoise Hildesheimer est conservateur général aux Archives nationales et professeur associé à l'université de Paris I. Elle a notamment publié : Richelieu (Flammarion, 2004), La Double mort du roi Louis XIII (Flammarion, 2007) ainsi que Monsieur Descartes (Flammarion, 2010).
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«Celui qui lave [la vaisselle] ne doit point se presser, de sorte qu'il ne fasse, pour ainsi dire, que caresser la vaisselle. C'est une sotte gloire de vouloir paraître prompt quand on fait mal» (...) «Il faut tâcher de se former à parler en public comme si on avoit toute l'ambition du monde ; la Compagnie et le zèle des âmes le demandent». On pourrait multiplier à l'infini de telles citations grâce auxquelles on pénètre dans le noviciat parisien des jésuites au XVIIe siècle.
Voici en effet un ouvrage qui concerne au premier chef l'histoire religieuse de la France et l'histoire de Paris et qu'il convient d'autant plus de signaler au lecteur français qu'il ne lui est pas forcément accessible. Il s'agit de l'édition par Patricia Ranum du manuscrit 1793 de la Bibliothèque Mazarine, Instructions pour le Noviciat dont le texte français est présenté face à sa traduction en anglais et prolongé par une étude d'Orest Ranum, intitulée «Schooling and Courtesy».
L'édition elle-même, avec sa présentation introductive, ses notes (qui concernent le texte original français et sa traduction), sa bibliographie et son index, est impeccable. Le texte, qui va du «règlement extérieur» à la «direction intérieure», est une mine d'informations sur la vie quotidienne et la spiritualité des jésuites, qu'il s'agisse de faire son lit, d'exercer son corps et d'en satisfaire les besoins, de participer à la vie matérielle de la communauté, d'étudier, de pratiquer le silence, la pénitence, d'assister aux offices, exhortations et conférences et de vivre sa vie spirituelle, voire de guider celle des autres... Il fourmille de détails auxquels le dossier iconographique (pp.34-39) donne un cadre visuel très bienvenu.
De retour à Paris après leur expulsion en 1594, les jésuites installent leur noviciat parisien à l'hôtel de Mézières proche du Luxembourg, et dans son introduction Patricia Ranum s'attache particulièrement à la présentation de l'adaptation de ces locaux à leur nouvelle fonction et à la présentation des espaces et de leur distribution hiérarchisée telle qu'on peut la reconstituer. Les novices en sortaient et affrontaient un monde dangereux pour la promenade, la fréquentation de Saint-Louis la maison professe et l'église des jésuites, ou des séjours dans la maison de campagne de Montrouge : «On trouve en sortant de la Maison mille dangers qu'on n'a pas chès soi», mais aussi «on rencontre mille choses qui peuvent élever à Dieu».
L'étude conclusive d'Orest Ranum relie ce texte aux grands centres d'intérêt de l'historien moderniste et le replace dans une historiographie qui de Norbert Elias passe par Michel Foucault, Marc Fumaroli, Jacques Revel, Robert Muchembled, George Huppert... pour mettre en lumière le rôle pédagogique du jeu social coercitif orchestré par la politesse, son passage du monde ecclésiastique à celui de l'État moderne, de ces disciplines du quotidien que l'on prend si bien sur le fait chez les jésuites parisiens : «… le respect intérieur peut suppléer en partie au défaut de l'intérieur […]. On fait sa cour au prince en se tenant, en sa présence dans une position composée, n'eût-on pas la liberté de lui parler, ny la consolation de l'entendre» (instruction pour l'oraison).
Les années récentes nous ont fournis de nombreux travaux mettant en lumière la contribution des jésuites notamment à l'histoire des sciences. Avec ce texte, on touche du doigt la manière dont ont été formés ces représentants de la Réforme catholique en un temps que l'on nomme le «siècle des saints».
Françoise Hildesheimer
( Mis en ligne le 02/09/2014 )
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