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Histoire & Sciences sociales  ->  Période Moderne  
 

Du covid à la peste
Françoise Hildesheimer   Des Épidémies en France sous l'Ancien Régime - Une relecture
Nouveau monde 2021 /  17,90 € - 117.25 ffr. / 197 pages
ISBN : 978-2-38094-232-3
FORMAT : 14,0 cm × 21,0 cm

Françoise Hildesheimer collabore à Parutions.com
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La lumière du projecteur lancée par la pandémie de la Covid 19 autorise Françoise Hildesheimer à rouvrir son ancien dossier sur les épidémies des XVIIe- XVIIIe siècles (Fléaux et société : de la Grande Peste au choléra. XIVe-XIXe siècle, Hachette, 1993). Car cet événement, que l’on pensait hors d’âge malgré des alertes, permet de relire les sources et de leur soumettre de nouvelles interrogations sur les attitudes scientifiques ou pseudo-scientifiques, les réactions sociales et psychologiques, l’action des gouvernants du passé.

Enfermés dans le carcan de l’ignorance médicale, comment voir l’attitude des gouvernants de Marseille et de Paris lors de l’épidémie très bien documentée de 1720-1721, comment interpréter l’usage du vieux système du confinement comme moyen de lutte, observer la prise de contrôle qu’opère peu à peu une monarchie absolutiste, le développement d’une médecine administrative, les premiers balbutiements d’une science encore privée de la technique ad hoc se conjuguant avec l’épuisement de l’épidémie ?

Le bacille, tout comme le virus, s’est-il vraiment propagé d’Est en Ouest, par un commerce qui est prélude de la mondialisation, se fixant aux ports, dont Marseille, ou a-t-il été en dormance sur place quatre siècles pour ressurgir ? En tout cas, il opérait alors dans un monde où le nombre des hommes, les vitesses de leurs déplacements ou encore les connaissances étaient trop différents de ceux que nous connaissons aujourd’hui pour disqualifier a priori toute préfiguration parallèle qui partirait du passé pour caractériser la situation contemporaine.

En effet, les silences et les retards dus aux pressions et aux intérêts buttent sur la reconnaissance de la peste. La «science» médicale restant en seconde ligne, s’instaurent les peurs et la terreur, la récession économique, le bouleversement de la vie sociale et municipale, les mesures diverses d’isolement, quarantaine, lazarets, la fuite des aisés, mort des plus pauvres devenus la proie du bacille. La seule explication pénitentielle, dans ces temps de croyance, est donnée aux âmes par l’Église. Le politique vise essentiellement à tenter de maintenir l’ordre : Marseille met en route de premières mesures sanitaires, dans un bureau de santé et des agents sanitaires sur les côtes. À Paris, le Parlement prend l’initiative dès 1533 ; par la suite, s’instaure un triangle décisionnel Paris-Aix-Marseille faisant circuler informations et instructions tout en tentant de maintenir le secret sur la réalité du mal.

Mais confinements, isolements et contraintes mènent à l’échec et de l’hôpital, lieu de rassemblement et de contamination qu’il convient avant tout de fermer, et de ces mesures elles-mêmes, que ce soit à Digne, à Toulon, à Marseille ou en Gévaudan. Avec la montée en puissance du concept d’État, le XVIIIe siècle connait cependant une rationalisation de la protection et de la lutte sanitaire qui coïncide avec le retrait de la peste. L’immunité acquise des survivants se conjugue avec un suivi administratif plus intense ; la santé du peuple devient une question gouvernementale.

De nos jours elle entrainera d’autres questions, telle celle, inopérante jadis, des libertés individuelles. C’est dire combien le présent ne peut guère s’expliquer par un passé dont, en revanche, il éclaire des aspects jusque-là demeurés dans l’ombre, et que c’est dans le sens d’une réflexion par différence, prudente à l’endroit de toute séduisante mais artificielle concordance des temps, que peut fonctionner à bon droit l’idée d’une continuité historique. À condition d’éviter l’anachronisme qui les confondrait, les épidémies sont bien de grands personnages de l’histoire d’aujourd’hui et d’hier !


Marie-Noëlle Baudouin-Matuszek
( Mis en ligne le 23/09/2021 )
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