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Feuilleton d’une année singulière
Michel Winock   1789, l'année sans pareille
Perrin - Tempus 2004 /  9 € - 58.95 ffr. / 322 pages
ISBN : 2-262-02187-2
FORMAT : 11x18 cm

L'auteur du compte rendu : Éric Alary, agrégé d’histoire, docteur ès Lettres de l’IEP de Paris (sa thèse sur la ligne de démarcation a été publiée en 2003 chez Perrin), est professeur en Lettres Supérieures et en Première Supérieure au lycée Camille Guérin de Poitiers.
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Sous format de poche, les éditions Perrin ont eu la bonne idée de rééditer cet ouvrage de Michel Winock, publié en 1988. Le titre du livre est une formule du chroniqueur Louis-Sébastien Mercier, tirée des Annales patriotiques. L’auteur a d’ailleurs adopté le principe de la chronique en quarante petits chapitres courts et efficaces.

Comme à son habitude, dans ses récits ou ses manuels, Michel Winock fait montre d’une grande pédagogie et utilise une riche documentation. Il éclaire l’année tournant qui marque la fin de l’Ancien Régime et le début d’expériences politiques sans précédent en France. Le récit est factuel ; les dates importantes de l’année 1789 sont vues dans les trente-sept premiers épisodes, puis les trois derniers sont des bilans sur l’importance de cette année dans l’histoire, pour la France et pour l’Europe.

Avant d’entrer dans la partie tumultueuse de l’année 1789, Michel Winock revient en amont par l’évocation de la Journée des Tuiles le 7 juin 1788, la chute de Loménie de Brienne ; il opère un retour sur la définition du Tiers Etat, la prise en compte de l’état de l’opinion et de la partie misérable de la société, à savoir la majorité des habitants du royaume, au tournant de 1788 – 1789 et sur la convocation des Etats généraux. Bref, la pré-Révolution est bien envisagée, ce qui est nécessaire pour la compréhension des épisodes suivants.

L’ouvrage rappelle que l’année 1789 en France a un impact qui dépasse ses frontières. Il permet de répondre en partie de façon concise à la question de la singularité de la Révolution française par rapport aux autres révoltes et révolutions des XVIIe et XVIIIe siècles. La dimension sociale de la Révolution est évidente dès les premiers mois de l’année outre les équilibres internationaux que les révolutionnaires ont contribué à modifier par leurs mesures. L’année 1789 montre déjà les racines des paradoxes, des influences, des contradictions et des tensions de la plus grande partie de la Révolution. Chaque épisode de l’année 1789 explique d’autres séquences. Comment saisir la nuit du 4 août sans comprendre la Grande Peur ? Comment appréhender la volonté d’un coup de force royal – resté à l’état de projet - après les premiers événements violents de 1788 – 1789 sans étudier très précisément la prise de la Bastille le 14 juillet ? Tout se tient. L’année 1789 montre une crise profonde de la France qui ne se comprend qu’à la lumière de la connaissance des rapports entre les groupes sociaux, entre les sujets et leur roi, mais aussi entre les pouvoirs.

La politisation et la radicalisation de la Révolution font suite aux premiers faits révolutionnaires. La monarchie absolue s’effondre. L’événement est de taille. Les révolutionnaires veulent encore croire que le roi a une place dans le nouvel équilibre des forces politiques. Les premiers craquements de la Révolution dévoilent surtout des tensions entre les pouvoirs, mais sans l’appui populaire, il n’y a pas de conquête possible des libertés. La nuit du 4 août abolit les privilèges ; la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen donne aux paysans - qui représentent 80 % de la population - l’accès à la terre, entre autres. A l’Assemblée constituante, les premières tensions ne tardent pas ; les députés doivent vite prendre des mesures de maintien de l’ordre, assurées par la garde nationale. La vente des biens nationaux constitue l’un des épisodes très sensibles de cette première année de révoltes multiples. La création des départements est un autre temps fort. Ce ne sont là que quelques rappels de faits connus, mais que l’auteur décrit avec simplicité et efficacité. Il leur donne un coup de projecteur original.

Le livre de Michel Winock suscite la réflexion et prouve que plusieurs lectures croisées peuvent être faites de l’année 1789, et que la Révolution s’effectue autant «par le haut» que «par le bas». Au total, en 1789, la Révolution n’a pas été d’abord aristocratique, puis bourgeoise et populaire. Ces trois révolutions ne s’opposèrent pas. Au contraire, elles formèrent un tout : la première année révolutionnaire.


Eric Alary
( Mis en ligne le 09/11/2004 )
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