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Histoire & Sciences sociales -> Période Moderne |
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Le tour du monde en 1081 jours | | | Antonio Pigafetta Léonce Peillard Magellan - Relation du premier voyage autour du monde par Magellan (1519-1522) Tallandier 2005 / 25 € - 163.75 ffr. / 343 pages ISBN : 2-84734-216-8 FORMAT : 15x22 cm
L'auteur du compte rendu : Hugues Marsat, agrégé d'histoire, est enseignant dans le secondaire. Il mène parallèlement des recherches sur le protestantisme aux XVIe-XVIIe siècles. Imprimer
Partie dEspagne le 10 août 1519, lexpédition commandée par Magellan ne devait revoir Séville que le 6 septembre 1522. 265 hommes, embarqués sur cinq navires, levèrent lancre en 1519 et, par de nombreux coups du sort, ne se virent que 18 en arrivant au port. Heureusement pour les historiens, parmi les survivants figurent le pilote Francisco Alvo (ou Albo) et Antonio Pigafetta. Lun comme lautre ramenaient aussi un récit de cette première circumnavigation. Celui dAlvo nexiste quen un seul exemplaire aux archives des Indes à Séville, mais il subsiste des copies différentes du journal de Pigafetta à Milan, Londres et à la Bibliothèque nationale de France, dont le manuscrit français 5650 qui a fourni la base de cette édition introduite, transcrite et annotée par Léonce Peillard.
Entre deux romans maritimes ou daventures, peut-être avant de devenir membre de lAcadémie de marine et dêtre un historien de la bataille de lAtlantique, Léonce Peillard (1898-1996) se passionne pour lexplorateur portugais. Après un Magellan, mon maître (1948), il réalise en 1956 une édition scientifique de la Navigation et descouvrement de la Indie supérieure dAntonio Pigafetta. Une autre, peut-être différente, paraît en 1963 pour lUnion Général des Editions. Il sagit du même livre que celui imprimé aujourdhui pour les éditions Taillandier.
Outre la transcription (le manuscrit originel est en français), le travail de Léonce Peillard encadre le journal de Pigafetta. Une longue introduction entend présenter lauteur, son texte et ses différentes versions, Magellan et son voyage. Mais qui est Antonio Pigafetta ? On sait peu de choses de lui et Léonce Peillard en est réduit à quelques spéculations sur sa vie avant 1519. On perd trace de lui en 1524. En tout cas, lhomme se dit né à Vicence (Italie) et docteur. En 1519, il est à Barcelone, faisant partie de la suite de lambassadeur pontifical. Est-ce le vent de laventure qui le pousse à solliciter dembarquer avec Magellan ? Toujours est-il quil se voit exaucer et fournit ainsi la principale source sur le voyage de Magellan.
A lautre bout du livre, le romancier semble reprendre le pas sur lhistorien : une postface retrace encore une fois les différentes étapes de lexpédition en les enrichissant de détails arrachés «à des récits parlés et transmis de génération en génération, sur des ouvrages qui sapparentent plus à laffabulation quà lhistoire» (p.247).
Entre introduction et postface, dûment annotées, la Relation de Pigafetta sinscrit sur 130 pages, couvrant irrégulièrement le voyage du 10 août 1521 au 8 septembre 1522. Certaines parties, peu fertiles en événements, sont à peine évoquées comme la navigation le long des côtes dAfrique et la traversée vers Rio, dailleurs transformée sur la carte en deuxième de couverture en une traversée transversale depuis les Canaries. 10 août, 20 septembre, 3 octobre, trois dates, trois éphémérides et le 13 décembre, cest lentrée de la flottille en baie de Rio. La Patagonie et la traversée du détroit de Magellan (sic) laissent place à davantage de narration. Le 28 novembre 1520, 4 navires flottent sur le Pacifique.
Début mars 1521, les navires ont traversé locéan et abordent les Philippines, où Magellan est tué le 28 avril. Jusquen mars 1522, les navires espagnols sillonnent lAsie du Sud-Est insulaire et abordent non seulement les Philippines, mais aussi Bornéo, les Moluques et le Timor. Ces séjours occupent lessentiel du journal et Pigafetta sattache particulièrement à décrire la vie quotidienne des peuplades rencontrées, jusque dans des détails parfois croustillants. Cest aussi loccasion de réitérer une pratique inaugurée lors de la rencontre avec les Patagons et qui en fait une particularité précieuse de son travail : la transcription dune partie du vocable des autochtones. Puis cest le long retour vers lEurope par le Cap de Bonne-Espérance, passé le 6 mai 1522. Au Cap-Vert, Pigafetta constate un décalage de calendrier, son journal accusant un jour de moins que la date réelle. Il découvre ainsi linconvénient de faire le tour du monde par lOccident : Philéas Fogg ne fera involontairement pas la même erreur.
Cest donc un document précieux que les éditions Tallandier impriment à nouveau, mais ce nest pas un document rare. Les impressions de lédition par Léonce Peillard ne manquent pas et celle-ci en est au moins la sixième depuis 1963. Le texte en est le même, à quelques infimes et inutiles variations près dans les notes en fin de volume. Aussi intéressantes que soient ces dernières, cette édition napporte donc absolument rien sur le plan scientifique, dautant plus que la bibliographie na pas fait lobjet dune mise à jour : il ny a pas de titre antérieur à 1960 ! Que la publication des sources soit à la mode ces dernières années, notamment celles liées à lexploration et la colonisation du Nouveau Monde (les éditions Chandeigne pour le monde lusophone, lHistoire des Indes de Bartolomé de Las Casas au Seuil pour ne citer que ces exemples), ne justifie pas tout.
Hugues Marsat ( Mis en ligne le 06/05/2005 ) Imprimer | | |
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