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Histoire & Sciences sociales -> Période Moderne |
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Renaissance, Réforme et gallicanisme | | | André Tuilier Collectif Histoire du Collège de France - Tome 1. La Création (1530-1560) Fayard 2006 / 40 € - 262 ffr. / 482 pages ISBN : 2-213-62733-9 FORMAT : 15,5cm x 23,5cm
Préface de Marc Fumaroli.
L'auteur du compte rendu : archiviste-paléographe, docteur de l'université de Paris I-Sorbonne, conservateur en chef du patrimoine, Thierry Sarmant est adjoint au directeur du département des monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France. Il a publié en dernier lieu : Les Demeures du Soleil : Louis XIV, Louvois et la surintendance des Bâtiments du roi (Champ Vallon, 2003). Imprimer
Lhistoire des institutions culturelles nest pas une simple branche de lhistoire institutionnelle ou de lhistoire administrative. Autant que de lévolution et de lactivité propre de linstitution, cest de laction personnelle des hommes qui la composent quil sagit de rendre compte. La difficulté est particulièrement apparente dans le cas du Collège de France où les hommes ont précédé linstitution, car on a parlé de «lecteurs royaux» longtemps avant que de connaître un «Collège royal».
Premier dune entreprise de longue haleine, ce volume scrute cette période où le Collège est encore dans les limbes. Le cadre adopté est volontairement très large. Une introduction générale remonte presque un siècle en arrière pour faire le point sur la première Renaissance, sur ce quelle doit à Byzance, sur son essor en Italie et sur ses commencements en France. La première partie prend elle aussi les choses très en amont de la date symbolique de 1530 (date des premiers cours des lecteurs de grec, dhébreu et de mathématiques). Linstitution des lecteurs royaux est replacée dans le contexte de lhumanisme chrétien. Une seconde partie étudie linfluence européenne dErasme sur les transformations de la vie académique au XVIe siècle. Les créations analogues Collège trilingue de Louvain, université dAlcala de Henares sont longuement évoquées.
La troisième partie entre, si lon ose dire, dans le vif du sujet : la nomination des premiers lecteurs royaux, leurs relations avec lUniversité de Paris, les débuts difficiles de linstitution, au milieu des querelles religieuses qui vont en saigrissant dans les dernières années du règne de François Ier et sous Henri II. Les auteurs remettent notamment en cause le tableau traditionnel dune opposition tranchée entre lecteurs royaux, tenants du progrès, et Université de Paris, sanctuaire de la conservation. On devine aussi quelles bonnes fées ont soufflé au roi la création des premiers lecteurs : sa sur Marguerite de Navarre, son lecteur particulier lévêque Pierre Du Chastel, des grands prélats de cour, le cardinal Du Bellay, relayé plus tard par le cardinal de Lorraine. Linstitution de 1530 doit beaucoup à la politique menée par une élite gallicane pour favoriser une rénovation religieuse sans rupture avec Rome, «la Réforme en dehors du protestantisme» (A. Tuilier).
Dans la quatrième partie, les enseignements de chaque lecteur royal grec, hébreu, arabe, éloquence latine, philosophie, mathématiques, médecine font lobjet de développements spéciaux, ardus mais dun intérêt très vif. Les auteurs tentent en effet de reconstituer ce que peut être la pédagogie dun lecteur royal au XVIe siècle, fondée sur le commentaire de textes, et la conception quils avaient de leur discipline. Les mathématiques dun Oronce Finé embrassaient ainsi ce que nous nommons astrologie.
Fruit de la collaboration dune quinzaine de spécialistes français et étrangers, ce premier volume de lHistoire du Collège de France est dun abord difficile, en raison même de la complexité des matières traitées. Si cet ouvrage est moins accessible au grand public, même cultivé, il fait peu de doute quil prendra place dans la bibliothèque des historiens de la Renaissance et de la Réforme comme une référence de grande qualité.
Thierry Sarmant ( Mis en ligne le 08/11/2006 ) Imprimer | | |
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