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Histoire & Sciences sociales -> Période Moderne |
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Le point sur la question, les points sur les i | | | Annie Antoine Cédric Michon Collectif Les Sociétés au XVIIe siècle - Angleterre, Espagne, France Presses universitaires de Rennes - Histoire 2006 / 23 € - 150.65 ffr. / 507 pages ISBN : 2-7535-0278-1 FORMAT : 25,5cm x 24,0cm
L'auteur du compte rendu : Archiviste paléographe, Rémi Mathis est conservateur stagiaire des bibliothèques, en formation à lENSSIB. Il prépare une thèse de doctorat sur Simon Arnauld de Pomponne à lUniversité de Paris-Sorbonne, sous la direction de L. Bély. Imprimer
En fonction des programmes du CAPES et de lagrégation, on assiste chaque année à une floraison éditoriale. Bien que les auteurs soient pressés pour écrire rapidement des contributions destinées à accompagner les étudiants dès les premiers mois de leurs révisions, ces sorties sont souvent dune qualité satisfaisante. Nombreux sont les sujets dont lapproche aura été renouvelée par la mise au programme de lagrégation ; plus nombreux encore sont ceux pour lesquels on peut ainsi bénéficier de synthèses claires et utiles, faisant le point sur une thématique plus ou moins large.
Le programme dhistoire moderne de 2007-2008 est loccasion de reprendre près de cinquante ans de recherche en histoire sociale, période au cours de laquelle les approches ont considérablement évolué. Loptique comparatiste est à cet égard particulièrement féconde. Au cours du XVIIe siècle, la France, lEspagne et lAngleterre évoluent de manière différenciée. Les cadres sont certes globalement les mêmes (importance du monde rural, entre crises et développement de léconomie de marché, société reposant sur des ordres en recomposition profonde
) mais les trois pays présentent des caractéristiques diverses, que ce soit du point de vue économique, politique ou purement social.
Ce livre tente donc de faire le tour des problématiques liées au thème. Après une introduction, louvrage souvre sur un chapitre destiné à éclairer les questions traitées dans le corps du livre, en présentant les principaux concepts et les problématiques majeures, de la fin du XIXe siècle à nos jours en passant par les théories marxistes qui ont dominé la majeure partie du XXe siècle. Les auteurs présentent ainsi théories et méthodes qui ont permis de créer une nouvelle branche de lhistoire, en tentant de distinguer discours de lépoque et réalité étudiée.
La première partie est consacrée aux différents groupes sociaux. Une première approche consiste à étudier les «ordres» (noblesses, clergé). Cela ne suffit cependant pas à caractériser les divers groupes, qui se distinguent également par leurs modes de vie (sociétés urbaines, cas particulier des ports, sociétés rurales). Une attention toute particulière est accordée aux marges (pauvres, persécutés religieux). Ces groupes sont encadrés par des instances qui structurent les communautés et nourrissent les représentations de lespace social. Un des principaux est la famille, dans un monde où le groupe prime sur lindividu, mais la religion encadre également la société ; les sociétés rurales possèdent des caractéristiques particulières.
Histoires sociale et culturelle ont eu tendance à se rapprocher au cours des dernières années. Un point devait donc être fait sur la culture matérielle, en tant quinteraction de la société avec lenvironnement et discriminant social. Les places de lart et de léducation dans les trois sociétés font également lobjet détude. Enfin, une quatrième partie est consacrée aux contestations de lordre social. Si les élites jouent le rôle dinterface avec lautorité monarchique, la signification des révoltes populaires a été lobjet de très nombreux débats.
Dans chacune de ces parties, on assiste toujours à un véritable effort pour comparer les trois sociétés et non à une simple juxtaposition de tableaux. Pourtant, les auteurs ne sinterdisent pas de consacrer de courts chapitres à un point particulier (la noblesse espagnole, la révolte catalane de 1640, etc.) afin dapprofondir des sujets représentatifs ou peu connus. Surtout, un effort pédagogique a été fait afin de faire le point sur les problèmes historiographiques : les recherches actuelles sont souvent replacées dans leur contexte, ce qui éclaircit le propos et aide létudiant à comprendre les enjeux.
Louvrage est luvre dune équipe internationale, ce qui a plusieurs avantages. Certains chapitres (comme celui sur la pauvreté) sont ainsi rédigés par un chercheur français, un espagnol et un britannique. Cette méthode permet également douvrir la réflexion vers des problématiques différentes et de proposer une bibliographie véritablement européenne dune grande richesse. Notons enfin une initiative intéressante : donner ladresse et le courriel de chacun des auteurs, afin de permettre au lecteur dentrer en contact avec eux, voire de leur demander des précisions.
Louvrage ne se réduit pas à un manuel, même de bon niveau : il est un guide de préparation pour les concours et une synthèse bienvenue sur des thématiques complexes. Il demeure toutefois fondamental de le comparer à dautres ouvrages parus à la même occasion, comme Sociétés anglaise, espagnole et française au XVIIe siècle : Enjeux historiographiques, méthodologiques, bibliographie commentée, coordonné par J.-P. Poussou, chez Armand Colin.
Rémi Mathis ( Mis en ligne le 18/10/2007 ) Imprimer
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