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Le 18 Brumaire : la revanche posthume d’Edmund Burke (1729-1797)
Patrice Gueniffey   Le Dix-huit Brumaire - L'épilogue de la Révolution française, 9-10 novembre 1799
Gallimard - Les journées qui ont fait la France 2008 /  24 € - 157.2 ffr. / 422 pages
ISBN : 978-2-07-012032-1
FORMAT :  15,0cm x 22,0cm

L'auteur du compte rendu : Matthieu Lahaye est professeur agrégé et poursuit une thèse consacrée au fils de Louis XIV sous la direction de Joël Cornette.
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Dans ses Réflexions sur la Révolution en France publiées en 1790, Edmund Burke, membre du parlement anglais, dénonçait l’hybris des révolutionnaires français tant ils pensaient pouvoir créer un régime ex-nihilo, faisant «table rase du passé». Aux yeux du député whig, la nature n’existe pas ; l’histoire seule est légitime. Patrice Gueniffey, dans un brillant essai paru ces jours-ci aux éditions Gallimard dans la collection «Les journées qui ont fait la France», montre comment le 18 Brumaire rend en partie justice au penseur anglais. Pour l’auteur, la fin du Directoire est avant tout un processus d’abdication volontaire et de dépossession politique d’une élite révolutionnaire fatiguée.

Fatiguée car elle a échoué à imposer une nouvelle conception de la souveraineté après plusieurs siècles de monarchie absolue. Ainsi, la constitution de l’An III (22 août 1795) n’arrive pas à remédier à la rupture de 1789 qui consacre l’exercice collectif de la souveraineté et encore moins à celle de 1793, symbole d’anarchie et de surenchère populaire. La division du travail législatif entre deux assemblées et l’exécutif partagé entre cinq directeurs laissent très vite le régime impuissant. Comme Patrice Gueniffey le note, les assassins de Robespierre vont d’ailleurs condamner, dès sa naissance, la constitution : «L’histoire du Directoire est en effet celle d’un régime constitutionnel dont la politique se déploie dès l’origine hors du cercle tracé par la constitution».

Les Thermidoriens, incapables de se débarrasser des catégories d’Ancien Régime, considèrent qu’un corps politique sain doit demeurer sans division, uni dans la recherche de la vérité, tel un concile. Ainsi, au nom de la défense de la République, ils refusent de jouer le jeu démocratique en éliminant la nouvelle majorité royaliste aux Conseils le 18 fructidor an V (4 septembre 1797) et en invalidant des élections en mai 1798, jugées trop favorables aux Jacobins. Centristes extrêmes, surtout peuple d’ambitieux et d’arrivistes à l’image d’un Barras, égorgeur sous la Terreur, Brutus de Robespierre puis Directeur, les hommes du Directoire sont rapidement devenus inaudibles pour les Français - abstentionnistes à presque 80% à tous les scrutins.

Patrice Gueniffey montre dans son ouvrage comment, pour ce régime déliquescent, Bonaparte est apparu comme la meilleure des solutions. Général auréolé de ses victoires italiennes, à peine atteint par l’échec de la campagne d’Égypte, serviteur fidèle de la Révolution, il est aussi convaincu de la nécessité d’y mettre un terme afin de rassembler une communauté nationale divisée et dispersée par l’émigration. Bénéficiant de la complicité des Directeurs eux-mêmes - à l’exception de Gohier -, Bonaparte obtient sans mal l’exil des Conseils à Saint-Cloud le 18 Brumaire (9 novembre 1799). A l’aide du conseil des Anciens, acquis à sa cause, il oblige le conseil des Cinq-Cents, dirigé par son frère Lucien Bonaparte - véritable héros de la journée -, à se saborder tout en préservant un semblant de légalité.

Après onze chapitres aussi denses que bien informés, l’auteur, dans un épilogue peut-être un peu trop favorable à Bonaparte et au général De Gaulle, fait cependant un parallèle fécond entre le 18 Brumaire et le 13 mai 1958. Il souligne aussi combien toute l’œuvre de Napoléon sous le Consulat et l’Empire consiste à refonder l’unité du peuple français autour des valeurs révolutionnaires et d’une expérience inédite depuis 1789 : la représentation personnelle et démocratique de la souveraineté. C’est pourquoi Pierre Cabanis, dans son ouvrage consacré au couronnement de l’Empereur, a tord d’en faire seulement une «impériale bouffonnerie». Bien au contraire, il participe d’une synthèse des expériences de la souveraineté qui tient compte enfin de l’histoire - pour reprendre les termes d’Edmund Burke.


Matthieu Lahaye
( Mis en ligne le 21/05/2008 )
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