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Une culture du moi
Perrine Galand-Hallyn   Carlos Lévy    Collectif   La Villa et l'univers familial - Dans l'Antiquité et à la Renaissance
PUPS 2008 /  25 € - 163.75 ffr. / 292 pages
ISBN : 978-2-84050-538-9
FORMAT : 16,0cm x 24,0cm

L’auteur du compte-rendu : Yannick Durbec, professeur agrégé de Lettres Classiques, Docteur ès Lettres, enseigne en Lettres Supérieures et a publié une édition des fragments poétiques de Callimaque aux Belles Lettres, ainsi que plusieurs articles dans des revues de philologie.
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Ce volume, le deuxième de la collection «Rome et ses renaissances» dirigée par Perrine Galand-Hallyn, regroupe douze études articulées autour de deux axes, «La villa antique et humaniste : représentations et symbolisme» et «L’univers familial et ses représentations antiques et humanistes». Ces deux thèmes complémentaires permettent d’étudier, selon une perspective diachronique, l’influence de la sphère privée sur la constitution de la représentation que les auteurs donnent d’eux-mêmes.

La première partie est consacrée à la villa de l’Antiquité à la Renaissance, comme lieu de l’otium et image de son propriétaire. Sylvie Agache étudie la représentation de la villa en tant que double de soi, support et symbole de l’humanitas. Elle s’interroge sur la place particulière de la villa dans les pratiques sociales, la vie intellectuelle et les mentalités. Lieu d’épanouissement d’un raffinement teinté d’hellénisme qui s’oppose au mos maiorum, les villas suscitent l’invidia, mais aussi l’émulation. Alain Deremetz réfléchit au caractère métapoétique des descriptions de villas chez Horace et Martial. La description par Horace de son domaine de Sabine répond à l’exigence éthique du «rien de trop», à laquelle correspond la retenue descriptive. Les épigrammes de Martial s’inscrivent dans une continuité thématique et formelle à travers l’évocation des villas de Iulius Martialis et de Faustinus. Les villas révèlent les idéaux de leurs propriétaires et leur description répond à un projet éthique et poétique.

Stéphanie Wyler analyse le développement du dionysisme romain dans l’espace privé des villas et montre que les représentations dionysiaques répondent aux choix et aux références des propriétaires, concepteurs de véritables programmes iconographiques, dans le cadre d’une auto-représentation culturelle. L’auteur s’intéresse à deux programmes : la Maison du faune et la villa de la Farnésine. Le premier s’insère dans un discours sur la souveraineté hellénistique et constitue la proclamation artistique d’un mode de vie centré sur l’otium et la luxuria, tandis que le deuxième adapte cette culture au langage augustéen. L’article de Ginette Vagenheim a une teneur plus polémique et entend revaloriser le rôle de l’antiquaire Pirro Ligorio dans la conception de la villa d’Este, inspirée par la redécouverte de la villa d’Hadrien. Anne Bouscharain met en lumière l’évocation de la villa d’Ozzano par Battista Spagnoli et réfléchit sur l’élaboration par l’érudit d’un mythe personnel, qui naît de l’éloge d’une villa humaniste qui constitue une synthèse idéale entre la solitude, la retraite et le loisir studieux. Perrine Galand-Hallyn effectue une synthèse des «aspects du discours humaniste sur la villa», en envisageant la représentation de la villa chez Politien, Brie, Crinito, Macrin et L’Hospital. Le discours ancre dans le réel autobiographique les villas, qui sont des métonymes des écrivains, alors que les références aux textes antiques rattachent les humanistes à un «passé culturel commun».

Le deuxième axe de réflexion concerne les conceptions romaines, puis humanistes, de la famille et plus particulièrement du lien conjugal et de la maternité. Valéry Laurand se livre à une analyse comparative de deux pensées du mariage : celle de Musonius et celle d’Auguste, telle qu’elle apparaît à travers deux discours reconstitués par Cassius Dion, dans l’Histoire romaine. Pour Le Prince, le mariage et surtout la procréation sont un devoir civique. Virginie Leroux étudie à travers la métaphore du joug le rôle des philosophes, et en particulier de Sénèque, dans la valorisation du lien conjugal. Le philosophe stoïcien met en scène les ravages provoqués par le furor qui brise l’union maritale. Ses tragédies condamnent toutes les perversions conjugales, causées par les hommes aussi bien que par les femmes. Sylvie Franchet d’Espèrey observe la valorisation de la sphère privée à l’époque flavienne, contrepartie d’une moins importante influence politique. L’examen des poésies de Stace montre l’importance du principe conjugal et l’émergence d’une pietas erga coniugem. Émerge alors un nouveau type féminin, celui de la femme «virile», dont le courage est mis au service de la sphère privée. John Nassichuk s’intéresse à l’éloge de la vie conjugale chez son premier chantre de la Renaissance, Pontano. Ce dernier célèbre le bonheur de la paternité par des berceuses, les Nénies, qui sont étudiées par Aline Smeesters. La conception humaniste de la maternité, telle qu’elle s’exprime à travers la Paedotrophia de Scévole de Sainte-Marthe, est l’objet de la réflexion d’Emilie Séris, qui se propose d’examiner «les arguments médicaux, moraux et pédagogiques (…) en faveur de l’allaitement».

Au fil de ce volume édité avec soin se dessinent donc les représentations de l’univers intime des Romains, tel qu’il s’exprime dans le cadre des villas. Les humanistes de la Renaissance puisèrent dans les écrits antiques exprimant cette culture du moi.


Yannick Durbec
( Mis en ligne le 09/07/2008 )
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