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L'empire et les cartes
Pierre Singaravélou   L'Empire des géographes - Géographie, exploration et colonisation (XIXe-XXe siècle)
Belin 2008 /  24 € - 157.2 ffr. / 287 pages
ISBN : 978-2-7011-4677-5
FORMAT : 17,5cm x 24cm

L'auteur du compte rendu : Historien des relations internationales à Sciences Po Paris, Pierre Grosser est directeur des études de l’institut diplomatique du ministère des affaires étrangères.
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Les études se multiplient aujourd’hui sur les différents acteurs de la colonisation et sur les représentations de l’Empire en métropole. Après les historiens britanniques, les historiens français s’interrogent sur la manière dont le fait d’avoir des colonies a transformé la France, qu’il s’agisse de ses institutions ou de ses visions du monde. Il ne s’agit plus seulement, comme dans les années 1960-70, de faire l’inventaire des «groupes de pression» qui ont influencé les décideurs. L’ouvrage s’insère aussi dans la problématique fort débattue du pouvoir par le savoir, dans le cadre d’une modernité qui tisse toujours plus sa toile.

Comme souvent dans des ouvrages collectifs, venant à la suite d’autres publications sur le sujet, les contributions sont d’intérêt inégal. Il faut commencer par celle du maître d’œuvre, qui fait un bilan informé des réflexions sur les liens entre géographie et colonisation. Il est simplement dommage qu’il n’insère pas mieux les conclusions des autres textes dans son panorama. Celui-ci prend ses distances par rapport aux discours à la mode sur l’«orientalisme» de l’Occident et sur le post-colonial, arrivé en force dans la production française depuis quelques années. Il montre la diversité des approches géographiques sur l’Empire et les limites de l’imprégnation de la géographie française, alors en pleine mutation, par les études coloniales.

Ces limites apparaissent nettement dans les autres contributions. Les sociétés de géographie qui se multiplient ne survivent pas toutes (en AOF). Certaines sont tellement liées aux intérêts économiques qu’elles changent d’horizon lorsque ceux-ci s’intéressent moins à l’outre-mer (à Lyon). La chaire de géographie coloniale à Bordeaux ne survit guère à Marcel Dubois pour qui elle avait été créée, et est transformée avec Pierre Gourou en chaire de géographie tropicale. La géographie militaire pourtant très dynamique s’intéresse avant tout à la frontière à l’Est.

A côté de ces exemples bien traités, le reste de l’ouvrage est de qualité inférieure. Les prétendues synthèses sur l’historiographie des explorations ou sur la médecine et la colonisation sont loin de faire le tour des problématiques et des travaux, qui sont pourtant très abondants. Les contributions sur Gauguin ou sur le Journal des Voyages n’apportent pas grand-chose. Les présentations précises sur les cartes d’état-major en Algérie et sur la politique forestière au Maroc auraient mérité d’être plus approfondies ; la seconde s’inscrit pourtant dans une vigoureuse poussée de l’histoire environnementale.

Des grands géographes appelés à contribuer, Paul Claval est le plus clair pour replacer la géographie coloniale dans l’évolution de la géographie française qu’il connaît si bien et pour montrer que le géographe a moins cherché «à fournir aux colonisateurs des instruments analytiques qui leur manqueraient» qu’à «susciter en Europe un intérêt intellectuel et des soutiens pour les actions qu’ils mènent». Mais un prolongement de la réflexion des années 1930 aux années 1950, au temps de la «mise en valeur», aurait sans doute nuancé le propos. On attendait des éléments sur le rôle de géographes français non seulement dans la critique de la colonisation (Jean Dresch), mais aussi dans l’action de coopération voire de soutien (comme André Prenant en Algérie), avec un intérêt nouveau pour les questions de politique économique.


Pierre Grosser
( Mis en ligne le 14/07/2009 )
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