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Histoire & Sciences sociales -> Période Contemporaine |
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Grandeur et décadence des fêtes nationales | | | Rémi Dalisson Célébrer la nation - Les fêtes nationales en France de 1789 à nos jours Nouveau monde 2009 / 24 € - 157.2 ffr. / 535 pages ISBN : 978-2-84736-324-1 FORMAT : 14cm x 22,5cm
L'auteur du compte rendu : Agrégé, Pierre Triomphe vient de soutenir une thèse sur «Les mises en scène du passé au Palais-Bourbon (1815-1848). Aux origines dune mémoire nationale». Il a publié LEurope de François Guizot (Privat, 2002). Imprimer
Lhistoire politique a largement exploré le terrain des festivités publiques ces trente dernières années. Des travaux comme ceux de Mona Ozouf sur les fêtes révolutionnaires ou dOlivier Ihl sur la fête républicaine ont renouvelé notre compréhension de la France contemporaine. Leurs bornes chronologiques rendaient utile une vue densemble sur la période contemporaine. Après deux ouvrages remarqués sur les fêtes politiques de 1815 à 1870, puis sous le régime de Vichy, Rémi Dalisson comble cette lacune par une étude sur les fêtes nationales allant de 1789 à lactualité la plus récente : récentes initiatives sarkoziennes, controverses autour des commémorations nationales (esclavage, colonisation
), rapport Kaspi sur le sujet
Même si lauteur souligne limpact des évolutions sociales, sociétales et technologiques, lévolution des pratiques festives est dabord liée aux changements de régime qui ponctuent son plan chronologique. De 1789 à la victoire républicaine des années 1870, le calendrier festif est changeant et controversé. Les différentes monarchies, y compris lEmpire, font ainsi de la fête du souverain la principale fête nationale. Ces régimes cherchent en effet à enraciner leur emprise sur le pays, à nationaliser leurs valeurs et leurs emblèmes (drapeaux, hymnes, figures allégoriques
) par des cérémonies publiques, alors que les opposants les détournent souvent pour manifester leur existence, à une époque où les réunions politiques sont généralement interdites. Labstention ou les provocations diverses sont nombreuses, comme ce légitimiste criant, en 1833, à loccasion de la saint Philippe, «cest un libéral, il faut le tuer».
Un certain nombre de codes festifs nationaux sélaborent néanmoins au cours de ces années, notamment sous le Second Empire dont lauteur souligne limportance à la suite de Sudhir Hazareesingh. La victoire de la IIIe République les complète et consacre le 14 juillet comme fête nationale à partir de 1880. Un consensus autour dun calendrier, dune mémoire, de valeurs et de symboles républicains apparaît et dure jusquen 1914 ; le succès des nombreuses fêtes en lhonneur des grands ancêtres républicains comme Michelet ou Jules Ferry en témoigne. Le déclin de la fête nationale débuterait avec la Grande Guerre et lintroduction dune «valeur ambiguë» comme la mort à travers la célébration du 11 novembre. La période vichyste a beau nêtre quun intermède sans lendemain, la modernisation sociale et sociétale de lhexagone, la poussée de lindividualisme, la crise identitaire nationale et la remise en cause dune mémoire républicaine de plus en plus contestée par des poussées mémorielles concurrentes (colonisation, esclavage
) se traduirait par un déclin continu depuis mai 68 des fêtes nationales qui seraient aujourd'hui «en miettes».
La démonstration sappuie sur des sources très riches : bibliographie conséquente, imprimés dépoque, sources archivistiques diverses. Elles sont à lorigine de nombreuses analyses intéressantes portant sur plusieurs milliers de fêtes, parisiennes et provinciales, urbaines et rurales. Quelques réserves cependant. Le raisonnement sappuie souvent sur des données quantitatives problématiques, faute de précision sur la composition du corpus. Lauteur sintéresse essentiellement aux discours prononcés par les autorités et à leur ordonnancement, négligeant dautres questionnements issus des sciences sociales. Lusage du vocabulaire manque parfois de rigueur, ainsi du terme légitimiste, et certaines expressions méritaient une définition, à commencer par «fête nationale» : lauteur nomme ainsi certaines fêtes en fonction de leur statut officiel, mais aussi de critères personnels variés et vagues. Enfin, le nombre non négligeable de coquilles ou derreurs (1856 pour la bataille de Solferino) savère gênant, de même que les notes placées en fin de chapitre.
Dans lensemble, la lecture est cependant stimulante et plaisante, grâce notamment à une iconographie riche, malheureusement en noir et blanc. La présence dun index et dune bibliographie thématique fait enfin de louvrage une référence utile.
Pierre Triomphe ( Mis en ligne le 15/09/2009 ) Imprimer
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