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La guerre et la chute
Richard-J Evans   Le Troisième Reich - Volume 3 - 1939-1945
Flammarion - Au fil de l'histoire 2009 /  35 € - 229.25 ffr. / 1102 pages
ISBN : 978-2-08-120955-8
FORMAT : 16cm x 25cm

Traduction de Barbara Hochstedt et Paul Chemla.

Les auteurs du compte rendu :

Archiviste-paléographe, docteur de l'université de Paris I-Sorbonne, conservateur en chef du patrimoine, Thierry Sarmant est adjoint au directeur du département des monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France. Il a publié Les Demeures du Soleil, Louis XIV, Louvois et la surintendance des Bâtiments du roi (2003), Vauban : l'intelligence du territoire (2006, en collaboration), Les Ministres de la Guerre, 1570-1792 : histoire et dictionnaire biographique (2007, dir.).

Jean-Pierre Sarmant est inspecteur général honoraire de l’Éducation nationale.

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Ce troisième et dernier volume d’une œuvre monumentale est consacré à la guerre de revanche et de conquêtes dont le tome précédent a montré que la préparation était, dès les origines, le moteur de l’action du Troisième Reich.

Fidèle au titre d’ensemble de l’ouvrage, ce volume n’est pas à proprement parler une histoire générale de la Seconde Guerre mondiale. La description des opérations militaires y est concise mais particulièrement claire. Elle est accompagnée d’analyses souvent originales. L’auteur s’est attaché aux moments qu’il considère comme les tournants du conflit, en particulier les batailles de Moscou et de Stalingrad. A la différence de nombreux auteurs occidentaux, il met largement en valeur le rôle d’un «front de l’Est» qui a toujours et de loin mobilisé la plus grande part des moyens allemands et sur lequel s’est joué pour l’essentiel le sort de la guerre. Richard J. Evans dénonce la légende répandue par les généraux allemands mémorialistes des années 1950 et 1960, selon laquelle ils auraient pu gagner la guerre si Hitler leur avait laissé faire leur travail. L’échec devant Moscou d’un plan Barbarossa qui avait bien été, lui, préparé par les meilleurs généraux en est pour lui la preuve. C’est l’ensemble des dirigeants militaires allemands qui, aveuglés par les succès inespérés des campagnes de 1939 et 1940, ont lourdement surestimé leur propres forces et sous-estimé celles de l’adversaire. Les victoires initiales avaient été pour beaucoup causées par la surprise. Comme l’ont compris certains Allemands lucides dès l’automne 1941, à partir du moment où l’Allemagne était engagée dans une guerre d’usure, la considérable infériorité de ses moyens industriels et humains comparés à ceux de l’ensemble des ses adversaires devait conduire inéluctablement à la défaite.

En dehors des «tournants» mentionnés ci-dessus, l’auteur accorde une part importante à l’analyse de la campagne de Pologne de 1939 et au martyre subi par ce pays. L’extrême brutalité voire dans bien des cas le sadisme de nombreuses unités allemandes se manifeste dès les premiers jours. Pour Evans, ces comportements, qui déboucheront rapidement sur des meurtres de masse, ne sont pas apparus à l’issue d’une lutte acharnée, mais sont bien la conséquence de préjugés profondément enracinés. Sans parler du cas des Juifs, l’opinion allemande avait, dès avant la Première Guerre mondiale, des sentiments mêlés de crainte et de mépris à l’égard des populations slaves de l’Europe orientale, des sentiments que les nazis ont seulement exacerbés.

Sans être non plus une histoire exhaustive de la Shoah, l’ouvrage ne traite pas seulement de la «solution finale» dans les 120 pages du chapitre qui lui est consacré mais montre tout au long du volume le rôle central de la persécution des Juifs et met en valeur la primauté absolue de l’antisémitisme dans l’idéologie du Troisième Reich. La traque obsessionnelle des communautés juives, jusqu’aux plus minuscules, se poursuit hors de toute rationalité économique ou stratégique. Hitler et ses hiérarques croyaient au mythe qu’ils avaient créé d’une conspiration juive mondiale animant Churchill, Staline et Roosevelt comme des pantins. La légende du «coup de poignard dans le dos» de 1918 orchestré par les Juifs était également prégnante : constituant un ennemi intérieur, les Juifs devaient être éliminés en toute priorité. Sur la fin, se venger du rôle imaginaire des Juifs dans la défaite imminente était également devenu une motivation première et les nazis ont poursuivi cet objectif jusqu’au bout.

La description du Reich au cours des années de guerre est particulièrement complète (économie, société, religion, arts). Pour ce qui est de l’économie de guerre, Richard J. Evans utilise l’ouvrage du ministre Speer, tout en soumettant ce dernier à une critique par endroits très nécessaire. L’analyse des évolutions de l’opinion publique allemande est particulièrement intéressante. Elle se fonde sur la comparaison de sources nombreuses, dont la plus surprenante est la suite des rapports réalistes établis par les services de sécurité SS, souvent sévères dans les dernières années et éloignés de l’image d’une société allemande héroïque que le pouvoir aurait souhaité se voir renvoyer.

La description de «l’Ordre nouveau» dans les différents pays de l’Europe occupée met en valeur l’extrême diversité des situations, découlant des préjugés de l’idéologie raciste des nouveaux maîtres. Si l’anéantissement de la communauté juive des Pays-Bas a été poursuivi avec une toute particulière méticulosité, c’est ainsi parce que les Hollandais étant destinés à être incorporés à terme dans le Reich, la préservation de la pureté de leur sang germanique devenait une priorité absolue.

La lecture de ce volume long et dense est facilitée par la présence de nombreux éléments qui le rendent vivant : citations de périodiques, de journaux personnels, de courriers échangés, d’anecdotes, d’histoires humoristiques en circulation.

Tout au long de cet ouvrage magistral, Richard J. Evans conserve le détachement et la rationalité qui s’imposent à l’historien. A l’issue de la lecture de ces trois volumes, le lecteur a le droit, lui, d’être envahi par l’émotion devant la description des accomplissements ultimes d’un régime fondé depuis les origines sur la haine et sur la violence.


Jean-Pierre & Thierry Sarmant
( Mis en ligne le 27/10/2009 )
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