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Histoire & Sciences sociales -> Période Contemporaine |
| Pierre Milza Les Derniers jours de Mussolini Fayard 2010 / 21.90 € - 143.45 ffr. / 350 pages ISBN : 978-2-213-65548-2 FORMAT : 14cm x 22cm
L'auteur du compte rendu : Alexis Fourmont a étudié les sciences politiques des deux côtés du Rhin. Imprimer
Dans son ouvrage Les Derniers jours de Mussolini, Pierre Milza retrace la fin du Duce. Pour ce faire, lhistorien retranscrit la scène de son exécution, de la façon dont Valerio - lenvoyé du Comité insurrectionnel - la naguère présentée : avec toute lénergie du désespoir, la maîtresse de Mussolini - Claretta Petacci - se serait précipitée sur Valerio afin de lempêcher de faire feu, puis elle se serait jetée au cou de son amant en tonnant que «lui ne doit pas mourir». Ainsi, pour la postérité, lenvoyé du Comité mit en scène «un Mussolini tremblant de peur, lui-même appuyant sur la détente de sa mitraillette qui senraye, puis saisissant un pistolet qui se bloque également et semparant pour finir de larme de Pietro, un PM Mas 38 de fabrication française, avec lequel il réussit enfin à accomplir sa besogne». Frappé par cinq balles, le Duce «tombe à genoux foudroyé, la tête penchée sur la poitrine». Quant à Claretta, elle est abattue à son tour, refusant de séloigner de la dépouille de Mussolini afin de partager jusquau bout son sort (p.194).
La fin de Mussolini nest pas aussi simple quil parait. Pis, sa mort semble nimbée dun épais mystère, que Pierre Milza a tenté de dissiper. Ainsi, précise lhistorien au cours de son introduction, «Mussolini est mort deux fois. La première le 25 juillet 1943, en tant que «guide» longtemps tout-puissant de lItalie fasciste. La seconde le 28 avril 1945, lorsquil tombe sous les balles de partisans italiens en application du «jugement» prononcé par les dirigeants du mouvement insurrectionnel milanais» (p.7). Pour bien saisir la logique qui a sous-tendu lexécution de celui qui fut le maître de lItalie, lhistorien se penche essentiellement sur les trois derniers jours de Mussolini. Car lexposition macabre des dépouilles des anciens dignitaires du régime fasciste sur le piazzale Loreto de Milan nest que laboutissement dune succession de «choix quasi-suicidaires» de la part de Mussolini (p.11).
Au fil des pages, P. Milza se demande si le dénouement aurait pu être différent. «En effet, Mussolini a bien failli échapper à ses «protecteurs» allemands, puis à ses poursuivants, partis de Milan dès lannonce de son arrestation pour léliminer. Deux fois, continue lhistorien, il a été arrêté par le lieutenant SS Birzer alors quil tentait avec plusieurs de ses compagnons de passer en Suisse. A Dongo, au lieu de feindre lébriété au fond de son camion, il aurait pu commander à son escorte puissamment armée douvrir le feu sur les hommes de la 52e brigade Garibaldi. Dans la nuit du 27 au 28 avril, il avait pu entrevoir un court moment la possibilité dêtre transporté avec sa maîtresse sur lautre rive du lac, où son évasion avait été préparée avec laide des services secrets américains. Mais, surtout, pendant les quelques jours passés à Milan il aurait pu (
) rejoindre clandestinement un aérodrome local et, de là, gagner la Suisse, la Bavière ou lEspagne». On le voit, Mussolini sest à chaque fois fourvoyé. Chose étonnante, il sest constamment entêté à «emprunter la voie périlleuse, celle de la rive ouest, plutôt que celle de lest, plus courte, moins directement menacée par les partisans et surtout protégée par dimportantes forces fascistes» (p.11).
Lenchaînement de tellement de décisions plus désastreuses et funestes les unes que les autres ne laisse pas de susciter interrogations et perplexité, si bien que P. Milza sinterroge ouvertement : «Mussolini était-il pleinement conscient des risques quil prenait ? Avait-il conservé une confiance telle en son «étoile» quil pût imaginer atteindre sans encombre la Valteline ou la Suisse ? Était-ce un dernier défi lancé à ses adversaires ? Ou une soumission plus ou moins délibérée à la force du destin ? (
) Les mêmes mobiles ont-il à nouveau joué, qui lavaient conduit à narguer le sort à la veille de la réunion du Grand Conseil fasciste du 25 juillet 1943, prélude à sa destitution et à son arrestation sur ordre du roi» (pp.11-12) ?
Cest à ces questions que louvrage tente dapporter des réponses. La fin de Mussolini nest pas anecdotique, loin sen faut, puisquelle a contribué à accélérer la déliquescence de laxe Rome-Berlin et quelle a par ailleurs annoncé le suicide dHitler. A peine quarante-huit heures plus tard, terrassé par les Alliés, le Führer suivait le Duce pour éviter que se réalise sa crainte dêtre exhibé devant les Moscovites dans une «cage à singes»
Alexis Fourmont ( Mis en ligne le 22/02/2011 ) Imprimer
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