|
Histoire & Sciences sociales -> Période Contemporaine |
| Robert Service Trotski Perrin 2011 / 27 € - 176.85 ffr. / 606 pages ISBN : 978-2-262-03453-5 FORMAT : 15,5cm x 24cm
Martine Devillers-Argouarc'h (Traducteur) Imprimer
Dans sa remarquable biographie, sobrement intitulée Trotski et parue aux éditions Perrin, Robert Service indique demblée que Trotski (1879-1940) connut une trajectoire tout à fait singulière, particulièrement jalonnée de drames. Il traversa le ciel de l'Histoire comme une véritable «comète politique». A cet égard, comme le rappelle lhistorien, cest en 1917 que le Révolutionnaire attira lattention du monde pour la première fois. En revanche, sa fin fut nettement moins heureuse que les débuts de sa carrière politique, puisquil mourut en exil au tout début de la Seconde Guerre mondiale. Cest au Mexique quun agent de Staline lassassinat brutalement.
Celui qui fut «le plus grand orateur de la révolution russe» était issu dune famille de la moyenne bourgeoisie juive. Lors de ses études de droit à lUniversité dOdessa, le jeune Lev Davidovitch Bronstein devint un militant révolutionnaire. Sil fut arrêté, puis déporté en Sibérie orientale, il parvint néanmoins à séchapper en Angleterre à laide dun faux passeport au nom de Trotski. Ce nom, le Révolutionnaire russe le garda jusquà la fin de sa vie. Outre-Manche, Trotski fit la rencontre de Lénine et Plekharov. Ses rapports avec Lénine connurent des hauts et des bas. Il lui reprochait notamment son «jacobinisme centralisateur».
Trotski put revenir en Russie en février 1905. Il devint le chef du soviet de Saint-Pétersbourg, où il fut à nouveau arrêté, puis déporté. Il réussit à senfuir de Sibérie pour, finalement, atterrir à Vienne, où il travailla pour divers journaux. Au congrès de Copenhague de 1910, Trotski défendit une position intermédiaire entre les bolcheviks et les mencheviks : partisan de la révolution permanente, le Russe soutenait que son pays, bien quéconomiquement en retard, pouvait passer létape de la révolution bourgeoise et édifier directement le socialisme. Pour ce faire, il réclamait la mise en place dun gouvernement ouvrier. Sil nétait pas présent aux débuts de la Révolution de 1917, Trotski finit par arriver à Petrograd en mai.
En juillet, il se rallia aux bolcheviks et devint membre du Comité central. Durant la Révolution, son rôle fut décisif et presque aussi important que celui de Lénine. Le président du soviet de Petrograd devint commissaire du peuple aux affaires étrangères en octobre. Il finit par se résoudre à la paix immédiate avec lAllemagne, que consacra le traité de Brest-Litovsk (3 mars 1918). En tant que président du conseil révolutionnaire de la guerre, Trotski organisa efficacement larmée rouge en sinspirant du précédent de la Révolution française.
Toutefois, plutôt que de se contenter de consolider le socialisme en Russie, Trotski préféra la révolution mondiale. Dès la mort de Lénine, le 21 janvier 1924, le combat sengagea entre Staline et Trotski. Celui-ci plaida vigoureusement en faveur dun rajeunissement des cadres du parti et dénonça la «vieille garde» dans ses Leçons doctobre. Il brocarda la politique de renforcement de lEtat entreprise par Staline et la considéra comme une sorte de réaction thermidorienne. Si Zinoviev et Kamenev le soutinrent, laffrontement tourna à lavantage dun Staline appuyé sur le puissant appareil du parti.
Tour à tour destitué de ses fonctions, puis exclu du parti et finalement du territoire soviétique, Trotski fit lexpérience des affres de lexil. Il dut fuir en Turquie, où il fonda la IVe Internationale dont le leitmotiv fut la révolution permanente et universelle. Il sétablit ensuite en France, puis en Norvège, avant de gagner le Mexique, où il fut assassiné par le maître du Kremlin. Tout au long de son exil, cet intellectuel brillant put sadonner à lécriture. Il se consacra notamment à lexercice autobiographique, à lhistoire ainsi quà la théorie.
Cest ce riche destin que restitue avec brio Robert Service.
Jean-Paul Fourmont ( Mis en ligne le 08/11/2011 ) Imprimer | | |
|
|
|
|