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Gaston de Levis   Ecrire la Révolution : 1784-1795 - ''Lettres à Pauline''
La Louve 2011 /  26 € - 170.3 ffr. / 576 pages
ISBN : 978-2-916488-47-9
FORMAT : 20,4cm x 14,5cm

Claudine Pailhès (Commentateur)

L'auteur du compte rendu : Françoise Hildesheimer est conservateur général aux Archives nationales et professeur associé à l'université de Paris I. Elle a notamment publié : Richelieu (Flammarion, 2004), La Double mort du roi Louis XIII (Flammarion, 2007) ainsi que Monsieur Descartes (Flammarion, 2010).

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«Je vous écris du haut d’un moulin à vent d’où je vois l’armée française à moins d’une demi lieue rangée en bataille sur une hauteur, et à un petit quart de lieue l’armée du roi de Prusse et la nôtre réunie couronnent la montagne que l’ennemi a abandonné hier matin». Ce propos daté du 23 septembre 1792 donne à réviser la vulgate républicaine de la bataille de Valmy dont la victoire aurait été assurée aux troupes françaises le 20 septembre, et montre, à tout le moins, avec quel profit des sources privées peuvent être convoquées à la barre de la «grande» histoire. Tel est bien le cas des quelque trois cents lettres de Gaston de Lévis à sa femme Pauline et des quelques chapitres de journal de voyage en Prusse et Russie du même Gaston, que publient dans les meilleures conditions scientifiques et matérielles Claudine Pailhès et La Louve Éditions.

Acquis par les Archives de l’Ariège sans que l’on puisse établir leur provenance et leur itinéraire, ces documents complètent directement les célèbres archives de la grande famille de Lévis, sources indirectes au sens plein du terme, puisque, si leur objet premier est d’entretenir un lien affectif entre deux époux, elles se révèlent témoignage de première main sur une période historique à l’écart de toute défense d’une cause, qu’elle soit politique ou personnelle. Il s’agit, comme le note, l’éditrice, d’«un magnifique cadeau fait à l’histoire».

Gaston de Lévis, issu d’une branche cadette des Lévis, était le fils d’un maréchal de France qui s’était illustré sur les champs de bataille (en particulier au Canada) ; en 1784, il épouse Pauline d’Ennery alors âgée de 13 ans, riche héritière d’une fortune récente (d’origine martiniquaise par sa mère), et même si la dernière lettre du recueil fait état de difficultés dans le couple, voire d’une rupture, celui-ci se révèlera fort solide. Rentré en France en 1800, le duc, qui participera à la vie politique de la restauration, est connu par son activité littéraire ultérieure (en 1816, il sera élu à l’Académie française).

De Versailles en Angleterre, en passant par la Lorraine ou les Pays-Bas, on suit un personnage qui évolue de manière très humaine au fil des événements qu’il rapporte et en fonction desquels il doit se déterminer : le monarchiste député aux États généraux adepte des réformes et de la paix, l’émigré en puissance soucieux de sauvegarder son patrimoine, puis l’engagé lucide dans l’armée des princes, l’époux amoureux et tourmenté, l’exilé en Angleterre, le participant à l’expédition de Quiberon, se fait le fidèle rapporteur des événements auxquels il participe. Quant à Pauline, dont on ne peut que regretter la disparition des lettres qu’elle adressait en retour à son mari, elle apparaît malgré tout comme une personnalité, originale et indépendante, digne de celle de son mari avec qui elle écrit même un temps un roman à quatre mains.

L’intérêt de la lecture captivante de ces documents impeccablement édités en français modernisé et écrits dans une langue superbe, tour à tour réfléchie, émouvante ou humoristique, éclairés par une remarquable annotation, est évident. On retrouve un plaisir proche de celui que l’on éprouvait à la relecture des célèbres Mémoires de la Marquise de la Rochejaquelein récemment réédités, ainsi que l’occasion d’une réflexion sur la complémentarité des sources privées et publiques de l’histoire : récit partisan et recomposé de la mémorialiste, lettres intimes écrites au jour le jour se révèlent comme les complémentaires vérificateurs des documents administratifs officiels. De leur usage conjoint, c’est l’histoire qui sort gagnante.


Françoise Hildesheimer
( Mis en ligne le 15/11/2011 )
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