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Histoire & Sciences sociales  ->  Période Contemporaine  
 

Soldats de fortune
Walter Bruyère-Ostells   Histoire des mercenaires - De 1789 à nos jours
Tallandier 2011 /  19,80 € - 129.69 ffr. / 270 pages
ISBN : 978-2-84734-678-7
FORMAT : 14,5cm x 21,5cm

L'auteur du compte rendu : Alexis Fourmont a étudié les sciences politiques des deux côtés du Rhin.
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«Quoi ! Ces cohortes étrangères
Feraient la loi dans nos foyers !
Quoi ! Ces phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fiers guerriers
».

Maître de conférences en histoire contemporaine à l’Institut d’études politiques d’Aix en Provence, Walter Bruyère-Ostells a choisi de placer le troisième couplet de La Marseillaise en exergue de sa récente Histoire des mercenaires, parue aux éditions Tallandier. Comme l’indique l’auteur, le mercenariat est une activité très ancienne dont on retrouve la trace dès l’Antiquité. A cet égard, Bod Denard la tenait naguère pour «le deuxième plus vieux métier du monde».

Le mercenaire, explique Walter Bruyère-Ostells, pourrait être défini comme «un prestataire de services qui, au-delà des causes, des motivations, des évènements, des moyens de recrutement et de rétribution, met à la disposition de son employeur (étatique ou privé) une force armée». Suivant l’irrésistible phénomène de la globalisation, le recours à ces combattants étrangers se serait généralisé aux quatre coins du monde, si bien que ceux-ci ont adopté pour devise Orbs patria nostra, autrement dit «le monde est notre patrie».

Dans le présent ouvrage, avec force détails, l’auteur se penche donc sur la très riche histoire du mercenariat depuis 1789 jusqu’à nos jours et plus spécialement sur ses principales lignes de rupture. A cet égard, explique d’emblée l’historien, le couplet de l’hymne national est tout à fait symptomatique du changement de perception du mercenariat lors de la Révolution française.

En effet, «l’image dévalorisée du mercenaire est (…) une construction mentale très récente (…). La chute de la monarchie en 1792 semble coïncider avec la disparition des soldats de fortune à son service». Si l’Assemblée nationale décida de dissoudre tous les corps mercenaires en juillet 1791, elle toléra néanmoins les gardes suisses. L’exception ne devait être que de courte durée, puisqu’à l’occasion de la prise des Tuileries la plupart d’entre eux furent massacrés par les sans-culottes.

C’est à partir de la proclamation de la République que les historiens ont pris pour habitude de distinguer entre les volontaires étrangers, regroupés dans les légions, et les mercenaires. A l’époque de la «Nation en armes», dont la bataille de Valmy fut le premier fait d’armes, les mercenaires furent particulièrement décriés. Le Révolution française ayant balisé l’imaginaire et la culture de la société hexagonale, ces soldats de fortune ont gardé cette mauvaise presse jusqu’à nos jours.

Mais cette piètre réputation est-elle méritée ? Telle est l’une des questions auxquelles l’ouvrage de Walter Bruyère-Ostells s’efforce de répondre. L’historien s’interroge en outre sur «l’externalisation des prestations armées» en ce début de XXIe siècle. L’Afghanistan et l’Irak constituent en effet des théâtres de ce retour du spectre des «conflits privés». La parenthèse des États-nations est-elle en train de se refermer, comme le suggère la disparition de l’appel des conscrits sous les drapeaux ? Ou bien assiste-t-on plutôt à «une délimitation de la nébuleuse mercenaire et à son inscription dans les règles du droit international» ?


Alexis Fourmont
( Mis en ligne le 29/11/2011 )
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