|
Histoire & Sciences sociales -> Période Contemporaine |
| |
Une impressionnante ville de contrastes | | | Ewa Bérard Pétersbourg impérial. Nicolas II, la ville, les arts Belin 2012 / 25 € - 163.75 ffr. / 404 pages ISBN : 15,0 cm × 21,5 cm FORMAT : 978-2-7011-6291-1 Imprimer
Depuis sa fondation en 1703 par le tsar Pierre le Grand, lequel souhaitait se ménager par ce biais une fenêtre sur lEurope occidentale, la célèbre ville russe na cessé de déchaîner les passions. Rivale de Moscou, la «Venise du Nord» fut la capitale du pays de 1712 à 1918. Daucuns lui reprochèrent son artificialisme. La ville serait une pure imitation de ce qui se faisait dans les autres monarchies européennes de lépoque. La ville aux 400 ponts a souvent été mobilisée dans la controverse très récurrente en Russie - qui oppose les occidentalistes aux slavophiles.
Ainsi que le relève Ewa Bernard dans son dernier ouvrage Pétersbourg impérial. Nicolas II, la ville, les arts. 1894-1914, récemment paru chez Belin, le Saint-Pétersbourg impérial des premières années du XXe siècle était une impressionnante ville de contrastes : «chez les uns, un débordement de luxe, une débauche de couleurs, des uniformes chamarrés dor et dargent cliquetant de médailles ; chez les roturiers, tout est terne, ce ne sont que redingotes et vestes sombres et ingrates». Dans ce bel ouvrage, Ewa Bérard revient notamment sur lhistoire de ce tiers état, laquelle est en Russie ramassée sur à peine quelques décennies, par le prisme de sa dimension urbaine.
Rappelons demblée que le règne de Nicolas II fut marqué par une industrialisation accélérée et une modernisation brutale. En 1905, la révolution souligna lécart, labysse qui séparait les élites de la société russe des masses pauvres et laborieuses. Cette année-là, toutes les couches sociales et tous les peuples se dressèrent contre le trône. Les Lois fondamentales que le tsar concéda en 1906 restreignirent quelque peu son pouvoir et permirent la mise en place de libertés bourgeoises, ce qui se manifesta notamment par la mise en place dune Douma dEtat et de partis politiques. Peu à peu, un espace public se mit en place.
Ewa Bérard combine trois approches différentes, mais complémentaires pour analyser le Saint Pétersbourg impérial : tout dabord, elle sintéresse aux rapports du tsar avec la «Venise du Nord». Longtemps ambivalent, le monarque finit par quitter la ville en 1904 à la suite de la naissance de lhéritier et en pleine guerre en Extrême-Orient. On le sentait partout, alors quil nétait nulle part. La deuxième approche consiste à sappesantir tout spécialement sur laction des réformateurs, tandis que la réputation de mauvaise gestion de Saint-Pétersbourg grandissait. La troisième et dernière approche est centrée sur les artistes et la culture.
Assurément, les rapports entre ces trois protagonistes furent extrêmement tourmentés. Ils étaient marqués, explique lauteure, par la curiosité et le goût du risque. Toutefois, larrivée au pouvoir des Bolcheviks signifia la revanche jubilatoire de Moscou après deux siècles dhumiliation.
Jean-Paul Fourmont ( Mis en ligne le 05/02/2013 ) Imprimer
A lire également sur parutions.com:Nicolas II de Victor Loupan | | |
|
|
|
|