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La Révolution continue
Anne de Mathan  & alii   Mémoires de la Révolution française - Enjeux épistémologiques, jalons historiographiques et exemples inédits
Presses universitaires de Rennes 2019 /  28 € - 183.4 ffr. / 391 pages
ISBN : 978-2-7535-7702-2
FORMAT : 16,5 cm × 24,0 cm
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Trente ans après Les Lieux de mémoire et le Bicentenaire de la Révolution française, à l’heure où le président de la République se livre à des itinérances mémorielles, la mémoire, affleurement le plus récent d’un passé ancien, est toujours à l’ordre du jour des historiens. Parmi eux, François Hartog a contribué à la formation et à la diffusion du «concept heuristique» de «régime d'historicité» (cf. son livre éponyme, Seuil, 2003) défini comme «les modes d’articulation des trois catégories du passé, du présent et du futur, en parlant en termes de catégories, pas du contenu que l’on donne à chacune des catégories, mais des catégories elles-mêmes, et de la façon dont leurs articulations ont varié selon les lieux et selon les époques». Selon Hartog, ce régime d'historicité est marqué actuellement par le présentisme qui privilégie la mémoire (traces laissées dans le présent par des passés successifs) à l'histoire (reconstruction et mise à distance de ces passés).

Ce ne sont point sous ces auspices sans doute trop extérieurs qu’est placé cet ouvrage, mais directement sous le patronage de saint Augustin, l’auteur des Confessions qui explora avec délices ces relations toujours mystérieuses entretenues par les humains à leur mémoire. Son point d’application c’est la Révolution française. Or les révolutions sont des phénomènes historiques tout à fait singuliers. Loin de pouvoir être abordées comme le simple produit d’un ensemble de causalités linéaires, elles mettent en jeu des possibilités, qui s’apparentent à autant de bifurcations, de discontinuités, de possibles pas de côté dans le développement des sociétés, ainsi que dans leur mise en récit à travers la recherche d’origines et de suites (davantage que la vieille articulation causes-conséquences). Le point d’application éclate et devient multiple et l’on doit parler au pluriel : il s’agit bien de mémoires de la Révolution française dont traite ce séminaire de recherche interdisciplinaire tenu à Brest en 2013-2015 qui semble continuer la démarche de Mémoires et miroirs de la Révolution française (Siècles. Cahiers du Centre d'histoire, «Espaces et cultures», Université Blaise Pascal-Clermont-Ferrand II, n°23, 2006).

Une date n’est vivante que si elle est mobilisée, voire réinterprétée. Suite d’événements extrêmement complexes dont l’écho retentit sur les événements postérieurs, 1789 est le parfait exemple de moment fondateur qui, continuellement interrogé et réinterprété depuis l’origine même, fait partie de l’identité française. La question naît avec la Révolution : dès le 4 août, elle relègue dans le passé révolu l’Ancien Régime ; en 1794, elle s’invente une mythologie en réunissant Voltaire et Rousseau au Panthéon. 1789 ; 1889 ; 1989, mais aussi 1917, 1919, 1939 balisent un itinéraire, une reconnaissance mémorielle percutée par l’actualité de Moscou ou de Pékin qui réactive la problématique dictature/liberté, alimente un scepticisme à l’endroit du progrès et donne prétexte à controverse autour des droits de l’homme. Et aujourd’hui, le conflit initial se voit, dans le discours politique, transformé en ciment d’unité nationale où se côtoient et se mêlent affectivité et rationalité. C’est dire l’impossibilité d’une mémoire unifiée tant cette mémoire est elle-même un enjeu.

D’où l’extrême diversité et la construction «kaléidoscopique» de ce recueil d’études qui a l’ambition de poser un constat de complexité, davantage que de constituer une étude exhaustive. Se présentant comme «transdisciplinaire et fort des contributions de 31 chercheurs français et étrangers, le livre s’ouvre par des réflexions épistémologiques sur la question de la mémoire très actuelle en sciences sociales. Il explore la diversité des historiographies internationales de la Révolution française et présente des études de cas individuels ou collectifs». C’est aussi l’occasion de confrontation générationnelles au sein du groupe des auteurs qu’il serait ici impossible de tous citer tant la diversité de leurs objets d’étude est grande, qu’il s’agisse de réflexions historiographiques et méthodologiques ou d’études érudites. À défaut, on se permettra d’ouvrir encore plus grand le champ des possibles avec une simple suggestion de prolongement dans une direction qui, bien que non évoquée dans le volume, en légitime la démarche : la tradition familiale (Amblard de Guerry, «De la mémoire immédiate à la mémoire retrouvée», La Vendée dans l’histoire, Perrin, 1994, p. 169-174) qui se révèle tout à la fois témoignage et leçon d’histoire.


Françoise Hildesheimer
( Mis en ligne le 06/12/2019 )
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