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Un penseur controversé hier et aujourd’hui
Yves Guchet   Georges Sorel (1847-1922) - Serviteur désintéressé du prolétariat
L'Harmattan 2001 /  27,44 € - 179.73 ffr. / 333 pages
ISBN : 274750204X
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Georges Sorel est un intellectuel français du début du siècle dont les ouvrages sont sujets à polémique et constituent un enjeu historiographique important. Objet d’études nombreuses sous nos latitudes historiennes depuis une vingtaines d’années, il bénéficie d’une biographie nouvelle sous la plume d’Yves Guchet, politologue, auteur d’un travail récent sur Georges Valois.

Contre la tradition sternhélienne, visant à faire de l’auteur des Réflexions sur la violence l’un des pères fondateurs du fascisme européen et, avec d’autres personnalités telles que Gustave Le Bon ou Maurice Barrès, l’un des signes patents d’un fascisme à la française, Guchet défend Sorel en retraçant son itinéraire.

Il est vrai que Sorel déroute. Ancien polytechnicien et ingénieur des Pont et Chaussées, il se consacre à partir de la fin des années 1880 à la réflexion philosophique, sociale, économique et politique. D’abord exégète reconnu du marxisme, il rejoint les révisionnistes à la fin des années 1890 et devient au début du siècle, après un engagement dreyfusard, l’un des théoriciens les plus importants du syndicalisme révolutionnaire. Déçu par ce dernier à partir de 1908, il évolue jusqu'à la guerre vers la réaction, flirtant sans lendemain avec l’Action française de Charles Maurras, initiant l’expérience étrange du Cercle Proudhon en 1912 et animant, de 1911 à 1913, la très traditionaliste et nationaliste Indépendance de Jean Variot. La guerre met fin à cette dérive et positionne à nouveau le penseur à gauche : contempteur de l’Union Sacrée, il salue la Grande Lueur à l’Est et s’éteint en 1922 non sans avoir remarqué la vivacité de Mussolini de l’autre côté des Alpes.

Yves Guchet consacre à chacun de ces moments un chapitre de son ouvrage. Le marxisme, le révisionnisme, le maurrassisme et ses écueils, le bergsonisme, les relations nombreuses que le philosophe entretient en Italie, tous ces éléments sont abordés par le politologue mais sans apporter d'éclairage nouveau sur le personnage. Dans la lignée de son étude sur Valois, Guchet semble avoir voulu entreprendre celle de Sorel, dans un but défensif. Mais la défense est maladroite. Attaquant frontalement Sternhell, il lui oppose des arguments caduques et contestables. « Qu’il [Sorel] ait considéré à partir de 1906 la classe ouvrière inférieure à sa mission historique en raison des manipulations politiciennes dont elle avait été victime, c’est un fait. Qu’il ait songé à un autre vecteur historique, voilà qui est impossible à démontrer si l’on s’en tient à ses écrits. Impossible à identifier, le glissement doit donc être considéré et postulé comme inévitable parce que logique. Dans l’optique que Z. Sternhell prête à Sorel, la déception relative au destin de la classe ouvrière ne peut être que le signe infaillible du recours à la nation envisagée comme seule catégorie historique de substitution. » (p. 205.)

L’affirmation est péremptoire et sujette à caution. Il semble en effet que le virage de Sorel vers le nationalisme et la tradition s’opère tant du fait de prédispositions personnelles chez un moraliste bourgeois que la modernité peut atteindre, que du besoin chez ce penseur du social de trouver le groupe le plus apte à régénérer un corps social jugé décadent. Or, en 1909, un groupe suscite incontestablement son intérêt du côté de l’Action française dont il salue à maintes reprises le dynamisme et la combativité. Mais Sorel n’est pas un doctrinaire et ne sera donc pas le satellite de Maurras qu’en fait Zeev Sternhell, le liant ainsi, à partir du révisionnisme marxiste, au fascisme mussolinien. C’est cet aspect de l’interprétation sternhélienne qui semble le plus contestable.

On préférera donc à cette nouvelle biographie de Sorel les nombreux travaux déjà existant. Les biographies de Pierre Andreu, Georges Goriély et Shlomo Sand ainsi que les études estimables proposées par la revue Mil Neuf Cent (anciens Cahiers Georges Sorel) doivent servir de préalable à toute approche d’un philosophe controversé. Ajoutons que la qualité moyenne de la présente édition, parsemée d’erreurs typographiques, n’encourage pas à acquérir un ouvrage par ailleurs onéreux.


Thomas Roman
( Mis en ligne le 15/02/2002 )
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