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Culte et finances
Jean-Pierre Moisset   Les Biens de ce monde - Les finances de l'Eglise catholique au XIXe siècle dans le diocèse de Paris (1802-1905)
Presses Universitaires de Bordeaux 2004 /  39 € - 255.45 ffr. / 392 pages
ISBN : 2-86781-325-5
FORMAT : 16x24 cm

L’auteur du compte rendu : agrégée d’histoire et docteur en histoire médiévale (thèse sur La tradition manuscrite de la lettre du Prêtre Jean, XIIe-XVIe siècle), Marie-Paule Caire-Jabinet est professeur de Première Supérieure au lycée Lakanal de Sceaux. Elle a notamment publié L’Histoire en France du Moyen Age à nos jours. Introduction à l’historiographie (Flammarion, 2002).
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Cet ouvrage est l'édition d'une thèse de doctorat, entreprise en réponse à l'appel lancé en 1975 par Jean-Marie Mayeur (L’Histoire religieuse de la France. XIXe-XXe siècle. Problèmes et méthodes, Beauchesne.). Jean-Pierre Moisset y étudie le diocèse de Paris de l'application du Concordat (1802) à la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat (1905).

Le contexte est celui d'une ferveur religieuse retrouvée au lendemain des événements révolutionnaires, dans une capitale dont l'importance s'accroît considérablement tout au long du siècle, tant d'un point de vue politique que démographique et économique, autant de facteurs qui retentissent sur la vie du diocèse de Paris, alors que simultanément décroît l'influence des évêchés traditionnellement concurrents de la capitale, en particulier Reims. Neuf archevêques se succèdent à Paris entre 1802 et 1908, qui doivent affronter les questions liées à cet accroissement.

Jean-Pierre Moisset demeurant dans le cadre du Concordat, il n’étudie pas les congrégations religieuses et analyse les deux sources de financement du diocèse : publique et privée. Plusieurs directions de recherche structurent son travail : les conditions administratives et économiques de la vie du diocèse, comprendre mieux le financement public et son évolution (en déclin), alors que s'affirme la croissance séculaire du financement privé. Le fil directeur de l'étude est de comprendre et d'évaluer la participation financière des catholiques. Trente pages de graphiques sont données en annexe, ainsi qu'une liste des sources et une bibliographie.

Paris représente cependant dans l'Eglise catholique un cas particulier que l'on ne peut extrapoler à l'ensemble de la France. Pour le financement public l'Etat assure le traitement des curés et des desservants, la Ville de Paris (qui a un statut administratif spécial en 1800) représente au cours du siècle 52% du financement général (44% Etat, 4% département), ce en raison majoritairement de la construction d'édifices religieux. Une partie de ces constructions est due à des initiatives publiques. En revanche la participation des communes de banlieue n'a pu être évaluée.
La construction des édifices, leur restauration après la période difficile des événements révolutionnaires, le manque d'entretien, et éventuellement le vandalisme, représentent 60% des financements publics. Certains régimes, comme la Restauration, y ont accordé davantage d'importance. Enfin, Notre Dame de Paris est un poste particulièrement lourd! Dans le cas du financement privé, les sources sont peu abondantes et inégales, La Madeleine, Saint Roch et Saint Sulpice dominant l'ensemble.

Jusqu’en 1873, le financement public est dominant puis on constate une part croissante du financement privé ; ceci s'explique en partie par le poids des majorités anticléricales au conseil municipal et au conseil général, en 1874, puis à la Chambre des députés en 1876 et au Sénat en 1879. Aussi les restrictions budgétaires se multiplient-elles à partir des années 1880 (loi du 22 mars 1885). Toutes les subventions non explicitement prévues dans le cadre de la loi du 18 germinal an X sont désormais suspendues.

Dans ces conditions, le financement du culte est principalement assuré par les fidèles, ce qui représente sans doute une réalité différente du reste de la France. Certes les recettes augmentent au cours de la période, liées à des revenus variés : location des chaises dans les églises, ventes de cierges, offrandes déposées dans les troncs installés à partir de 1809, droits casuels, legs, revenus immobiliers. Cependant, les dépenses connaissent aussi une croissance : frais nouveau de personnel pour assurer la solennité des cérémonies, chauffage et éclairage des lieux de culte, charges religieuses et charitables, entretien des vieux prêtres.

Jean Pierre Moisset étudie les différents instruments de gestion : la Caisse diocésaine, fondée en 1806 et assujettie à une tutelle de l'Etat, les autres institutions diocésaines (séminaire, petit séminaire, infirmerie Marie Thérèse etc.), ainsi que les fabriques paroissiales. Ces questions ont surtout suscité l'intérêt des historiens du droit et du contentieux financiers, ce qui s'explique par l'abondance des sources. Traditionnellement, les historiens du religieux ont marqué peu d'intérêt pour ces questions, souvent techniques, préférant réserver leurs études aux sensibilités religieuses et aux comportements. Ce type d'analyse a aussi été abordé par un autre biais : celui des biographies épiscopales. Si les comptes de fabrique ont fait l'objet de conservation inégale, en revanche les archives publiques sont abondantes.

De lecture peut-être austère, le livre de J.-P. Moisset n'est jamais ennuyeux ; il nous fait revisiter côté coulisses tout un monde décrit par les romanciers du XIX siècle, de Balzac à Proust. Il donne l'exemple concret de fonctionnement du Concordat et éclaire ainsi les conditions qui ont précédé la séparation de l'Eglise et de l'Etat, d'où est issu ce modèle de laïcité à la française qui, plus que jamais, est d'actualité.


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 26/10/2004 )
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