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Histoire & Sciences sociales -> Période Contemporaine |
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La nostalgie du temps des colonies ? | | | Pascal Blanchard Sandrine Lemaire Culture impériale. 1931-1961 - Les colonies au coeur de la République Autrement - Mémoires 2004 / 19 € - 124.45 ffr. / 276 pages ISBN : 2-7467-0485-4 FORMAT : 15 x 23 cm
L'auteur du compte rendu: Agrégé et docteur en histoire, Jean-Noël Grandhomme est l'auteur d'une thèse, "Le Général Berthelot et l'action de la France en Roumanie et en Russie méridionale, 1916-1918" (SHAT, 1999). Il est actuellement PRAG en histoire contemporaine à l'université "Marc Bloch" Strasbourg II. Imprimer
Pour un peuple qui était sensé ne guère sintéresser à ses colonies (où il a très peu émigré, en dehors de lAlgérie) et préférer «la Corrèze au Zambèze», les Français nen finissent pas de se retourner sur leur ancien Empire. Le flot des publications, en effet, ne tarit pas sur le sujet. En témoigne, entre autres, cet ouvrage édité en collaboration avec lassociation «Connaissance de lAfrique contemporaine».
Serait-ce «à la recherche de nos ailleurs perdus» que nous nous lançons aujourdhui ? Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire se posent cette question dans leur introduction. Dans cette quête, le point de départ pourrait être 1931 : lExposition coloniale, lapogée de lEmpire. Mais les Romains savaient que la roche Tarpéienne était proche du capitole. Après lapogée commence la chute, au cours de laquelle les deux guerres mondiales pèseront de tout leur poids, les pesanteurs administratives et laveuglement de certains colons aussi, tout comme la politique «anticolonialiste» déclarée de lURSS et de ses auxiliaires communistes nationaux et, enfin, celle, plus sournoise mais tout aussi efficace (en Indochine comme en Algérie), des Etats-Unis. Vers 1960 la France se retrouve orpheline de son Empire et regrette de navoir pu partager davantage avec lui. Limmigration et le tiers-mondisme lui donneront loccasion de «poursuivre son uvre» ou de «réparer ses erreurs» - selon les points de vue vis-à-vis de ses anciens colonisés.
Ce livre est à limage de la communauté des historiens, et cest lun de ses grands mérites. Au lieu dinstruire le procès de la colonisation uniquement à charge, comme de nombreux autres ouvrages lont déjà fait, il donne la parole à des chercheurs de sensibilités très différentes et dhorizons variés, permettant au lecteur de se faire peu à peu ses propres opinions et lengageant à pousser plus avant la réflexion. Cest peu dire que Jacques Frémeaux et Jean-Luc Einaudi nont pas la même vision de la décolonisation et du drame algérien
Abordant à la fois des points dhistoire sujets à controverse, mais aussi lhistoire des mentalités, les échanges culturels entre les différentes parties de la «plus grande France», les ambiguïtés de la République et des partis avancés (de la gauche ferryste à la SFIO des années 1950) sur la question, ce livre, agréable à lire (même dans le désordre), ne peut qualimenter utilement un débat toujours en cours.
Jean-Noël Grandhomme ( Mis en ligne le 06/04/2005 ) Imprimer
A lire également sur parutions.com:Colonisation : droit d'inventaire de Claude Liauzu , collectif Le Livre noir du colonialisme de Marc Ferro , collectif Massacres coloniaux de Yves Benot | | |
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