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Histoire & Sciences sociales  ->  Période Contemporaine  
 

Histoire et mémoire d'un génocide
Annette Wieviorka    Collectif   Auschwitz - La Solution finale
Tallandier 2005 /  21 € - 137.55 ffr. / 304 pages
ISBN : 2-84734-211-7
FORMAT : 15x22 cm

L'auteur du compte rendu : Agrégé d’histoire et titulaire d’un DESS d’études stratégiques (Paris XIII), Antoine Picardat est professeur en lycée et maître de conférences à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris. Ancien chargé de cours à l’Institut catholique de Paris, à l’université de Marne la Vallée et ATER en histoire à l’IEP de Lille, il a également été analyste de politique internationale au ministère de la Défense.
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Comme toutes les commémorations, celle, il y a trois mois, du 60e anniversaire de la découverte et de la libération par l’Armée rouge des camps d’Auschwitz a été l’occasion d’une abondante production éditoriale, constituée pour l’essentiel de deux groupes. D’une part les recueils de témoignages et autres souvenirs de survivants, qui sont désormais devenus un genre à part entière en histoire, d’autre part des ouvrages généraux sur la Shoah.

Dans l’ensemble, ces derniers n’ont rien apporté de nouveau à la connaissance ou à la tentative de compréhension, ne serait-ce que technique, de celle-ci. En revanche, ils proposent souvent d’intéressantes synthèses ou des mises à jour des connaissances sur la question. Auschwitz. La solution finale appartient à cette deuxième catégorie d’ouvrages. Il rassemble 24 articles, tous parus dans la revue L’Histoire, dont on retrouve beaucoup de signatures habituelles, et organisés en trois parties : «Les mécanismes de l’extermination», «Spectateurs, résistants et complices» et «Histoire et mémoire du génocide». S’ajoutent à cela un plan du complexe d’Auschwitz-Birkenau, une chronologie et un lexique des termes de la Shoah.

La plupart des articles portent sur des sujets classiques et sont plutôt descriptifs : sur les origines et les étapes de la Solution finale, le fonctionnement du camp d’Auschwitz, les silences du Vatican ou l’insurrection du ghetto de Varsovie. L’un de ces articles mérite d’être spécialement mentionné : «Enquête sur les chambres à gaz» de Jean-Claude Pressac. L’auteur, décédé en 2003, présente la particularité d’avoir commencé sa carrière en flirtant avec les milieux négationnistes. Mais les recherches qu’il mena dans les archives conservées à Auschwitz le convainquirent bien vite de l’atroce et incontestable vérité des chambres à gaz et du système d’extermination. Il devint alors un spécialiste de la dimension technique de cette extermination. Son article, outre l’intérêt de l’itinéraire de Jean-Claude Pressac, est à la fois passionnant et terrifiant, en ce qu’il expose la froide technicité, à la fois bureaucratique et industrielle, des problèmes que rencontrèrent et résolurent aux différentes étapes du processus, les artisans de la Shoah, chacun à son niveau de responsabilités. Tous ces articles, même s’ils font un peu catalogue, fournissent donc des mises au point ou des récits bien utiles en particulier pour ces éternels chercheurs d’informations que sont les enseignants ou les étudiants.

Le grand intérêt de l’ouvrage réside peut-être dans un petit nombre de textes, qui posent des problèmes allant au delà de la connaissance, mais qui, finalement, y renvoient. «Faut-il des lois contre les négationnistes ?», interroge, sceptique, Madeleine Rebérioux. La question se pose en effet, au moment où la tendance à légiférer sur tout, notamment sur ce qui relève de la recherche et du débat entre historiens, se confirme. D’autant que l’efficacité de telles lois est rien moins qu’évidente. Jamais une loi ne remplacera en effet la connaissance, laquelle peut seule fonder légitimement un interdit. Ensuite, un entretien avec Dominique Borne, doyen de l’Inspection-générale d’histoire-géographie, pose la question de «Comment parler d’Auschwitz à l’école ?» et le problème de la mémoire. Hasard ? En tout cas ce soixantième anniversaire a été marqué par des références systématiques mais très confuses à la mémoire et au «devoir de mémoire», mais aussi par la découverte que des lycéens pouvaient mal se comporter lors d’un voyage scolaire à Auschwitz...

Hasard heureux en tout cas, car, comme le dit Dominique Borne, et comme l’a rappelé Annette Wieviorka récemment, la mémoire ne doit pas être le résultat d’une injonction. Elle ne peut exister sans connaissance, donc sans un travail de découverte et d’appropriation. On sent bien ici les ambiguïtés, voire les dangers, d’un «devoir de mémoire» érigé au rang de dogme, qui l’emporte trop souvent sur la connaissance de fond. Ce «devoir» risque d’être peu productif, ou pire, s’il est assené comme un corps de doctrine à accepter tel quel, sans que son sens, sans que les faits et les processus à l’origine de ce dont il entend conserver éternellement le souvenir, soient suffisamment expliqués.


Antoine Picardat
( Mis en ligne le 27/04/2005 )
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