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Histoire & Sciences sociales -> Période Contemporaine |
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Bilan sur un chantier historiographique | | | Jean-François Sirinelli Jean-Yves Mollier François Vallotton Collectif Culture de masse et culture médiatique - en Europe et dans les Amériques (1860-1940) PUF - Le noeud gordien 2006 / 29 € - 189.95 ffr. / 323 pages ISBN : 2-13-055531-4 FORMAT : 15,0cm x 21,5cm
Lauteur du compte rendu : Mathilde Larrère est maître de conférences en Histoire contemporaine à l'université Paris XIII et à l'IEP de Paris. Imprimer
La culture de masse et lon entend désormais sous ce terme les processus de marchandisation, de mondialisation de la culture, de concentration dune industrie culturelle, mais aussi de conditionnement des opinions publiques - est au cur du débat public depuis une quinzaine dannées. Les premiers travaux sur la culture de masse, que lon devait surtout à la sociologie et aux sciences de la communication, tendaient à dater de lentre-deux-guerres lavènement de ce nouvel âge culturel et faire coïncider sa naissance avec le triomphe des industries culturelles américaines (qui permettait la naissance dune «culture médiatique», industriellement reproduite et tendant à être standardisée) et avec lère des totalitarismes (dautant que lorsque lon parle de culture de masse, les fantasmes dendoctrinement et de manipulation ne sont jamais loin). Saffrontent alors sur cette question les tenants dune vision pessimiste qui privilégie lanalyse en terme daliénation, de sous-culture et de soumission aux logiques du marché, et dautres qui voudraient valoriser un phénomène de démocratisation culturelle.
Lun des premiers intérêts de ce livre collectif, fruit dun colloque organisé à Lausanne en 2004, est de rendre compte dune recherche récente sur cette question, qui, tout en cherchant à dépasser les deux visions antagonistes, a conduit à revisiter la chronologie comme la géographie de la naissance puis des premiers développements de la culture de masse (louvrage ne dépasse pas le premier XXe siècle), mais aussi à analyser de nouveaux «produits culturels» comme la publicité, la presse du cur ou les séries télévisées. Le regard a pu aussi se déplacer de la production à la réception, aux formes diverses dappropriation ou de consommation culturelles.
Dans une bibliographie dominée par les études centrée sur une décennie, un pays ou un support culturel, lapport de louvrage est bien de rassembler plusieurs sciences sociales (histoire, littérature, sociologie, philosophie) et de couvrir avec ses nombreuses communications une chronologie vaste, ainsi que des aires culturelles souvent négligées tout en abordant un large panel de media. Des communications théoriques commencent par poser les concepts et par caractériser autant que faire se peut «culture de masse» et «culture médiatique».
Les communications suivantes répondent à la question : où et quand la culture de masse a-t-elle vu le jour ? Les chercheurs semblent sentendre pour faire désormais remonter lémergence de la culture de masse à la seconde moitié du XIXe siècle. Cest dès les années 1860, à Londres et à Paris principalement, que dimportantes mutations culturelles sopèrent : un vaste public populaire, plus alphabétisé, semble désormais disponible et prend des habitudes culturelles «de masse» (lecture de la presse, fréquentation du music hall). Cest là sans doute lun des principaux apports de louvrage pour lhistoire de la culture de masse.
Laxe suivant procède de louverture géographique du questionnement : les communications portent sur lItalie, lEspagne, le Brésil ou encore la Belgique et la Suisse, et posent la question des transferts culturels comme des appropriations nationales différenciées. Après avoir utilisé lapproche en terme de vecteurs (en examinant à la fois lhétérogénéité des supports, mais aussi les influences réciproques dun médium à lautre), louvrage se conclut sur une partie moins novatrice consacrée au rôle de lEtat dans lémergence dune culture de masse dans le cadre des totalitarismes.
Mathilde Larrère ( Mis en ligne le 16/11/2006 ) Imprimer | | |
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