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Les Derniers Corsaires du Couchant
Daniel Panzac   les Corsaires barbaresques - La Fin d’une épopée, 1800-1820
CNRS éditions - Méditerranée 1999 /  24.43 € - 160.02 ffr. / 311 pages
ISBN : 2-271-05688-8
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Pirate et corsaire sont des termes qui renvoient spontanément à une même réalité, tant leur activité ne diffère apparemment que sur un point : la lettre de course. Ce document officiel autorise le corsaire à se livrer pour le compte d’un État à des activités de guerre et de pillage à l’encontre de victimes bien spécifiées, alors que le pirate agit, lui, en toute illégalité pour son propre compte. Toutefois, il arrive que le pirate devienne corsaire tout comme le loup chien de garde. Tel est le cas des corsaires maghrébins.

Depuis la fin du Moyen Age, les habitants des ports du Maghreb s’adonnent à la piraterie, seule activité économique permettant de survivre aux populations d’Alger, Tunis et Tripoli, principalement. Au XVIè siècle, la tutelle ottomane, incarnée par les pachas –nommés deys à Alger et beys à Tunis– et les janissaires, transforme ces pirates en corsaires. Pendant trois siècles, navires chrétiens et populations littorales subissent la course des Barbaresques, ainsi baptisés par les Européens de l’époque, qui nomment Barbarie le Maghreb des arabo-musulmans. A la fin de l’Ancien Régime cependant, cette course n’est plus que l’ombre d’elle-même.

Dans les Corsaires barbaresques, la Fin d’une épopée, 1800-1820, M. Daniel Panzac met au jour l’évolution de l’activité maritime des barbaresques pendant la Révolution et l’Empire, et montre que la course connaît alors un regain de vitalité spectaculaire auquel se substitue, après 1805, un essor du transport maritime battant pavillon des régences. Mutation éphémère que la concurrence européenne s’empresse de juguler, contraignant les armateurs et capitaines maghrébins à renouer avec la course, qui jette ses derniers feux avant de disparaître sous la menace des canons occidentaux. Il importe de préciser que le Maroc figure peu dans cette étude, en raison de son indépendance envers la Sublime Porte, de sa façade atlantique et peut-être aussi de la rareté des sources.

Fruit de plus d’une décennie de recherches sur l’économie maritime du monde ottoman, le propos de M. Panzac retrace fidèlement les différentes étapes de cette évolution. Dans un premier temps, sont abordés les fondements de cette activité séculaire et sa reprise à la fin du XVIIIè siècle. Il ne s’agit pas seulement de raconter les campagnes des corsaires, mais aussi de s’interroger sur leurs moyens humains et matériels, ainsi que de soulever la question économique.

Vient ensuite le temps où les corsaires se font rouliers de la Méditerranée à la faveur de la guerre : comme précédemment, sont étudiées les structures de ce commerce –sa géographie et son organisation– et ses infrastructures –les navires et les négociants. Daniel Panzac évoque quelques figures du monde négociant barbaresque.

Enfin, à partir de 1810, la part maghrébine dans le commerce, tolérée pendant la guerre parce que nécessaire, se voit progressivement entravée une fois la paix revenue, préfigurant le retour des Occidentaux. Face à ces obstacles, la course et les razzias côtières reprennent : témoins, les 94 navires capturés par les Tunisiens et les Tripolitains en 1814-1815 contre 32 en 1812-1813; témoins, les 160 habitants sardes de Santo Antiocho enlevés le 15 octobre 1815. Il en résulte des représailles et, finalement, un ultimatum des puissances européennes qui met fin à la course (1819). Dès lors, M. Panzac étudie un Maghreb où l’endettement des pachas, la marginalisation des économies portuaires facilitent l’exaspération des régimes locaux et la multiplication des incidents, préludes à la colonisation comme dans le cas algérois.

Aux sources de cette très sérieuse étude figurent archives européennes -françaises, anglaises, espagnoles et maltaises, sans compter celles de Livourne- et les sources maghrébines, commerciales ou diplomatiques, publiées en Europe ou au Maghreb. Signalons le très important Registre des prises maritimes publié à Alger en 1872, document précieux parce qu’il symbolise et autorise le traitement sériel des données accompli par l’auteur et la méthode adoptée. Courbes, tableaux et analyses statistiques constituent en effet les fondations de l’analyse fouillée de Daniel Panzac, que viennent à peine perturber un appareil critique allégé en notes de bas de page, sans doute à des fins éditoriales, et une série de marines où le chebec côtoie le brick et le pinque, la corvette.

M. Daniel Panzac dépeint donc avec précision, selon une démarche scientifique assez classique dans l’histoire économique, les derniers instants épiques du Couchant à l’aube du siècle de sa colonisation.


Hugues Marsat
( Mis en ligne le 06/10/2000 )
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