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Un apprentissage mortel
Navy Soth   Sophie Ansel   Les Larmes interdites
Plon 2011 /  21 € - 137.55 ffr. / 297 pages
ISBN : 978-2-259-21112-3
FORMAT : 15,4cm x 24,1cm
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«A te garder, aucun profit. A te supprimer, aucune perte ! Couper une mauvaise herbe ne suffit pas, il faut la déraciner». Le slogan est tout à fait de nature à faire froid dans le dos. Et pour cause ! Il fut celui des khmers rouges, lesquels s’illustrèrent si tragiquement dans les années 1970. Née au Cambodge en 1973, Navy Soth fit l’expérience des affres du génocide organisé par le sinistre Pol Pot et les khmers rouges. Elle vient de faire paraître aux éditions Plon un livre de souvenirs intitulé Les Larmes interdites. L’ouvrage a été écrit avec le concours de Sophie Ansel, écrivain et réalisatrice.

A l’époque du génocide, Navy Soth n’avait que deux ans. La révolution était en marche avec son sombre cortège de brutalité et de violence. En 1975, les khmers rouges entrèrent dans Phnom Penh, la capitale du Cambodge. Près de deux millions d’habitants furent alors expulsés vers les campagnes du pays. Parmi ceux-ci se trouvait notamment la famille de Navy Soth. Surnommée la «Noireaude», Navy Soth essaya de survivre comme tous les autres enfants en s’inventant des chimères. Pis, elle s’efforça d’ignorer la mort, pourtant omniprésente, tant qu’elle le put. Navy s’échina à garder les yeux rivés sur la vie.

Envoyée sur des routes qui lui étaient totalement inconnues, et qui furent en définitive celle de l’un des génocides les plus terribles du XXe siècle, Navy fut embarquée dans une longue marche assassine qui sera le prétexte à l’élimination pure et simple du peuple des impurs, i.e. des citadins, des intellectuels et de tous les opposants à l’Angkar, la nouvelle organisation toute-puissante présidant aux destinées du nouveau régime. Les Cambodgiens soi-disant contaminés et corrompus par les idées de l’Occident capitaliste étaient la cible des révolutionnaires.

Au fil des pages, Navy Soth témoigne de ce que furent la révolution cambodgienne et son corollaire, le génocide. Chaque jour, observe-t-elle, devient «un apprentissage mortel». Les anciennes élites étaient en effet identifiées par les nouveaux maîtres du pays afin d’être supprimées très rapidement. Les autres furent dispersés dans toute une poussière de villages pour y commencer des travaux forcés destinés à servir l’avant-garde de la révolution cambodgienne qu’était l’Angkar. Les khmers rouges entendaient ainsi purifier le peuple cambodgien afin qu’émerge une société d’un type nouveau.

Leur objectif ultime résidait dans l’instauration d’une société nouvelle au sein de laquelle l’égalité serait véritablement effective : chacun serait l’égal de chacun. Il s’agissait en outre de faire en sorte que tout le monde travaille au bien commun, et ce de gré ou de force. Pour ce faire, un travail de «rééducation» paraissait essentiel à l’Angkar. Souvent, les gens des campagnes et de la terre étaient à cet égard considérés comme les plus dignes de confiance. Ils étaient les «anciens». C’étaient les autres qu’il fallait complètement rééduquer, c’est-à-dire les citadins, les «nouveaux». Parmi ceux-ci, raconte Navy Soth, ceux qui échouaient étaient froidement exécutés sans formalité, ou bien emprisonnés, puis torturés avant d’être eux aussi supprimés.

Pendant quatre années, le peuple cambodgien traversa donc une triste vallée de larmes. A cause des lois et des politiques absurdes mises en place par les khmers rouges, près de deux millions d’individus disparurent. Le calvaire prit fin en janvier 1979, lorsque le Vietnam communiste envahit le Cambodge et défit les khmers. Nombre de survivants purent fuir vers la Thaïlande, les États-Unis et l’Europe. C’est de cette tragique histoire dont rend compte Navy Soth dans cet intéressant ouvrage. Très touchant, ce témoignage est une sorte d’appel à ne pas oublier les tristes enseignements du siècle dernier. Pour reprendre Victor Hugo, «les morts sont des invisibles, mais non des absents».


Jean-Paul Fourmont
( Mis en ligne le 28/06/2011 )
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