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Histoire & Sciences sociales -> Histoire Générale |
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Une religion ? Trois ? Aucune ? | | | Kristofer Schipper La Religion de la Chine - La tradition vivante Fayard 2008 / 23 € - 150.65 ffr. / 472 pages ISBN : 978-2-213-63191-2 FORMAT : 14cm x 21,5cm
Les auteurs du compte rendu :
Archiviste-paléographe, docteur de l'université de Paris I-Sorbonne, conservateur en chef du patrimoine, Thierry Sarmant est adjoint au directeur du département des monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France. Il a publié Les Demeures du Soleil, Louis XIV, Louvois et la surintendance des Bâtiments du roi (2003), Vauban: l'intelligence du territoire (2006, en collaboration), Les Ministres de la Guerre, 1570-1792 : histoire et dictionnaire biographique (2007, dir.).
Jean-Pierre Sarmant est inspecteur général honoraire de lÉducation nationale. Imprimer
Le titre de louvrage est conçu pour interpeller. Lopinion la plus courante est quil y a en Chine trois religions (confucianisme, bouddhisme, taoïsme) ou aussi bien quil ny en a aucune, dans la mesure où lon les tient plutôt pour des doctrines philosophiques.
A la suite des jésuites, les premiers connaisseurs européens de la Chine ont considéré le confucianisme comme «la» religion chinoise, le bouddhisme comme une simple importation et le taoïsme comme un amas de superstitions antiques. La tradition chinoise elle-même était moins simpliste, puisque lon parlait, en dépit du rôle dominant du confucianisme à la Cour impériale et chez les lettrés, des San Jiao, cest-à-dire des trois doctrines. Celles-ci étaient concurrentes, tout en cohabitant, grâce à lexceptionnelle souplesse idéologique du peuple chinois.
A partir du XIXe siècle, les sinologues européens ont également équilibré leur réponse, en reconnaissant dabord le caractère profondément original du bouddhisme chinois, puis en mettant en valeur limportance essentielle du taoïsme, véritable «tradition spirituelle profonde de la Chine». Lauteur sinscrit dans cette lignée. Il y est allé très loin, puisque ses études de terrain lont conduit à recevoir une initiation qui lui a permis de participer lui-même pendant de nombreuses années à des rites taoïstes.
Pour K. Schipper, le doute nest pas permis : le taoïsme est bien une religion et même, malgré les vicissitudes et les persécutions (celles de lorthodoxie confucéenne, bien avant celle du pouvoir communiste), «la» religion autochtone et fondamentale de la Chine. Cest ainsi une vision de lintérieur qui nous est proposée. Lauteur insiste sur limportance de la communication orale et des observations de terrain pour lanalyse dune tradition toujours vivante qui ne peut pas être entièrement appréhendée par des études textuelles.
Bien quécrit par un fin connaisseur de la culture et de la langue chinoises, cet ouvrage pourra décevoir le lecteur qui y chercherait une description synthétique de la ou des religions chinoises. Il sagit en fait dun recueil détudes de cas, qui rassemble des articles écrits à partir de 1982. Certaines de ces monographies sont, comme le reconnaît lauteur, dun abord rendu difficile par la complexité du sujet lui-même. Dautres peuvent justifier à eux seul la lecture du livre, tels celui sur les millénarismes et les messianismes en Chine, celui sur lécologie taoïste ou celui sur la brutale réforme «transformer les temples en écoles» de 1898.
Jean-Pierre et Thierry Sarmant ( Mis en ligne le 18/11/2008 ) Imprimer | | |
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