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La Terre orientale
Steven Beller   Histoire de l'Autriche
Perrin - Pour l'Histoire 2011 /  23 € - 150.65 ffr. / 352 pages
ISBN : 978-2-262-02889-3
FORMAT : 15,3cm x 24cm

L'auteur du compte rendu : Alexis Fourmont a étudié les sciences politiques des deux côtés du Rhin.
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«A propos de l’Autriche, on pourrait parler de nation sans histoire, et d’histoire sans nation». D’emblée, c’est ainsi que l’historien Steven Beller décrit l’Autriche – cette «île des bienheureux» - dans sa lumineuse Histoire de l’Autriche, qui vient de paraître aux éditions Perrin. En effet, estime-t-il, ce n’est qu’à partir «de 1945 que les Autrichiens ont tenté de construire, avec succès, une identité nationale distincte de celle des Allemands». Pourtant, poursuit-il, «un concept historique défini de l’Autriche précède de beaucoup l’idée même de nation-État. Aujourd’hui, l’Autriche est un pays de huit millions d’habitants, dont l’histoire est particulièrement riche».

C’est cette longue histoire que Steven Beller passe au crible dans son bel ouvrage. Pour ce faire, il commence par se pencher sur les circonstances de l’apparition de l’Autriche à la fin du Xe siècle. A cette époque, elle n’est que la marche orientale du duché de Bavière. D’ailleurs, à cette époque, elle prend le nom de terre orientale, c’est-à-dire terra orientalis en latin et ostarrichi dans la langue germanique, ce qui aboutira finalement à l’actuel Österreich. Comme l’indique S. Beller, on en trouve «la première trace écrite en 996». En latin, le terme Austria n’apparaît quant à lui qu’en 1147 dans un document écrit.

L’histoire de l’Autriche n’est que partiellement nationale. Elle est «largement liée à des lieux ou à des peuples situés parfois bien au-delà des frontières actuelles». Jusqu’en 1918, l’Autriche était la monarchie des Habsbourg, cet empire dynastique multinational comptant certes des Allemands, mais également des Italiens, des Hongrois, des Ruthènes, des Tchèques et bien d’autres ethnies. Lors du règne de François-Joseph, qui fut empereur de 1848 à 1916, A. Fischhof laissa entendre que le monarque Habsbourg avait régné avec quatre armées : «une armée de soldats debout, une armée de fonctionnaires assis, une armée de prêtres à genoux et une armée de lèche-bottes rampants». L’aphorisme décrit bien le néo-absolutisme autrichien, lequel s’appuyait «non sur l’autorité traditionnelle, mais sur la force». Il s’agissait de mettre en place l’Etat rationnel auquel aspirait autrefois Joseph II, sans toutefois verser dans l’idéalisme des Lumières.

Suite à l’effondrement de l’empire, la république a été proclamée en Autriche. Mais peu d’«Autrichiens» l’ont acceptée, la plupart souhaitant l’Anschluss, c'est-à-dire le rattachement à l’Allemagne. Ce qui sera chose faite entre 1938 et 1945, période sombre puisque l’Autriche se fera «complice de l’Holocauste». Après la victoire des Alliés, «une nouvelle Autriche indépendante vit le jour». En effet, le pouvoir autrichien forgea «délibérément une identité neuve, à la fois pour créer une solidarité qui avait si cruellement fait défaut entre les deux guerres et pour marquer la distances entre les «Autrichiens» et les actes commis par les «Allemands» entre 1938 et 1945». Fondée sur un Lebenslüge, d’après l’auteur, la résurrection de l’Autriche constitue néanmoins «l’un des miracles de l’après-guerre en Europe. L’union de la paix économique et politique à l’intérieur des frontières, de neutralité à l’extérieur et de volonté marquée d’oublier le passé a fait de l’Autriche, à la fin du XXe siècle, l’un des pays les plus pacifiques et les plus prospères au monde».

Au final, l’un des paradoxes de l’histoire de l’Autriche est que «les Autrichiens sont fiers de leur identité nationale, tandis que leur histoire et leur héritage les portent bien au-delà des limites étroites de la seule nationalité». Et c’est précisément «l’expérience d’une identité à multiples facettes, de connexions qui ne tiennent plus compte des catégories et des différences, de rapports susceptibles de surmonter les divisions, de l’acceptation de la diversité au sein de l’unité, qui caractérise (…) le postmodernisme». A n’en pas douter, c’est là l’une des plus éminentes contributions de l’Autriche à l’histoire européenne.


Alexis Fourmont
( Mis en ligne le 21/06/2011 )
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