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Histoire et portraits d'un corps | | | Bernard Oudin Défendre ! - Les ténors du barreau de la Révolution à nos jours Perrin 2013 / 25 € - 163.75 ffr. / 538 pages ISBN : 978-2-262-03485-6 FORMAT : 15,6 cm × 24,2 cm Imprimer
Après avoir publié Le Crime. Entre horreur et fascination, paru en 2012 chez Gallimard, ainsi quHistoires de Londres et Histoires de Berlin chez Perrin, Bernard Oudin vient décrire Défendre !, un ouvrage dhistoire sur les avocats depuis la Révolution française. Lauteur étudie ici la relation qui lie le défenseur à son client, aux magistrats, aux jurés, aux médias et aussi parfois aux autres défenseurs. Il passe en revue tous les cas de figure et sintéresse par ailleurs à laffrontement ainsi quaux diverses techniques de défense.
Pour ce faire, Bernard Oudin se penche dans un premier temps sur la (très longue !) histoire de la profession davocat. Bien que linstitution soit lun des fondements de la civilisation occidentale, elle a souvent été accablée de reproches et de moqueries. Ceux-ci nont guère évolué depuis lors. Ainsi quil le rappelle demblée, les avocats officiaient déjà sous lAntiquité. Lauteur retrouve par exemple la trace davocats et de logographes dès le Ve siècle avant Jésus Christ, même si la forme divergeait quelque peu de ce qui se fait de nos jours. Toutefois, le contentieux des affaires civiles traitées par les tribunaux athéniens ressemblait énormément à celles daujourdhui.
Avec Rome, lavocat (advocatus) prit une forme tout à fait analogue à celle quil a de nos jours. Cicéron, qui connut la politique, fut lun dentre eux au Ier siècle avant Jésus Christ. Il plaidait souvent face à des rivaux de renom, tels quHortensius par exemple. Les rapports entre les hommes de loi et leurs clients étaient probablement similaires à ce quils sont aujourdhui. Quintillien expliquait au Ier siècle après Jésus Christ que «la plupart des clients mentent devant leur avocat comme sils plaidaient devant un juge
». De nos jours, les avocats et les procès ne manquent pas de susciter lintérêt. Même sils sont régulièrement critiqués, leur office est absolument nécessaire dans tout Etat de droit. Celui-ci repose notamment sur le fait que tout accusé a droit à un procès loyal et à lassistance dun avocat.
A la suite de ce détour historique sur les racines et les lignes forces de lévolution de la profession davocat, Bernard Oudin invite le lecteur à parcourir une galerie de portraits, dans laquelle le défenseur de Louis XVI Malesherbes côtoie des pairs aussi prestigieux que Labori, Moro-Gaffieri, Isorni, Floriot, Lombard, Vergès et Badinter. Léon Gambetta est, lui aussi, présenté. Son parcours fut exceptionnel : sa brillante plaidoirie au cours dun procès éminemment politique (il défendait M. Delescluze) se transforma en réquisitoire contre le Second Empire, ce qui le fit connaître et le poussa à délaisser le prétoire pour les joutes politiques.
En cela, il suivit les traces de ces glorieux prédécesseurs révolutionnaires (Mirabeau, Robespierre, Danton, Vergniaud, Barnave, Barère, Pétion, Lindet, Desmoulins, Roland
La liste pourrait sans peine être démultipliée tant les hommes de loi étaient nombreux parmi les représentants !). Toutefois, même si les avocats sont encore nombreux en politique, leur nombre a considérablement décru sous la Ve République.
A lire !
Jean-Jacques Fourmont ( Mis en ligne le 02/07/2013 ) Imprimer | | |