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Guerres au loin… traces parisiennes | | | Sylvain Venayre Paris théâtre des opérations
Seuil 2018 / 21,50 € - 140.83 ffr. / 280 pages
ISBN : 978-2-02-139702-4
FORMAT : 15,2 cm × 20,1 cm
Ouvrage collectif
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Voici un recueil de promenades parisiennes original. Ces trente contributions portent chacune sur l’histoire d’un aspect de la ville, qui rappelle à qui sait le lire une de nos «guerres au loin» : des batailles oubliées, de l’âge de bronze à la guerre d’Algérie, en passant par les expéditions des croisades, les guerres de Louis XIV ou de Napoléon, les expéditions coloniales ; la guerre est omniprésente Paris.
Le plan adopté est géographique et le promeneur peut choisir de déambuler sur les lieux décrits ou de rester à son bureau, se satisfaisant de la seule photo qui orne chacune des contributions. Six zones à parcourir : De la place des Victoires à la colonne Vendôme, De la porte Maillot à la station Bir-Hakeim, Des Invalides au Parc Montsouris, Autour de l’île de la Cité, De Bastille à la Porte Dorée, Du Père Lachaise à la Porte des lilas. Trente historiens ont collaboré pour illustrer des traces de ces «guerres au loin» dont le souvenir s’est estompé mais qui restent inscrites, de façon plus ou moins forte, dans le paysage parisien.
Trente promenades qui vont d’un casque de l’âge de bronze retrouvé dans la Seine aux jardiniers de Salonique, en passant par le souvenir de Francis Garnier, au trésor de Hué, ou aux ventes de l’hôtel Drouot. Trente textes courts et évocateurs, bien écrits, souvent surprenants. Aux Invalides, le drapeau de l’éléphant blanc du Siam est l’occasion pour Pierre Singaravélou de rappeler les oubliées «affaires de Siam» en 1893, et l’évolution des relations avec la France, le Siam devenu Thaïlande prenant sa revanche en 1941. Installée au Louvre en 1793, la Joconde n’en a quasiment plus bougé (hormis un vol au début du XXe siècle et le prêt exceptionnel pour une exposition au Japon en 1974), mais quels visiteurs en la contemplant (ou en se pressant pour réussir leurs selfies…) se souviennent des guerres d’Italie et de la fascination française pour l’art italien ? Quel promeneur des Buttes Chaumont sait que le pavillon Puebla, devenu aujourd’hui un restaurant, commémore la désastreuse expédition du Mexique (1862-1867) ? Un anonymat est levé, celui d’une des plus célèbres statues parisiennes, le zouave du pont de l’Alma : un certain Louis Gody.
Ouvrir le recueil, c’est retrouver les souvenirs effacés des croisades (Patrick Boucheron, ''La guerre s’éloigne'', Yann Potin, ''Paris-Paradis''), de victoires oubliées dont portent témoignage arcs de triomphe (''La chevauchée fantastique de Louis XIV'', Isaure Boitel), statues, tombeaux plus ou moins délaissés (le vice-amiral Decrès, ministre de la marine de Napoléon, au père Lachaise, La Fayette au cimetière de Picpus), stations de métro (Obligado devenu Argentine, Bir Hakeim). Des promenades fondées sur une érudition solide mais jamais ennuyeuse, qui sollicitent la curiosité du lecteur, l’entraînent sur des parcours non balisés entre hier et aujourd’hui, construits par la culture et la personnalité de l’auteur.
Une leçon d’histoire ludique et originale qui devrait ravir les amoureux de Paris et répond au propos de Sylvain Venayre en quatrième de couverture : «Pratiquer de la sorte une histoire de plein vent : cette histoire qui fait dialoguer le savoir et l’espace, la ville et les livres, qui accroît le désir de connaissance en même temps que le nombre des pas».
Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 29/06/2018 )
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