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Petit peuple des Balkans
Nicolas Trifon   Les Aroumains - Un peuple qui s'en va
Acratie 2005 /  33 € - 216.15 ffr. / 469 pages
ISBN : 2-909899-26-8
FORMAT : 16,0cm x 24,0cm

L'auteur du compte rendu : agrégé d’histoire, Nicolas Plagne est un ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure. Il a fait des études d’histoire et de philosophie. Après avoir été assistant à l’Institut national des langues et civilisations orientales, il enseigne dans un lycée de la région rouennaise et finit de rédiger une thèse consacrée à l’histoire des polémiques autour des origines de l’Etat russe.
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La première réaction devant le titre du livre de Nicolas Trifon peut être de croire à un roman ou à une fable inspirés de l’histoire roumaine, avec peut-être la question de quelque impossible identité (signifiée par un alpha privatif). D’autant que l’introduction générale du livre s’intitule «Comment peut-on être Aroumain ?» … Mais il n’en est rien : les Aroumains existent bien dans une partie de l’Europe orientale, pour le moment du moins, car cette existence historique s’en va vers l’extinction.

Le phénomène est connu pour nombre de petits peuples d’abord définis par leur langue, vouée par la formation des Etats nationaux avec leur institutions culturelles normatives au statut du dialecte archaïque (le titre est inspiré d’un titre d’Elisée Reclus sur les Basques). Et les Aroumains se définissent bien eux-mêmes d’abord comme les locuteurs de leur langue. Mais dans cette langue, c’est toute une culture qui disparaît : les vestiges d’une histoire ancienne, celle des Valaques de Macédo-Roumanie, parés par autrui de toutes sortes d’ethnonymes plus ou moins pertinents et méprisants, et qui se nomment eux-mêmes «Armani» ou «Rramani», nom très proche de «Roumains» et de même origine (romanus) : en somme, un peuple de langue latine au milieu de peuples slaves, helléniques, albanais et plus tard turcophones.

Nicolas Trifon avec Matei Cazacu avait déjà abordé le sujet dans une note de leur livre commun de 1993 chez le même éditeur sur la Moldavie soviétique. Cette épaisse monographie vient offrir au public francophone une étude à jour de ce peuple inconnu de nous. Attestés pour la première fois en 984, alors que la dynastie capétienne montait sur le trône de France, les Aroumains vont participer à l’histoire balkanique pendant tout l’empire byzantin comme «barbares de l’intérieur», puis comme sujets et interlocuteurs respectés des Turcs pendant l’empire ottoman. Mais peuple presque nomade de bergers et caravaniers, de commerçants, ils font mauvaise figure au moment de la fondation des Etats nationaux avec leurs revendications terriennes et leurs mythes paysans autochtonistes. Dans le partage tranché des frontières étatiques nationales, les Aroumains dispersés en archipel en de multiples points de Bulgarie, Grèce, Macédoine et Albanie, et incapables de former un Etat viable (malgré l’aide en 1864 de la lointaine Roumanie) se trouvent malgré eux, en 1913 lors de l’explosion de la Turquie d’Europe, par leur existence même, les empêcheurs de simplifier pour les idéologues nationalistes de la pureté historique et de l’identité séparée comme pour les Etats qui veulent s’appuyer sur ces mythes.

C’est ce peuple singularisé par sa langue et son profil socio-économique que l’auteur traite chronologiquement dans une succession de chapitres : Les Aroumains dans l’Histoire des Balkans ; Emergence des Aroumains sur fond de chassé-croisé valaque à l’époque byzantine, L’Empire ottoman, un cadre propice à l’essor des Aroumains ; La mésaventure nationale (1864-1913) ; La traversée du désert (national) ; Le retour sur la scène publique : les initiatives de la diaspora ; au cœur de l’anachronisme grec ; au lendemain de l’implosion des régimes communistes. Après une conclusion sur la difficulté d’être aroumain à l’ère des ambitions nationales («Les Aroumains ou la difficulté d’échapper aux nations»), le livre se poursuit par des annexes de linguistique de Stamatis Beis (l’aroumain parlé à Metsovo) et sociologiques de Thede Kahl (Le nomadisme chez les Aroumains).

L’ouvrage comporte de nombreuses illustrations en noir et blanc de qualité : cartes, dessins ethnographiques, photographies etc., ainsi que des encarts reproduisant le point de vue de sources de la bibliographie scientifique sur certains thèmes et un index important. Il sera de droit une autorité, en particulier dans la littérature francophone, sur la complexité de l’histoire et du présent des peuples des Balkans.


Nicolas Plagne
( Mis en ligne le 12/01/2006 )
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