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Danse et spiritualité
Thierry Zarcone   Alberto Fabio Ambrosio   Ève Feuillebois   Les Derviches tourneurs - Doctrine, histoire et pratiques
Cerf - Patrimoines Islam 2006 /  24 € - 157.2 ffr. / 212 pages
ISBN : 2-204-08139-6
FORMAT : 15,0cm x 24,0cm

L'auteur du compte rendu : Emmanuel Bain est agrégé d’histoire ; il est actuellement allocataire-moniteur à l’Université de Nice Sophia-Antipolis, où il prépare une thèse en histoire médiévale sur «les fondements bibliques du discours ecclésiastique sur riches et pauvres aux XII-XIIIe siècles».
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L’image haute en couleur des derviches tourneurs est très présente dans l’imaginaire occidental, mais la réalité historique de ce phénomène est en fait largement ignorée. Ce livre vient combler cette lacune, en présentant les divers aspects de ce qui est une confrérie religieuse d’inspiration soufie créée au XIIIe siècle, dissoute en 1925, et dont il ne subsiste aujourd’hui qu’un folklore, une mémoire et des oeuvres.

Le livre est composé de trois parties : la première est une présentation de l’initiateur de ce mouvement, Rûmî ; la seconde porte sur l’organisation de la confrérie, et la troisième sur la danse des derviches. La première partie, due à Ève Feuillebois, n’est pas la plus originale. Rûmi fait l’objet d’une grande actualité éditoriale, et les livres qui présentent son oeuvre ne manquent pas. Ce chapitre présente toutefois deux grandes qualités. Il brille d’abord par la clarté de l’exposé. Son plan très simple (la vie, les oeuvres, la pensée, la poétique) permet de pénétrer rapidement dans l’univers spirituel et poétique de Rûmi, et de saisir les grandes articulations de sa pensée. Ensuite les très nombreux extraits de l’oeuvre de Rûmi qui viennent constamment appuyer la synthèse, constituent un magnifique choix de perles qui sont autant d’invites à découvrir la poésie de ce maître.

La seconde partie, consacrée à l’histoire de la confrérie du XIIIe siècle à nos jours, apporte des éléments beaucoup moins connus. Thierry Zarcone y décrit d’abord la fondation de la confrérie, après la mort de Rûmi, par son fils Sultan Veled (mort en 1312), qui aurait systématisé l’enseignement de son père, forgé les premières codifications de la danse, et posé les bases de l’institution. La confrérie se développe ensuite dans l’espace géographique lié à l’Empire Ottoman. Les XVI-XVIIe siècle voient l’inscription de l’ordre dans le monde urbain et aristocratique. À partir du XIXe siècle, il semble de plus en plus impliqué dans la politique de réforme de l’Empire Ottoman. La Turquie de Mustafa Kemal dissout l’ordre en 1925. Celui-ci s’implante alors en Syrie où il est dissous en 1944.

Après ce tableau historique brossé à grands trains, T. Zarcone décrit l’organisation de cet ordre très hiérarchisé et centralisé : hiérarchie des couvents, hiérarchie des fidèles, hiérarchie administrative. Il présente ainsi son fonctionnement : l’organisation des couvents, la juxtaposition de derviches mariés ou vivant en communauté, les différents rites. Il s’attarde notamment sur l’initiation des nouveaux entrants, qui permet de pénétrer au coeur de la vie religieuse de la confrérie, et de ses pratiques symboliques. Le faible nombre de pages pour une période très large, laisse nécessairement le lecteur quelque peu sur sa faim, et fait parfois courir le risque de le perdre dans une impression de confusion chronologique, sans que l’on sache bien si c’est la conséquence du caractère lacunaire des sources, ou du choix de l’auteur d’une présentation synchronique.

La troisième partie aborde l’aspect le plus fameux de cette confrérie : la danse. Alberto Fabio Ambrosio y décrit d’abord l’histoire de la notion complexe de samâ’, terme qui désigne la danse, mais dont le sens premier est celui d’écoute spirituelle. La danse inscrit son origine dans l’écoute du message divin. Les pratiques corporelles elles-mêmes sont l’objet de jugements souvent négatifs, avant d’être réhabilitées par la tradition soufie. Elles précèdent largement l’époque de Rûmi. Celui-ci a pratiqué la danse aussi bien de façon individuelle – en toutes circonstances, poussé par son inspiration – que dans un cadre collectif. Ses oeuvres construisent un renouveau sur le lien entre la danse et la vision mystique, celle-ci ouvrant la voie à un état intermédiaire entre l’humanité et la divinité, mais ses gestes, décrits comme des sauts, des battements de pieds et des mouvements de bras, semblent très peu codifiés. Un processus de codification a manifestement eu lieu avant le XVIIIe siècle, mais les sources ne permettent pas d’y accéder. C’est surtout à partir du XIXe siècle que des textes permettent de connaître le détail des cérémonies et des gestes, que l’auteur décrit avec précision, avant de revenir à son tour sur la symbolique de la danse.

Ce livre, très facile et agréable à lire, offre donc une synthèse commode et bienvenue sur les divers aspects d’un mouvement qui n’est souvent connu et présenté que partiellement.


Emmanuel Bain
( Mis en ligne le 10/04/2008 )
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