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En cours avec Rawls
John Rawls   Leçons sur l’histoire de la philosophie morale
La Découverte - Poche 2008 /  13 € - 85.15 ffr. / 376 pages
ISBN : 978-2-7071-5461-3
FORMAT : 12,5cm x 19cm

Voir aussi :
- John Rawls, La Justice comme équité, La Découverte (Poche), 2008, 288p., 11.50 €; ISBN : 978-2-7071-5460-6.

L'auteur du compte rendu : agrégé d’histoire, Nicolas Plagne est un ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure. Il a fait des études d’histoire et de philosophie. Après avoir été assistant à l’Institut national des langues et civilisations orientales, il enseigne dans un lycée de la région rouennaise et finit de rédiger une thèse consacrée à l’histoire des polémiques autour des origines de l’Etat russe.

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La gloire de John Rawls commence en France en 1987, date de la traduction (un peu tardive, mais on a connu pire à propos de grands textes) de sa Theory of justice (1971), ouvrage qu’il retravailla en Justice as fairness et qui vient d’être traduit sous le titre La Justice comme équité. Cette œuvre de philosophie morale et politique est incontestablement une des plus importantes de la fin du 20ème siècle : elle fait l’objet de cours dans le monde entier, d’une littérature critique sans cesse croissante, stimule la réflexion des générations au travail sur ces sujets, et bien sûr est défendue par les disciples de Rawls. John Rawls (1921-2002) est déjà entré au panthéon des grands philosophes de son temps et a de bonnes chances de rester un auteur respecté et étudié pour longtemps.

D’autant qu’il fut aussi un grand professeur de philosophie. Un aspect de son travail qui se devine dans son œuvre, animée d’une grande clarté pédagogique, d’un sens des objections (potentielles) du public et appuyée sur une vaste culture de sa discipline. C’est un aspect cependant qui reste moins connu en France, dans la mesure où Rawls exerça essentiellement ses talents d’enseignant dans le cadre de son long enseignement à l’université de Harvard de 1962 à 1991. La traduction de ses Leçons sur l’histoire de la philosophie morale en 2002 fut donc un événement et l'on ne peut que se réjouir de cette réédition en format de poche, qui deviendra certainement un classique pour les étudiants et aussi un outil de travail très précieux pour les enseignants de philosophie.

Rawls a en effet cet avantage pour la culture philosophique française d’être un de ces philosophes analytiques qui a développé sa formation anglo-saxonne empiriste et logiciste des années quarante et cinquante dans le sens de retrouvailles dialogiques et fructueuses avec la tradition «continentale» européenne, changeant ainsi quelque peu l’image négative de notre université sur la philosophie outre-atlantique (qu’on pense à certain colloque en forme de dialogue de sourds à Royaumont, il y a quarante ans et plus …). Grand lecteur de Hume, il en revient au point de séparation des traditions et retisse les liens, rappelle les généalogies, redessine les réseaux par où cheminent les concepts. Rawls est donc un pont et dans ce dialogue inter-culturel nécessaire, il incarne en plus une tendance néo-kantienne assez prisée en France. Un kantien plus kantien que Kant parfois, dans l’application des principes, en raison de sa distance avec l’héritage métaphysique et religieux du maître de Königsberg ; un kantien de notre temps donc.

Un autre avantage de ces leçons, qui fait leur utilité pédagogique, est que Rawls n’est pas tant historien de la philosophie que philosophe de notre temps : il se demande moins pour quelles raisons historiques ou personnelles tel auteur dit telle chose qu’il n’essaie de comprendre ce qu’il veut dire dans sa langue et pour quelles raisons de fond. Prenant au sérieux les auteurs qu’il étudie, il fait crédit a priori à leur cohérence, mais la vérifie en testant les objections dans le cadre de leur système. Cela n’empêche nullement de discuter de la valeur du-dit système, mais en kantien, Rawls en juge prudemment par la capacité qu’ils ont à répondre aux sollicitations des phénomènes vécus, ici de la vie morale, et non par quelque appel à un deus ex machina délivrant une vérité de transcendance. On est dans le travail de la réflexion entre sujets ou «personnes» appelées à trancher en conscience et en raison, en responsabilité pour leurs principes et leurs actes, car Rawls est un moderne et «sait» que c’est du cœur de la situation de sujet responsable, délibérant, né dans une communauté culturelle située dans le temps et l’espace, qu’il doit sans cesse reprendre la question des fins et des valeurs, questionner, objecter, argumenter et construire. Un constructivisme au travail. En ce sens, les cours sont révélateurs de l’activité qui se trouve en amont de tout livre. Même si aucun cours ne sort bien sûr d’une inspiration sans travail préalable et rumination permanente d’héritages, de dialogues et de ses propres idées.

L’ouvrage comporte une introduction sur «La philosophie morale de 1600 à 1800» et quatre parties : chacune est consacrée à un penseur et à son système (Hume, Leibniz, Kant, Hegel), divisée en «leçons» (des chapitres de quinze pages) elles-mêmes subdivisées en cinq, six ou sept sous-chapitres de quelques pages. Les parties les plus développées portent sur Hume (75 pages) et surtout Kant (dix chapitres et 170 pages) : un besoin d’approfondissement et de finesse d’analyse qui correspond aux dispositions favorables de l’auteur envers cet auteur...

Une lecture d’autant plus importante pour nous que Rawls est de toute évidence une des autorités en matière de libéralisme politique et de justification de principes de solidarité socio-économiques dans les démocraties. Une lecture capitale sur les principes par gros temps de mondialisation et d’Etats-Providence en crise… Rawls ou ?...


Nicolas Plagne
( Mis en ligne le 23/09/2008 )
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